lundi 28 novembre 2016

Oskar Schlemmer à Metz: un homme qui danse !


Chorégraphe allemand Oskar Schlemmer (1888-1943), qui révolutionna l’art de la danse et de la performance au sein du Bauhaus notamment.
En plaçant l’étude du corps en mouvement et du corps dans l’espace au cœur de sa réflexion artistique, Oskar Schlemmer a posé des jalons précoces et essentiels dans l’histoire des arts scéniques. L’exposition témoigne de son désir de créer un art de la scène moderne à part entière à travers son œuvre-manifeste, Le Ballet triadique, mais aussi ses performances et installations, les Danses du Bauhaus et les fêtes du Bauhaus, ou encore ses mises en scènes d’œuvres d’Igor Stravinksy ou Arnold Schönberg.

L’ambition d’Oskar Schlemmer n’est autre que de renouveler la conception de l’art de son époque, reliant les conceptions humanistes de la Renaissance et l’énergie de l’avant-garde. A l’issue de la Première Guerre mondiale, Schlemmer prend conscience de la nécessité de réévaluer la place de l’homme dans ce nouveau monde envahi par la technique. Cette période, qui a vu éclore de nouvelles idées théâtrales d’avant-garde, est marquée par l’élaboration du Ballet triadique. Aboutissement de dix années de recherches, cette danse, libérée de toute règle préétablie, est imaginée à partir de costumes polychromes mis en mouvement. Lors de la première du ballet en 1922 à Stuttgart, Schlemmer lui-même endosse un costume, celui de L’Abstrait, qui incarne le « triomphe de la forme pure abstraite ». Ce sont ces treize figures du Ballet triadiquequi se déploient sur une scène centrale dans l’exposition, suivant l’évolution progressive des séquences colorées du spectacle : l’univers jaune burlesque, l’environnement rose plus mesuré et enfin la séquence noire mystique et fantastique. En regard de celles-ci, un document exceptionnel, le livre d’esquisses Danse Figures, rassemblant 80 pages de croquis et études préparatoires, dévoile la genèse de l’œuvre.
« L’histoire du théâtre est l’histoire de la transformation de la forme humaine », écrit Schlemmer en 1925 dans L’homme et la figure d’art. Il place ainsi l’étude du corps au cœur de sa réflexion artistique et de son enseignement au Bauhaus. Ses nombreuses conférences reflètent les débats qui animent l’école à l’époque autour de la synthèse des arts, de l’importance de la maîtrise des matériaux et techniques ou encore de la place de l’homme dans l’espace. Cette période de création féconde témoigne de recherches rigoureuses, qui tendent à se détacher d’une anatomie fixe pour réinventer un corps non déterminé. Schlemmer expérimente alors la combinaison de matériaux dans le prolongement du corps et invente des formes chorégraphiques nouvelles, telles la Danse des bâtons, la Danse du métal ou encore la Danse du verre, documentées dans l’exposition avec des sources pour certaines inédites.
Schlemmer s’est également illustré par l’organisation de grandes fêtes au Bauhaus, moments de jubilation et de cohésion où la fantaisie artistique des professeurs et des étudiants s’est exprimée pleinement, avant la fermeture de l’école par les nazis en 1933. Cette monographie non conventionnelle et les événements qui lui sont associés (performances et danses réactivées ou revisitées, concerts) renouent avec cet esprit festif et expérimental du Bauhaus des années 1920.
Le visiteur est ainsi invité à déambuler librement dans le monde foisonnant d’Oskar Schlemmer, artiste multiple, peintre, danseur, chorégraphe, théoricien exigeant et ouvert à toutes les nouveautés. L’exposition mêle œuvre graphique et peint, figures et costumes, rideau de scène, masques, sculptures, affiche, documents d’époque et pièces spectaculaires pour la plupart issus des collections du Bühnen Archiv Oskar Schlemmer. À travers l’œuvre d’Oskar Schlemmer, on découvre aussi un autre Bauhaus, loin d’une simple école d’arts appliqués, terrain essentiel d’expérimentations performatives et chorégraphiques dans l’entre-deux-guerres dont les échos sont encore perceptibles aujourd’hui.
Commissariat :
C. Raman Schlemmer
Emma Lavigne, Directrice du Centre Pompidou-Metz

vendredi 25 novembre 2016

"Mue": Carine Gualdaroni se métamorphose: chrysalide ou papillon?

"D’un magma de matières émerge une femme dans un corps à corps avec sa mue inanimée. On ne sait pas qui elle est, ni d’où elle vient, ni ce qu’elle a fait. Elle apparaît, figure sombre et énigmatique, présence indistincte qui sort de l’obscurité. La lumière nous révèle peu à peu certaines parties de sa peau, certains détails de son histoire."
A propos de: 
« Qu’est-ce qui nous transforme ? Qu’est-ce qui nous meut, nous émeut, nous déporte de nous-même ? Et que doit-on déposer à certains moments de notre existence pour rester en mouvement ? Si notre corps est une enveloppe charnelle, un lieu de passage, que se passe-t-il alors lorsque la vie le quitte ? Qu’advient-il alors de nos peaux ? ». Recherche à la croisée du corps et des matières, Mue questionne notre humanité, les contours mêmes de nos corps, traverse différents espaces, pour s’intéresser à ce qu’il y a, juste avant la vie, ou juste après la mort…
Carine Gualdaroni est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville Mézières. Interprète marionnettiste, elle développe son propre langage, à la croisée du corps, des matières et des figures. Au sein de la compagnie juste après, qu’elle a fondée avec Antoine Derlon en 2012, elle nourrit une dramaturgie de l’image et du geste, poursuivant un travail qui croise les savoirs-faire et se développe dans l’interdisciplinarité. En 2013, Carine Gualdaroni a participé à la création du solo Actéon de Renaud Herbin au TJP, spectacle qu’elle interprète depuis.

CONCEPTION & INTERPRÉTATION CARINE GUALDARONI / MUSIQUE JÉRÉMIE BERNARD / LUMIÈRES CHARLOTTE GAUDELUS / SCÉNOGRAPHIE, MATIÈRES ANNE BUGUET / ACCOMPAGNEMENT ARTISTIQUE (DRAMATURGIE & GESTUELLE) CLAIRE HEGGEN / COSTUMES OLIVIA LEDOUX/ REGARD MARIONNETTE JUSTINE MACADOUX / ASSISTANTE SCÉNOGRAPHIE CAMILLE DRAI

Un ciel constellé de lumières vagabondes,déferlantes ondes pigmentées de flashs lumineux: aurores boréales fulgurantes, faisceaux de feux d'artifice, artefacts de météorites phosphorescents....Le monde est volcanique et les scories de feux inondent le plateau. Un écran masque le tout et une forme s'y devine, derrière ce rideau, obscène. Que se passe-t-il dans ce laboratoire secret? La forme se précise et se donne à voir: noire, sorte de bestiole à huit pattes, mi homme mi femme, mi animal....Hybride de noir vêtu qui va errer sur le plateau dans une lenteur extrême, ondoyante. Les deux "corps" qui semblent constituer cet étrange créature se révèlent être du vivant et de l'artificiel. C'est une marionnette inanimée qui se love sur le corps de la danseuse qui se meut avec ce "fardeau" ou cette jumelle étrange sur son dos Le leurre a opéré, le trouble s'est démasqué. Un musicien guide et dirige ses pas, ses déplacements toujours au même rythme et une certaine lassitude émane de ses images.
Mutation dans un magma de lumières, transformation vers la création d'un être imaginé de toutes pièces, de tous membres, "Mue" émeut et trouble jusque dans un brouillard d'où surgissent des fantasmes et des rêves inaccessibles. La magie opère le temps du regard posé sur cet univers fantasmé Théâtre d'ombres, écran de lumières, caverne de mystères oniriques, la pièce questionne le double, la matière, le corps ...à bon escient.

Au TJP, Grande Scène jusqu'au 26 Novembre   

jeudi 24 novembre 2016

"Live at Home 8": les Percussions de Strasbourg, bien "chez elles"!

Un Programme à la dimension des nouvelles ambitions du groupe légendaire, remodelé, "recomposé" depuis peu sur des bases confortant la création musicale d'aujourd'hui, avec l'appui des technologies nouvelles, et la constitution d'un patrimoine multiple: moderne et contemporain:
Risonanze erranti de Luigi Nono (1987) et 
S(c)enario de Flo Menezes (2016) : création mondiale, en présence du compositeur, composaient cette soirée inédite, introduite par son président Jean Yves Bainier, engagé dans la poursuite de cet objectif, avec conviction et efficacité


En présence du chef Detlef Heusinger, voici l'oeuvre de Nono, en première partie, toute de sonorités subtiles, de frottements, grincements percussifs avec en prime la présence houleuse et orageuse de la voix de Suzanne Otto, se déjouant de la difficulté vocale inscrite dans la partition.Grave et profonde, elle remue et émeut, solide et ancrée  comme terrestre et enracinée dans le sol mouvant
Atmosphère étrange de solitude, instants de grâce de silences, sons hyper aigus, stridents de la flûte ou grondant du tuba de Florian Coutet.

Après une courte pause liée à l'installation du prochain dispositif-une véritable "installation" plastique"-, place à la parole , celle du directeur artistique des "percu" Jean Geoffroy exposant la genèse du projet qui confie l'ensemble à l'imaginaire du créateur compositeur  Flo Menez: faire se catapulter six modules, six blocs de percussions, chiffre et nombre d'or, celui aussi de l'effectif du groupe des "percu". "S(c)enario sera cette narration, scénario sonore dédié aux espaces des percussions, à la variété et démultiplications des possibilités du récit imaginaire de la musique!
C'est la pluie qui ouvre e bal, chaque musicien entrant en scène, parapluie au poing et imperméable sur soi: la bande son délivre tonnerre, éclairs et orage tectonique naturels!
Aux "percu" de faire le reste: animer cette kyrielle d'instruments groupés autour de leur "animateur", pour en faire un paysage sonore ludique, endiablé, ténu parfois où se jouent des enjeux chromatiques et sonores de toute beauté. Une esthétique du son, rare et chatoyante, inouïe qui transporte dans des contrées oniriques salutaires et efficaces: le voyage nous embarque et nous ramène là où l'on ne s'y attendait pas: le noir absolu du silence retrouvé après une tempête divine orchestrée par des interprètes, joyeux et heureux de partager, comme le "cum panis" ces instants musicaux inédits en partage

Au théâtre de Hautepierre ce mercredi 22 Novembre

 Les Percussions de Strasbourg, Florian Coutet (tuba), Ayako Okubo (flute), Susanne Otto (alto).
Live-electronic realization: SWR Experimentalstudio, Freiburg
Michael Acker, Reinhold Braig, Sven Kestel, sound direction

"Errances sonores…
Errances des Résonances destinées à qui veut bien les entendre, et si chère à Luigi Nono, 
Errances incarnées par les musiciens sur scène, avec S(c)enario de Flo Menezes, chacun allant son chemin, chemins qui pourraient bien être les nôtres…
Se laisser emporter par le son qui nous entoure, nous surprend, nous interpelle dans le secret de nos pensées. Ce n’est pas tant le son en lui même, que la façon qu’il a de nous envelopper, de nous entraîner dans des espaces sans cesse à redécouvrir.
Quelle que soit sa forme, le son est un voyage."


mercredi 23 novembre 2016

"Donne moi quelque chose qui ne meurt pas": à couteaux tirés ! Larmes de fond


A propos de 
"Capter partout la vie, voyager à travers les sensations, sont des constantes dans la démarche de Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours. Dans cette nouvelle création, en bascule entre gravité et légèreté, s’exprime un certain désir de renouveau, dans la jubilation du corps dansant.
Le titre de cette création, repris d’un ouvrage mariant les mots et les images, rencontre entre l’écrivain Christian Bobin et le photographe Edouard Boubat, inspire le récit lumineux des corps dansants. Le doux bruit du monde, l’évanescence du printemps mais aussi la chute de l’ange, ou encore un ciel d’épées de Damoclès, sont autant d’images qui rejoignent l’arche de sensations déployées dans Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas. Dans cette création réalisée par le tandem chorégraphique Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours, défilent les différents visages d’un monde désenchanté, de ses violences tout comme s’esquissent des orbes de tendresse, de jeu, de joie.
Sol miroir, éclats lumineux et sonores, lumières nocturnes sous un ciel de longs couteaux. Il y a de l’urgence à dire à travers les corps. Solos et quintets, musiques et tableaux séquencés questionnent nos façons d’être ensemble. Entre pression et tension, les cinq interprètes cherchent à s’extraire des forces obscures qui les environnent. Dans cet espace en suspens surgissent des danses mystérieusement familières, aux accents populaires d’hier et d’aujourd’hui. Un chemin vers la clarté."


Ils sont à même le sol, à demi nus dans l'obscurité naissante. Les corps s'animent pour mieux faire corpus, rampant sur le dos, en ligne, chœur dansant , reptile étrange mais à l'unisson d'un territoire terrestre , terrien,à souhait. Traçant dans l'espace  à l'aide d'un savant jeu d'entrelacs de bras, comme une chaîne, des maillons d'une mécanique humaine.Engrenage en mouvement. Le moteur, l'énergie de cette danse chorale ne cessera, une heure durant, de nous pétrifier, séduire, en empathie totale avec musique et gestuelle inventive.La verticalité, l'érection des corps va subir l'autorité d'un ciel de couteaux suspendus à des cintres, couteaux, lames de fond de scène, comme un rideau à franchir sans cesse sans le heurter. Pluie de hallebardes ou de salves à la verticale?Pour sa seule et immense présence d'obstacle, de handicap, mais aussi pour la plasticité offerte de ses tranchantes et lumineuses gouttes de métal réfléchissant sous les projecteurs.
Deux musiciens en bord de scène devancent, épousent, déclenchent les mouvements de ce petit groupe, tribu ancestrale ou joyeuse bande de copains: deux femmes, trois hommes qui butinent la vie, dansent chacun leur solo, improvisés: des moments de grâce offerts tantôt en spirale tournoyante par Virginie Garcia, tantôt en courtes tétanies maniaques ou fluidité enchanteuse par Francesca Viviani. Les danseurs ont droit eux aussi à ce temps de récréation salvatrice dans ce monde très agencé: batterie, brigade dansante où le groupe fait face, franchit l'espace On songe à  "May B" de Maguy Marin quand les danseurs arpentent et frappent le sol de leurs pieds endiablés, comme possédés par la fulgurance, l'urgence d'avancer, en rang, serrés!
Des bonds à la verticale, sauts ininterrompus brossent une scène épatante où l'empathie est à son zénith: ils travaillent, à perdre haleine devant nous: la dépense physique est spectaculaire et pourtant discrète, comme leurs courses folles jubilatoires, galvanisées par les percussions, hautes en couleurs et répercutions sonores!
Quelques bribes de comptines pour éclairer nos mémoires collectives, les strates  du souvenir de l'enfance en éveil, et les voilà plonger dans un humour féroce et drôle, décapant: mimiques, chenilles, gestuelles ancestrales et rituelle
Quels univers traversons nous pour accéder au paradis, à couteaux tirés, aiguisant notre regard qui frôle les lames comme en alerte, alarmés par ses armes de toute beauté: miroir réfléchissant les faisceaux de lumière blanche sur une tribu étrange, sortie d'une jubilation contagieuse
On repart réjoui, regonflé après un échange convivial en "bord de plateau" avec les danseurs et chorégraphes, épuisés mais pas trahis par cette performance, cette perte retrouvée du tonus, de la vie: "nous sommes vivants" devant toute menace ou épée de Damoclès suspendue: si les corps se ploient devant ces obstacles c'est pour mieux se redresser dans l'allégresse et le partage.
 "Donnes moi...." est bien l'éloge ou le manifeste du mouvement, celui qui avance et draine l'énergie et la force, envahit corps et pensée dans le respect de l'autre: autant le spectateur "actif" que l'interprète se révélant ainsi à lui même et à ses propres convictions
A Pôle Sud, le 22 Novembre, l' "endroit" où se fabrique la danse actuelle à Strasbourg, où se bâtissent utopies et réalités quotidiennes d'un monde de travail chorégraphique. La vie, la vraie au tout nouveau CDC!


mardi 22 novembre 2016

"Perdu le jour où nous n'avons pas dansé" de Caroline Deyns: Isadorable!



    Coup de coeur de ce mardi "Perdu , le jour où nous n'avons pas dansé" Caroline Deyns Caroline Deyns vit et travaille en Franche-Comté. Après Tour de plume (Philippe Rey, 2011), elle publie ici son deuxième roman.Elle révolutionna la danse, connut un succès mondial, électrisa les audiences, inspira les plus célèbres artistes qui tentèrent de capter son éclat singulier.Mais comment imaginer une telle gloire attendait Isadora Duncan, née en 1877 à San Francisco dans une famille de quatre enfants, abandonnée par le père ruiné, élevée par un mère bohème et pianiste ?. Après des années de faim et de misère à travers les Etats-Unis, Isadora, 22 ans, persuade les siens de la suivre en Europe : à Londres puis à Paris où, en deux années, elle obtient la renommée à laquelle elle se savait destinée. Avec grâce et détermination, elle bouleverse tous les codes de son art, s’affranchit de la danse de ballet, redonne sa place à l’harmonie du geste et à la beauté du corps. Un corps qu’elle offre à tous les regards, quasi nu sous les tuniques et voiles légers.
    Elle révolutionna la danse, connut un succès mondial, électrisa les audiences, inspira les plus célèbres artistes qui tentèrent de capter son éclat singulier.
    Mais comment imaginer une telle gloire attendait Isadora Duncan, née en 1877 à San Francisco dans une famille de quatre enfants, abandonnée par le père ruiné, élevée par un mère bohème et pianiste ?. Après des années de faim et de misère à travers les Etats-Unis, Isadora, 22 ans, persuade les siens de la suivre en Europe : à Londres puis à Paris où, en deux années, elle obtient la renommée à laquelle elle se savait destinée. Avec grâce et détermination, elle bouleverse tous les codes de son art, s’affranchit de la danse de ballet, redonne sa place à l’harmonie du geste et à la beauté du corps. Un corps qu’elle offre à tous les regards, quasi nu sous les tuniques et voiles légers.
    D’une écriture fiévreuse, le roman de Caroline Deyns raconte le destin hors norme d’Isadora : sa force de caractère, ses amours – nombreuses et mouvementées –, ses enfants, ses triomphes, les écoles qu’elle fonda, son engagement aux côtés de la révolution bolchévique, ses années d’errance, sa mort tragique à Nice qui stupéfia le monde entier…
    L’histoire d’une énergie, d’une femme fascinante pour qui la vie n’était qu’une danse. Qu’elle exécuta magistralement, libre et entière.
    « Si les hommes la désirent, c’est par curiosité. Car que peut donner sous les baisers une telle femme, si jeune, saine et vive, une femme qui récite de tête des poèmes entiers de Walt Whitman et refuse de porter le corset, qui débarque d’Amérique et ne tarit pas sur la Grèce Antique, qui danse en tunique transparente, pieds nus et couronnée de fleurs, parcourue d’ondulations frissonnantes comme une vague prête à mourir à leurs pieds ? »

    samedi 19 novembre 2016

    "Rêves d'automne": un spectacle de saison ! Fosse commune.Fausse tristesse, bonjour !

    A PROPOS DE 
    "Rêve d'automne raconte la rencontre d'un homme et d'une femme dans un cimetière un jour d'automne. Qu'est-ce qui existe ou a existé entre ces deux êtres ? Le temps et la durée semblent se détacher de la réalité, dans cette pièce de l'auteur norvégien Jon Fosse où se côtoient l'amour, le désir et la mort.
    Plusieurs espaces-temps dans la réalité d'un lieu simple
    Un homme seul est assis sur un banc dans un cimetière sous une pluie d'automne. Une femme le rejoint. Ils se trouvent, ou se retrouvent, se parlent, s'enlacent, évoquent un passé commun. Autour d'eux apparaissent sa mère, son père et son ex-femme, tous en deuils ; ils semblent s'apprêter à enterrer leurs morts. Le temps s'accélère puis se suspend... Cet homme, autour de qui tous les regards et les propos convergent, est-il dans le passé ou dans le présent, dans le réel ou dans les mémoires ?"
    Mise en scène par Olivier Chapelet pour la compagnie OC et CO (après celle de Chéreau pour Le Louvre en 2011)


    Un re- sentiment de la vie, des membres fantômes à tous les âges de la vie.

    Un cimetière, une allée mouillée, humide, à peine éclairée, rasant, des tombes dessinées au sol, bien alignées, un petit monticule de terre.... Sur le plateau, un homme assis, à peine ému par quelques hochements de tête. Solitude, recueillement? Il sera vite troublé par l'apparition inattendue d'une jeune femme: spectre ou réelle effigie d'une amante retrouvée? Tout semblerait le faire croire, car dans cette fiction théâtralisée, tout est leurre, et l'on naviguera à vue dans un léger brouillard troublant, opaque dans les sentiments de deux amants qui se retrouvent pour l’enterrement de la grand-mère. Personnage invisible mais qui va manipuler par sa mémoire réactivée, toute cette petite population cupide venue lui rendre un dernier hommage

    Songe d'un jour d'automne
    Les souvenirs réapparaissent, chahutent les temps de la durée , les ordres des strates et couches successives des événements: du désordre s'installe dans la préhension du texte, la situation des personnages, mais peu importe, le jeu est là pour nous conduire (comme les didascalies du texte) au but. Que chacun se dévoile malgré les glissements de sens, les quiproquos ou entrelacs d'actions qui se chevauchent. Onirique, l'atmosphère de ce cimetière où revivent les souvenirs, où le désir s'empare à nouveau des amants d'autrefois. Eros et Thanatos veillent avec délice dans le terreau retourné du passé .Le jeu des comédiens, juste et sobre, nous guide ou nous envoie cherche d'autres pistes de compréhension, à la mesure du laisser aller que l'on voudra bien s'offrir, à l'écoute de beaux dialogues: lâcher prise et se donner au cum panis du moment théâtral, en empathie avec des destins que la mort va faucher sans vergogne. Brume, rideau tendu à travers lequel il nous faudra deviner, explorer les âmes dans cette composition, partition musicale , bordée du paysage sonore de Olivier Fuchs. La mise en scène d'Olivier Chapelet révèle chacun des rôles: Jean Lorrain, grand corps du père aux cheveux de cendre blanche, la mère embarrassée de sa couronne mortuaire, la femme, belle et sobre Aude Koegler, l'homme, Fred Cacheux, séduisant dandy paumé....
    Jon Fosse qui se réclamait d'un théâtre qui fait rire et pleurer se serait reconnu dans cette mise en espace mélancolique, sombre et pourtant porteuse d'une mémoire: celle des membres fantômes d'une sagrada familia toujours en construction !
    Aux TAPS Scala jusqu'au 2O Novembre 17 H
    la vie de munch


    vendredi 18 novembre 2016

    "Polina, danser sa vie" de Angelin Preljocaj: trouver sa voix, son poids, son centre !


    On l'a déjà connu réalisateur de courts métrages (Un trait d'union- Annonciation) ce chorégraphe pétri de transversalité artistique et de pratiques gestuelles orientées vers l'Orient ou la peinture! Le voici co-réalisateur avec Valérie Muller d'un long métrage inspiré de la bande dessinée au titre éponyme "Polina" de Bastien Vives!Un film qui puise son argument dans la linéarité de la bande dessinée, puis peu à peu s'en détache pour filmer la danse sans plus aucun "pré-texte" !
    L'histoire est simple, intime, très proche d'un univers implacable, celui de l'apprentissage de la danse classique en Russie: Polina, toute jeune élève, puis adolescente en fera la dure expérience dans l'abnégation, le silence et l'acceptation de l'humiliation. Son maître, campé par un parfait maestro, Aleksei Gennadyevich Guskov parfois humain, parfois saboteur de rêves, se retrouve dans la BD: attitudes, postures et poses emblématiques chez Vives. Plan en plongée d'une danseuse exécutant Paquita, comme une photographie de Degas...Beaucoup de références plastiques dans ce film où l'image est principale et seule objet de contemplation: images animées, kinésiologiques, pleines de la danse d'Angelin, plus que de l'histoire de cette jeune fille: elle est "la danse" et le deviendra réellement au contact de la vie d'aujourd'hui, de son observation, de son engagement physique à l'affronter.Voir le duo de"Blanche Neige", version contemporaine la bouleverse et elle bascule dans un autre univers dansant qui trouble ses repères classiques: un beau sujet de réflexion pour tous les interprètes formés à une technique qui souhaitent ouvrir leur pensée et univers de danseur d'aujourd'hui !La narration, ici limpide offre un parcours évolutif à Polina qui s'interroge sur la pratique et les fondements de son art.La danseuse Anastasia Shevtsova est une merveilleuse actrice, pleine de nuances et de sensibilité. Son choix de s'exiler pour rencontrer une autre danse, celle en l’occurrence d'Angelin Preljocaj est juste et courageux. C'est Juliette Binoche qui sera son mentor à Aix (dans le fabuleux Pavillon Noir) où se déroulent quelques belles scènes à travers l'exosquelette de Ricciotti !Danseuse contemporaine prônant le poids et la sincérité des gestes vécus, issus de la vie, elle est convaincante, femme qui danse (on se souvient de son spectacle "In I" avec Akram Khan) pour de bon! Polina se frotte à la vie, danse sur les quais- merveilleuse séquence d'amour, de liberté et de danse- apprend la vie en partant à Anvers où tout se joue pour elle: rencontres, découverte de soi et de sa danse. C'est beau et bien "écrit", réalisé avec un scénario images et des mouvements de caméra épousant la danse, la précédant, l'accompagnant sans briser ou découper l'énergie. Un fort beau plan rapproché sur les chaussons pointes de Polina, comme deux sabots de cheval tempétueux, agacé, piétinant,impatient. Oui, Polina trouve sa voie, son chemin et de son accent russe, on retient la musicalité, la douceur et la tonicité: sa voix aussi a changé de langue, a muté pour se reconstruire tout en gardant ses racines! Comme sa danse, classique jusqu'au bout du souffle, de l'énergie et de la grâce: c'est aussi cela la danse contemporaine ! De plus son petit côté Sylvie Guillem, virtuose et extra souple est fascinant!
    Du bel ouvrage pour Angelin Preljocaj, aussi dans les choix musicaux et les créations originales du collectif  79 D. A voir pour l'immense leçon du dernier duo : sensualité, liberté de la danse d'Angelin Preljocaj  si fluide et inspirée?moulée  dans ses si beaux costumes outre noir  de Alaia...





    Russie, dans les années 90. Portée depuis l'enfance par la rigueur et l'exigence du professeur Bojinski, Polina est une danseuse classique prometteuse. Alors qu'elle s'apprête à intégrer le prestigieux ballet du Bolchoï, elle assiste à un spectacle de danse contemporaine qui la bouleverse profondément. C'est un choc artistique qui fait vaciller tout ce en quoi elle croyait. Elle décide de tout quitter et rejoint Aix-en-Provence pour travailler avec la talentueuse chorégraphe Liria Elsaj et tenter de trouver sa propre voie.



    Du ballet !






    jeudi 17 novembre 2016

    "Monument O : hanté par la guerre": la guerre ouverte d'Eszter Salomon

    "MONUMENT O:HANTE PAR LA GUERRE (1913-2013)" de Eszter Salamon : guerre ouverte!


    Dans la cour du Lycée St Joseph,en Avignon en 2015 la chorégraphe, danseuse et performeuse délivre ses recherches fertiles sur la notion de "monument", pas celle à laquelle on songe: monument de la pensée, réécriture de l'histoire....
    Anthropologie singulière que cette galerie de portraits ethniques, des corps et masques se succèdent savamment dessinés, ouvragés, lente monstration de gestes appropriés à cette vision extraordinaire, belle et fantastique de "monstres" singuliers
    Effets réussis, atmosphère installée, danses tribales isolées, esseulées comme confinées dans un conservatoire
    Plus aucune notion de collectivité jusqu'à ce que la tribu se recompose et que du coup, le charme, l'impact de cette étrangeté disparaisse.Elle entame un discours politique qui ne convainc pas et le rythme s’affaisse, le propos se dilue dans le temps, redondant, répétitif;
    Ses outils pour réfléchir sur l'histoire, celle de la danse aussi, sont-ils adaptés à sa volonté de créer d'autres champs de réflexion?
    Les corps se meuvent et se racontent. Une scène finale où la camarde fauche les signes des tombes
    aurait pu être splendide tant le danseur qui incarne cette figure longue et dégingandée, est fascinant
    Mais cela traîne et se répand et la guerre laisse ses lambeaux gésir au sol sans autre forme de résurrection, de rédemption. Seul le silence est agréablement géré et crée de l'espace à ce voyage un peu étriqué.
    Au Maillon Wacken jusqu'au 18 Novembre
    présenté avec Pôle Sud

    "
    C'était

    Burkini !


    Magiques révérences !



    "Droit d'asile.....de fous": ou "Narrestall": droit au but !Complètement fêlés, les "cloche- merle !



    Le Théâtre de la Choucrouterie remet son éternelle et sympathique "revue" sur l'établi pour y tisser une toile satirique des mœurs des politiques d'aujourd'hui: polis petits chiens de notre quotidien!
    Il y avait "la nef des fous" il y a maintenant l'annexe des fous, ceux qui dérangent, grelots et entonnoirs à l'appui, l'ordre des choses!
    La belle équipe est de retour et l'on va se régaler sans modération.
    Fêlés, déboussolés, les voilà donc en route pour une "revue"et pas corrigée, pleine d'incorrections, de bonnes notes musicales et de zéro de conduite politique, ces "pas polis petits chiens" alsa chiens!
    Plus de vingt saynètes qui se succèdent judicieusement, tambour battant, égrainent autant l'actualité politique régionale, que les querelles de Clochemerle. Le Haut Rhin et Gilbert Meyer en prennent plein la poire, Sur des airs de référence empruntés au juke-box de la variété savante ("casser sa voix" et autres airs mythiques), les langues de bois, poignées de main font recette pour cuisiner les électeurs (Maité de retour)  et l'homophobie devient gaie et truculente. Quel talent que de pouvoir aborder autant de sujets brûlants sans fausse trajectoire! Sans oublier "si t'es végé t'as rien", truculent sketch à rebondissement! Et les costumes de rivaliser d'inspiration style récupération: moquette de pelouse avec petits animaux en plastiques comme veste, serpillière et o cédar pour costume stylé !!!
    Et on grimpe aux rideaux sans "dévisser" avec ce show où on pète un boulon où un câble!
    Le plus réussi du genre "Le petit bikini" sur l'air éponyme qui dévoile sans pudeur les affres du burkini, avec bouée de sauvetage et palmes académiques! La toute nouvelle recrue Margaux Laglaise y est désopilante, sincère et juste, ciblant l'intime pour en faire une farce respectueuse sur le sujet! Les textes servent à merveille actualité, poésie, tendresse et acidité de notre humaine condition, sans jamais oublier que rêver fait encore partie des utopies d'aujourd'hui ! Revue bien "timbrée" au juste poids, aux mensurations efficaces: mise en scène et chorégraphie pour un théâtre de poche où les acteurs-chanteurs-danseurs et pianistes débordent et mettent le feu aux rampes!
    A la sortie on reçoit une vis ou un boulon pour mieux en péter de joie !

       A voir jusqu'au 26 MARS 2017 à la Choucrouterie à Strasbourg



    "Les Alsaciens aiment la satire et ils aiment rire en alsacien, dans cette langue savoureuse, parfois rugueuse mais surtout drôle avec des expressions « hhénaurmes. » Héritière de l’immense cabarettiste Germain Muller, la Chouc’ poursuit sa mission de salubrité publique visant à rire de tout, et surtout de soi-même, avec tout le monde"
    .Et pour cette édition 2016, cuvée "vin fou",Ils sont siphonnés, cinglés, timbrés, déséquilibrés, ces fous de rire qui ne se moquent jamais désobligeamment, mais tapent dans le mile sans détour!
    pour info !
    "Pour sa 23e revue satirique, la troupe de Roger Siffer passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, des Ardennais et des Champenois dans notre belle ACAL, parlera de la montée des nationalismes et autres populismes, du Racing, taillera un costard à « Chilbert » de Colmar et caricaturera l’actualité marquante de l’année. Elle n’oubliera pas non plus d’égratigner au passage quelques phénomènes de société en sketches ou en chansons. L’important c’est de rire. Dieu merci, soupire Roger, aucune chanson ne fera changer l’opinion politique des spectateurs. « Si les chansons avaient ce pouvoir, les politiques se mettraient à chanter et ils nous emmerdent déjà bien assez comme ça. »

    mardi 15 novembre 2016

    "Questcequetudeviens? Bonne question ! Une flaque and c° ou un hidalgo Algeco ?



    "Cette question est banale et abyssale. Elle interroge nos choix, impose un bilan immédiat. Avec Qu’est-ce que tu deviens ?, Aurélien Bory nous ramène à la tradition et au geste puissant des danseurs andalous. Il explore un nouveau territoire : celui du flamenco. Pensé et écrit pour Stéphanie Fuster, ce spectacle met en scène son parcours, ses choix, ses forces et ses doutes. De castagnettes et de froufrous il ne sera pas question. L’important c’est son approche du flamenco, sa manière d’en apprivoiser les codes, de les décortiquer pour mieux se les approprier. Accompagnée de José Sanchez à la guitare et d’Alberto Garcia au chant, Stéphanie Fuster nous livre un aperçu de son travail d’apprentissage. Dans un Algeco éclairé au néon qui fait office de studio de répétition, ou encore sur une scène recouverte d’eau, elle joue avec son reflet après avoir flirté avec son ombre."

    Alors quoi de neuf sur la planète Bory ?
    Dans un décor bien planté, un Algeco transparent et un réservoir d'eau, comme dans les champs, un carré dessiné au sol, une femme vêtue de rouge franchit les barrières du convenu.
    Robe ou partenaire qui se dévoile et se dédouble en véritable complice de formes étranges donnant naissance à des postures et attitudes quasi monstrueuses!La mue opère et elle se retrouve à l'intérieure de la boite, martelant le plancher, allant et venant, reculant furieusement dans cet espace si exigu, prolonger par un miroir dans lequel elle se reflète. Le guitariste, le chanteur qui ponctue et inspire tous ses gestes se joue de sa présence, lui dicte les sanctions, précède ou accompagne ses évolutions, verticales toujours, sèches et tranchées, de profil, rappelant la gestuelle de Israel Galvan. De judicieux éclairages dessinent des ombres portées, se lovant comme des sculptures de Marcus Raetz, vrillées et en miroir réfléchissant, en trompe l’œil! La vitre de l'Algeco embuée dissimule ses évolutions, étouffe le bruit, les sons des salves de ses martèlement furieux sur le sol.Des empreintes , des taches de son corps maculent la vitre comme les "antrophométries " de Yves Klein" La tension monte, enfle, grandit et l'on retient son souffle. De rouge, elle passe à la robe noire, fourreau seyant, épousant son corps, fort et gracile à la fois, sa chevelure noire, féroce atout de son ibérisme virulent; de l'eau envahit le sol, elle va y exécuter une danse digne d'un lac des cygnes,noirs, glissant, éclaboussant en goutte de lumière, l'espace visuel du plateau.Images saisissantes, rappelant Pina Bausch ou Michèle Anne de Mey, se jouant de l'élément liquide avec délectation dans une joie ludique et enfantine.Au final, c'est la chute, immergée dans le liquide qui telle Ophélie, la conduit dans les flots des eaux agitées de ce lac, eau dormante chahutée par le passage de cet oiseau incongru, digne d'un bestiaire fantastique.
    Une fois de plus Aurélien Bory déconcerte, décale, interroge la matière et les espèces d'espace pour nous transporter dans des contrées et paysages insolites, vivant, troublant: comme cette vie agitée des eaux dormantes en surface. Et le flamenco, danse de feu et de sécheresse gestuelle de se coltiner de nouvelles aventures aquatiques du plus bel effet sonore et pictural!
    AU TJP Grande scène jusqu'au 16 NOVEMBRE

    A propos de.

    Le metteur en scène Aurélien Bory fonde la Cie 111 en 2000. Il y développe un théâtre physique, singulier et hybride, à la croisée de nombreuses pratiques. Son intérêt pour les sciences influence son esthétique. Ses œuvres sont animées par la question de l’espace. Il ne conçoit son travail théâtral que dans le renouvellement de la forme, en laissant de la place à l’imaginaire du spectateur. Il a présenté au TJP trois spectacles : Sans objet, Plexus et Plan B.
    Stéphanie Fuster est danseuse de flamenco, chorégraphe, interprète et pédagogue. Elle a longtemps vécu à Séville, berceau du flamenco où elle a étudié avec les maîtres de cet art. Elle danse notamment pour Israel Galvan et Juan Carlos Lerida, deux chorégraphes qui marqueront son parcours. De retour en France elle fonde à Toulouse La Fábrica Flamenca, espace dédié à la formation et à la création flamenca. Son travail s’attache à définir le geste flamenco, intense, pulsionnel et rythmique, loin de tout romantisme et clichés.


    pour mémoire:Avignon été 2016
    "Espaece": espèces d'espaces.



    Aurélien Bory trouve ici l'occasion de réaliser ses visions architecturales les plus folles et se livre à un exercice à la mesure de sa démesure
    L'Opéra d'Avignon cède son plateau à la grandiloquence du créateur d'espace et met en danger l'ouvrage de Perec "Espèces d'espaces"en le confrontant à la matière, la constructioN, l'architecture.. Risque et périls en la demeure, un immense dispositif mural en trois parties articulées, grandissime, éprouvant pour les corps qui vont devoir en faire l'ascension, l'apprivoiser ou s'en jouer.Tout débute par l'évocation du livre qui délivre des signes, des lettre ouvertes: les manipulateurs de ces petits objets en projetant des écritures de mots, à découvrir au fur et à mesure.C'est beau et touchant, intimiste et secret
    Puis c'est la vague déferlante d'une immense bibliothèque, ou bien de rayonnage de ruche à alvéoles, réceptacle des corps, des livres, des mots.Comme un puzzle, un abécédaire ou tout simplement un jeu de construction, le spectacle serait une sorte de juxtaposition, de calque en couche, en strates, de palimpseste vivant. ou un scrabble géant à construire, à élaborer et deviner par la lecture simultanée.
    Et surtout ne pas se cogner aux angles, se faufiler, entre les failles, faire l'ascension d'un décor digne de Gargantua où le risque de la chute peut encore opérer comme au cirque.
    A l'Opéra grand Avignon  Juillet 2016


    dimanche 13 novembre 2016

    "Le cantique des cantiques": Burger King du pilier des anges !


    La cathédrale de Strasbourg résonna ce soir là des plus beaux accents d'une musique "sacrée" nichée au cœur de la nef, résonnant dans tout l'édifice érigé ce soir là pour accueillir "le cantique des cantiques" version Rodolphe Burger. Ambiance recueillie et suprêmement "religieuse" si l'on considère que chanter l'amour, l'érotisme et la joie sont aussi un acte de foi.
    Alors les accents du saxophone de Yves Dormoy résonnent comme un froissement d'ailes d'ange ou de colombes, la voix de Burger caresse les pierres de granit et le oud en solo surgit du désert d'un paysage imaginé dans cette ambiance étrange, et belle.
    Des instants uniques de partage et un événement à vivre avec sa sensibilité et ses vibrations sismiques des émotions collectives!
    Un spectacle proposé par le Maillon, Strasbourg!

    "C’est une suite d’épisodes, de volontés, de désirs, de rencontres attribuées autant au hasard qu’à la nécessité qui conduit Rodolphe Burger à rassembler des passeurs de textes et de musiques au cœur de la Cathédrale de Strasbourg pour un concert exceptionnel. L’immémorial Cantique des Cantiques y rencontre la parole du poète palestinien Mahmoud Darwich, des langues anciennes viennent répondre à d’autres plus modernes, les images prennent leur part au mystère, la musique rassemble les sons de l’Orient et de l’Occident pour installer un rituel de parole.
    Rodolphe Burger et ses comparses nous offrent un moment de pure grâce. Ruth Rosenthal (chanteuse israélienne de la compagnie Winter Family), Rodolphe Burger et Rayess Bek (chanteur libanais) se répondant l’une en hébreux, l’autre en français et en arabe. Les voix sont posées, graves et hypnotiques, la musique est lancinante. On ferme les yeux et on se laisse emporter par ce long poème d’amour."



    samedi 12 novembre 2016

    Noel en suspension !








    vendredi 11 novembre 2016

    Mariez vous!




    Danseuses gauffrées



    Matthieu Doze pour Ulla von Brandenburg

    Photo Martin Argyroglo
    It has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon est le premier film qu’Ulla von Brandenburg dédie à la couleur. Il s’agit d’un film qu’elle a tourné sur la grande scène de Nanterre-Amandiers. C’est un long plan séquence, sans montage; un film dansé. «L’idée était d’abord de faire un film en couleur, contrairement aux précédents. À partir du moment où la couleur est entrée dans un de mes films, j’ai décidé que le film lui serait consacré. Les danseurs se trouvent dans un espace blanc, chacun tenant un drap teinté d’une couleur vive.» L’espace scénique est structuré par deux grands escaliers blancs qui montent vers une plateforme. La figure de l’escalier est un motif récurrent dans le langage d’Ulla von Brandenburg, à la fois renversé dans ses architectures, c’est aussi le premier pas vers le récit. Dans ce film, il est une manière de représenter, physiquement et symboliquement, les rapports de force entre les hommes et la hiérarchie des pouvoirs. À cette occasion, Ulla von Brandenburg s’entoure pour la première fois de danseurs. Ils manipulent des tissus de couleurs: le tissu et la couleur font l’objet de leurs échanges et de leurs cérémonies. Leurs mouvements nous rappellent la mémoire de rituels anciens, leurs corps sont traversés par des rythmiques instinctives, une sorte d’état collectif de conscience, rappelant les formes chorégraphiques de l’eurythmie et de la danse moderne expressionniste.
    DU 12 AU 15 JANVIER 2017
    CRÉATION 2017
    Conception et réalisation
    Ulla von Brandenburg
    Chorégraphie
    Matthieu Doze
    Interprètes
    Duncan Evennou, Hélène Iratchet, Christophe Ives, Viviana Moin, Giuseppe Molino, Benoît Résillot, Pauline Simon
    Chef opérateur
    Laurent Coltelloni
    Premier assistant caméra
    Mathias Sabourdin
    Chef électricienne
    Marianne Lamour
    Chef machiniste
    Stéphane Germain
    Post-production
    Laurent Montaron
    Suivi de production
    Sabine Tarry
    Assistantes accessoires et costumes
    Valentina Dotti, Carina Solothurnmann
    Structure de production
    Karo Sieben, Nogent-l’Artaud
    Décors
    Ateliers décor Nanterre-Amandiers
    Horaires
    Projection en continu, 1h avant les représentations d’Une mouette et autres cas d’espèces.
    Durée estimée
    20 minutes
    Lieu
    Grande salle
    Tarif
    Entrée libre sur réservation
    Film Super-16-mm couleurs.

    mercredi 9 novembre 2016

    Quelques photographes!

    Brassai

    Doisneau

    Rouchon

    Boubat

    "Nicht Schlafen": les Ballets C de la B, pas "belle au bois dormant" !


    Préambule:
    "Chorégraphe, Alain Platel ? Certes, il fonde en 1984 les mythiques ballets C de la B, comprenez ballets Contemporains de la Belgique et participe ainsi à un profond renouveau de la danse contemporaine ; plus encore ce travail relève tout autant du théâtre, de la musique et du chant, son univers croise la politique, la pop, ses interprètes sont issus d’horizons divers, acrobates, chanteurs, danseurs, d’ici ou d’ailleurs." ......

     En prélude :
    "Souvenez-vous au Maillon de Coup FatalGardenia ou encore la saison dernière En avant, marche !
    nicht schlafen, son tout dernier travail, sera créé en septembre. Les ingrédients de cette nouvelle aventure ? Les lieder du compositeur autrichien Gustav Mahler, les traditions polyphoniques portées par deux chanteurs congolais, Boule Mpanya et Russell Tshiebua (Coup Fatal), les paysages sonores du compositeur flamand Steven Prengels, son acolyte d’En avant, marche !, des danseurs, neuf interprètes en tout, un décor impressionnant conçu par Berlinde De Bruyckere et les écrits de l’historien Philipp Blom, The Vertigo Years et The War Within, qui analysent les premières années d’un xxe siècle terreau de deux guerres mondiales. "

    Alors qu'en est-il de ces intentions fort ambitieuses: danser du Mahler, animer une musique souvent glorieuse ou pathétique, mystique ou si impressionnante qu'elle en donne le frisson?
    C'est le décor qui l'emporte: trois immenses chevaux empaillés, couchés ou plutôt surpris dans des "attitudes", poses   figées, en état de souffrance comme achevés sauvagement, sabots en l'air: chevauchée interrompue par des salves ou une course poursuite jusqu'à l'épuisement? On achève bien les chevaux! Sur le plateau, des personnages errent, habillés de lambeaux de costumes de ville ou de sport, colorés
    Un fonds de scène, immense toile de jute déchirée, trouée, en lambeaux: dépecée, décharnée aussi, à vif.
    Ils en arrivent vite à la rixe, à la lutte acharnée, ces huit hommes, cette femme esseulée dans cette tribu masculine multi ethnique. Les origines culturelles et cultuelles bien marquées. Vêtements facilement identifiables pour marquer appartenance, altérité, identité.
    Un solo démarre l'action, merveilleuse performance lisse, fluide, entre classique et hip-hop, capoeira ou autre essence de danses d'ailleurs, de pratiques corporelles sacrées ou religieuses, méditatives ou païennes.Le ton se revire pour habiter une longue séquence de lutte, en duos interchangeables, rixes et affrontements sauvages où l'on se "déchire", vêtements et accessoires comme pour dépecer le corps de ses atours artificiels.
    Belle séquence de "mise au tombeau", d'un corps à moitié nu, embaumé, lavé par ses pairs, rituel chamanique ou sacré, acte de foi, tribal . Tout semble inspirer ici Alain Platel qui ne nous a pas "habitués" à une telle ambiance, retour à la danse spatiale, fulgurante, dévorante d'espace. De petits riens aussi, gestes furtifs, focales sur un endroit du corps dans cette jungle éclectique, volcanique, explosive.
    Les chevaux magnifiés par une scénographie et un éclairage savant, trônent sur pilotis, piédestal de fortune pour immerger leurs carcasses inertes. Radeau de la Méduse que cette embarcation échouée sur le plateau ?
    La musique de Malher, magnifiée, triturée pour envelopper ces déchirures et déchirements humains, si tendres parfois que l'on est en empathie avec cette tribu hétéroclite qui sait vibrer, chanter, danser à son corps défendant, perdu dans un univers pas toujours accueillant.
    Ne pas dormir ou ne pas s'endormir? Jouer les belle au bois dormant dans ce monde chaotique, tectonique où rester indifférent semble impossible dans le flux et reflux du rythme et du tempo  incessants, captivants, hypnotiques?
    Platel en soulèvement, insurrection et autre état de siège, c'est beau et dérangeant, insolite et perturbant; la vie à vif, décortiquée comme un écorché de cabinet d'anatomie de l'ange, pas toujours convenable, jamais "enchanteresse"!

    Au Mallon Wcken jusqu'au 10 Novembre
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