mardi 30 septembre 2014

Othoniel danse à Versailles!




"Je crois beaucoup à l'échange entre les arts"
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L'île du bassin bas au travers des fûts de chênes verts. Au loin, le ballet des fontaines de Jean-Michel Othoniel. Aquarelle ©Fabrice Moireau / Agence de Louis Benech
À l'issue d'un concours lancé en 2011 par Jean-Jacques Aillagon, le projet commun de Jean-Michel Othoniel et Louis Benech a été retenu parmi 27 candidatures afin de recréer le bosquet du Théâtre d'Eau du jardin de Versailles. Le résultat dévoilé en mai 2015, comporte le réaménagement du jardin et un ensemble de trois-sculptures fontaines qui retranscrivent de façon allégorique les danses de Louis XIV.
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Vue de l'atelier de Jean-Michel Othoniel, en plein cœur du Marais ©Philippe Chancel
Il faisait très chaud ce jour là à Paris, une chaleur terrassante, presque inattendue malgré la saison bien avancée. Lorsque je pénètre l'atelier de Jean-Michel Othoniel, niché en plein cœur du Marais, il est gorgé de lumière ce qui ne manque pas d'ajouter une grande poésie au lieu. Assis religieusement à sa table, l'artiste dessine au calme clair de cette belle matinée de juillet. Une grande plénitude se dégage dans l'air et j'observe avec attention les sculptures en perles de Murano disséminées dans la pièce, qui ont concouru à sa réputation actuelle.
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Entretien: Jennie Jieun Lee, la céramique à fleur de peau
Le marché de l'art se met en ligne
Je comprends vite que son travail d'artiste s'est progressivement dédoublé. La recherche créative solitaire a petit à petit laissé place à la nécessité du travail en équipe où tel un chef d'orchestre, il écrit sa partition avant de la délivrer à ses musiciens. "J'ai besoin d'être avec les personnes qui produisent pour moi, je ne me contente pas de déléguer car j'apprends à leur contact, je me nourris des techniques, un peu comme un chorégraphe qui s'inspire des interprétations des danseurs."
Une passion pour le verre soufflé
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Jean-Michel Othoniel. L'Entrée d'Apollon, 2013. Sculpture fontaine pour le bosquet du Théâtre d'Eau dans l'atelier de Versailles. ©Château de Versailles / Thomas Garnier
Celui qui a fait du verre de Murano sa signature a commencé tel un petit alchimiste à focaliser son attention sur les matériaux aux propriétés réversibles à l'image du plomb, du souffre ou encore de la cire. En travaillant la forme, l'artiste a instauré un dialogue poétique avec les mots.
"Le verre de Murano me correspond bien car il offre un champ très riche de possibilités. C'est une matière complexe associée à l'artisanat, aux artistes verriers mais qui est peu utilisé dans l'art contemporain. Verre sculpté dans la masse à chaud, il est aussi très lié au corps, à la sensualité ce qui lui donne ce côté imparfait et hyper technique à la fois."
L'artiste représenté par la Galerie Perrotin vient de fêter ses 50 ans et il s'apprête à présenter prochainement une installation pérenne dans l'enceinte du château de Versailles. Une grande première pour cette institution qui n'accueille en temps normal que des initiatives éphémères.
"Versailles arrive à un moment où je suis en pleine maturité, en pleine possession de mon travail. Je me sens à l'aise dans mon propre alphabet pour en décliner d'autres formes. Versailles va me permettre de révéler mon travail à l'international. J'ai la chance que tout s'enchaine, un projet en appelant un autre" ajoute-il humblement.
Une association avec Louis Benech
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Jean-Michel Othoniel et Louis Benech ©Château de Versailles, Thomas Garnier
Ce projet d'envergure, Jean-Michel Othoniel le doit au paysagiste Louis Benech. En s'inscrivant dans les pas de Le Nôtre qui avait pour habitude de travailler en équipe, il a souhaité faire appel aux compétences d'un artiste. Rapidement, Jean-Michel Othoniel lui est apparu comme une évidence.
"Quand j'ai visité son exposition à Beaubourg, j'ai vu combien les enfants, agités dans d'autres expositions du musée, semblaient fascinés devant son œuvre. Leur calme, leur admiration devant ses sculptures gaies et pétulantes m'ont convaincu. Avec ses facultés et sa grâce, il me semblait en parfait accord avec l'esprit du bosquet" confie Louis Benech.
À la manière de Le Brun et Le Nôtre, ils ont imaginé ensemble leur vision du jardin. Appréhendé comme un lieu de contemplation où l'on suspend le temps, cette vision contrecarre avec l'esprit de Versailles historiquement assez militaire. "Le jardin est une terre de douceur, de rencontre paisible. Un endroit qui panse toutes les infirmités que l'on porte » précise Louis Benech. Partant de cette idée, le paysagiste recrée deux bassins d'eau en référence aux emplacements où des spectacles étaient organisés pour la Cour.
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Plan du bosquet du Théâtre d'Eau. Projet de Louis Benech ©Agence de Louis Benech
De son côté, Jean-Michel Othoniel mène un travail de recherche poussé sur la fonction du jardin à Versailles.
"J'étais à Boston et je suis tombé sur un livre que Louis XIV a écrit, Manière de montrer les jardins de Versailles, où il explique comment se mouvoir dans le jardin. A sa lecture, ce langage m'est apparu comme une chorégraphie. J'ai alors réalisé qu'il y avait un lien entre la danse et le jardin. En approfondissant mes recherches, j'ai découvert une thèse qui mettait en rapport les parterres en broderie de Le Nôtre à l'origine des jardins à la française et une écriture de la danse que le roi avait commandée auprès de Feuillet en 1701 afin de se souvenir de tous ses pas de danse." Seuls trois exemplaires du livre de Feuillet existent dans le monde. Signe du destin, un de ces ouvrages s'avère disponible à la bibliothèque de Boston. L'artiste détient alors une source d'inspiration majeure. Les "Belles Danses" vont prendre vie au cœur du bosquet du Théâtre d'Eau.
Des sculptures inspirées par l'écriture chorégraphique du Roi Soleil
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Jean-Michel Othoniel, Les Belles Danses, Le Rigaudon de la Paix, simulation, 2012 ©Othoniel Studio
En reprenant cette calligraphie du corps en mouvement comme base pour ses sculptures fontaines, Othoniel réincarne poétiquement les danses du roi sur l'eau. Au nombre de trois, elles correspondent chacune à une danse de Louis XIV: L'Entrée d'Apollon qui est un face à face, Le rigaudon de la Paix et La Bourrée d'Achille qui au contraire se dansent à deux d'où leurs formes circulaires. "La France est le seul pays à avoir écrit sa danse. C'est grâce à Louis XIV qui avait une vision conquérante de la culture" précise l'artiste dont la sensibilité pour le ballet est vive.
Ce projet très complexe est presque architectural. Pour le mener à bien, près de mille sept cent cinquante perles dorées ont été soufflées à la bouche dans l'atelier de Bâle. Ornées d'une feuille d'or et pesant chacune entre quatre et huit kilos, elles ont ensuite été montées sur une structure métallique qui laisse passer l'eau et crée ainsi une continuité dans le flux à l'image d'un pas de danse.
De plus, en amenant le verre de Murano à Versailles, Jean-Michel Othoniel opère une sorte de revanche sur le passé. Louis XIV avait en effet le désir de créer une manufacture de verre comme il l'avait fait à Sèvres pour la céramique. Afin d'exporter ce savoir-faire propre à la Sérénissime mais hautement protégé, Colbert débaucha une équipe de verriers vénitiens. Ironie du sort, ils seront rapidement assassinés obligeant Louis XIV à travailler directement avec la Cité des Doges pour la galerie des Glaces.
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Jean-Michel Othoniel, Les Belles Danses, simulation, 2012 ©Othoniel Studio
Les "Belles Danses" s'inscrivent de manière subtile dans l'Histoire de Versailles et font dialoguer ensemble la sculpture, la danse et le jardin. A l'écoute des autres disciplines, Jean-Michel Othoniel avoue: "il n'y a pas de stratégie en art. En tant qu'artiste-plasticien, la chose la plus importante, c'est l'écoute, l'ouverture au monde."
Lorsque la nature aura repris ses droits, une performance orchestrée par des danseurs viendra inaugurer l'ensemble sublimé du duo français. Le ballet a résolument retrouvé ses lettres de noblesse!

Destin d'étoile! Anne Marie Pol, pole-danse!

Nina Fabri est une jeune fille passionnée de danse classique. Son rêve : devenir danseuse professionnelle et se produire dans les ballets qu’elle aime tant voir à l’opéra Garnier. Mais son parcours sera long et semé d’embûches… Après un an passé en Egypte, Nina a hâte de retrouver son école, ses amis et son petit copain. Mais elle est bien loin d’imaginer que les choses ne sont plus comme avant !

"Le Paradis" d'Alain Cavalier: pas perdus!

Un film atypique, hybride, inclassable: la vie, la vraie en somme!
Plus de modèle, ni de standard pour Cavalier: finis les films avec narration, acteurs, costumes et situations recrées de A à Z.
Avec "Le Paradis" on nage dans un bonheur de filmer où tout est possible: de la naissance du petit paon qui titube sous la queue tronquée de sa mère, à l'esquisse d'un chat qui se dérobe en direct sur l'écran....
Alain Cavalier qui s'est progressivement dépouillé, depuis quarante ans, d'à peu près tous les artifices
somptuaires qui corsètent le cinéma pour finir par proposer, caméra HD en main et bille en tête, une formule postindustrielle – on pourrait aussi dire lustrale, renée, miraculeuse – de l'art cinématographique.
On y côtoie la matière à l'état brut, les objets inanimés qui ont une âme, dociles certes comme la marionnette de Kleist...Des danseurs idéals pour un chorégraphe de l'image où rien ne bouge en apparence, mais où tout est teinté de vie!
Les sculptures, objets filmés qui nous parlent (voix off du réalisateur), deviennent amulettes, parures de tombes improvisée pour petit paon mortellement abandonné.Osties, rollmops sont autant d'objets de cérémonie, petit rituel entre amis de l'image "sale" abrupte, jamais retouchée, comme le son direct d'ailleurs!
Comme du land'art, le caillou encerclé de trois clous, (ceux de la crucifixion du christ?) rappelle les plus beaux circuits de découvertes d'installation de plasticiens.Ici, c'est la vie, la mort que l'on côtoie au quotidien: ce quotidien que filme Cavalier, du soir au matin, dans ses yeux, sa perception de l'espace, où le temps de sortir sa petite caméra!
C'est comme une "paluche" qui révolutionna en son temps la façon de filmer la danse: Eric Pauwels et Jean Rouch veillent au grain, caméra au poing, immergés dans le présent des corps et des objets.Jamais les "sculptures" ne furent filmées ainsi, comme autant de personnages vivants sculptés par la lumière.
Magnifiés!
C'est de la mise en espace d'objets qui se réveillent et secouent en nous le monde dissimulé des images de l'enfance Tout parle ici à notre inconscient si on veut bien se prêter au jeu de cache-cache.
Tendresse au poing, sans nostalgie, dans l'instant ce "paradis" sans Eve ni Adam est un havre de paix: mais qui s'y frotte, s'y pique aussi pour un cinéma d'expérience, jamais "expérimental" pour initié!
Un conte de faits pour grands enfant en recherche de vérité!

lundi 29 septembre 2014

Musica: le quatuor Tana a des cordes à son arc!

Le quatuor Tana: une découverte, une première apparition pour cette formation de musique de chambre à cordes au festival!
Belle surprise que ces quatre interprètes un beau dimanche matin, à la salle de la Bourse de Strasbourg Formation originale due au violoniste malgache Antoine Maisonhaute, pour quatre corps bien accordés à interpréter la musique d’aujourd’hui.
L' oeuvre de Jacques Lenot "Quatuor n° 6" est légère, délicate: les cordes s'y envolent, discrètes en autant de notes pincées, qui vibrent en cascade. Le jeu des interprètes est remarquable: gestes larges qui s'étirent dans l'espace pour mieux libérer l'énergie tendue des cordes des deux violons. La violoncelliste excelle dans les relâchés, tendus et son dos exprime lui aussi toute la largesse de cette pièce dédiée à une amitié sans limite, une relation humaine étroite, intime entre le compositeur et l'un de ses proches."Gloire, délice, honneur" pour cette "agalma" statue grecque évoquée ici comme référence à l'aura, à la brillance de la musique, de l'art, de la peinture.Les cordes s'y accordent avec bonheur et surprise!
La suite du concert laisse découvrir des pièces complexes comme celle de Ondrej Adamek, "Lo que no' contamo" de 2010: l'instrument y devient percussif, frappé par les archets ou les mains des musiciens, comme un jouet, un outil différent, très lointain du violon!Inspiré du flamenco, on y retrouve le rythme, le son résonnant de la percussion pour cordes!Chalenge qui fait mouche, note d'humour décalé, de vision inouie de l'instrument!
Au tour de Yves Chauris pour "Shakkei", référence à l'art japonais du shakkei, ce jardin clos qui laisse entrevoir des perspectives immenses.....Ecrit à l'origine pour le chorégraphe Michel Kéléménis, cette œuvre ouvre un univers entre l'étroitesse et l'irruption de l'espace élargi, entre le haiku et le poème traditionnel. C'est beau et recueilli et l'on songe encore aux pas et évolutions des danseurs...
Pascal Dusapin et son "Quatuor n°4" illustre le geste de va-et-vient d'un texte de Beckett sur le cri, l'écho, la vitesse. Bel ouvrage très animé, complexe , une ligne monodique persistance égrenant une texture musicale infime, progressive et libre.
Un programme éblouissant pour ce quatuor, équilibriste, perfectionniste dont la virtuosité n'a d'égale que le risque de cette gageure: réinventer l'instrument à cordes pour imaginer sons, vibrations, couleurs et textures inconnues!

dimanche 28 septembre 2014

"Golgota" :Bartabas par démons et merveilles!

Dimanche à la Filature de Mulhouse, pause dans la programmation et ligne éditoriale du festival des musiques d'aujourd'hui, pour s'atteler au géant du théâtre équestre, Bartabas et son fameux Théâtre Zingaro d'Aubervilliers.
Bartabas en belle forme, dans une "petite forme", un spectacle plus intimiste pour le plateau, pas le chapiteau, ce qui lui réussit à merveille.La scène de la Filature, avant le lever de rideau est occupée par un chandelier, dans une atmosphère religieuse, renforcée par l'émission d'encens. Unepersonnage , nain, vêtu à ecclésiastique allume les chandelles et quête parmi le public pour introduire dans le tronc la monnaie de singe!
Et tout démarre par des visions étranges et apocalyptiques: l'atmosphère est sombre, le noir domine et les douches de lumière tamisent le fond du plateau. Vision étrange que ce cheval, monté par un homme dont le corps semble se prolonger en centaure: homme cheval qui ondule selon les mouvements de la bête domptée, docile. Cheval noir dont l'homme emprunte la queue pour se flageller.
Univers monastique à souhait, évocation de l'inquisition espagnole en séquences ou tableaux vivants gorgés de lumières tamisées.
Un danseur de flamenco prend la scène à bras le corps et y exécute une danse tétanique, rythmée, ravageuse: c'est le sévillant Andres Marin. Flamenco très contemporain, de profil, dos en proie aux émois de tremblements.Torse nu, gainé de noir, il évolue, fier et altier, cavalier à terre, ravageur de sol, dessinant des courbes dans le sable jonchant la scène.Comme autant de voltes, de figures empruntées au vocabulaire du monde équestre. Danse et cheval ne sont pas des inconnus: depuis Louis XIV, la bonne éducation combinait équitation, danse et escrime!
Mimétisme des poses du danseur avec les pas du cheval, trépignements hystériques, impatience du danseur....Percussions corporelles à l'appui, Marin réinvente le flamenco équestre, à la façon de Israel Galvan, révolutionnant grammaire et code de la danse andalouse!
Des claquettes en rafale comme un feu d'artifice détonnant au loin scandent sa danse, l'amplifient....Les percussions de ses pieds se propagent dans son corps....
Un trône lui offre l'occasion de jouer de multiples façons dans un espace exigu, une plaque au sol, amplifiée par une chambre d'écho résonne de tous ces pas...Ses doigts armés de dés percutent, il cherche de nouveaux supports pour imprimer les sons et frissons de la danse!
Sur une musique espagnole du XVI ème siècle, jouée et chantée en direct. Humains et animaux se rencontrent dans une atmosphère très recueillie, spirituelle aux accents  démoniaques, diaboliques. Les images de crucifixion sur le mont Golgota viennent clore cette intrusion dans la mystique, le secret et les interdits d'une époque réactivée sur scène par la beauté des images, des Tableaux à la Zurbaran.
De l'humour aussi lorsque affublé d'une fraise, ou d'un couvre chef en forme de coiffe de fée, nos héros gravitent dans ce monde obscur, fantomatique pour initiés à l'ésotérisme.
Trois splendides chutes d'un cheval blanc, comme dans un ralenti, évoquent la perte, la descente aux enfers.Une apparition burlesque d'un poney, tracté par un "nabot" fait figure de cour des miracles, de tableaux de pendus à la Villon ou fait référence aux paysages de potences des crucifiés de Bosch. On songe à tant d'univers, de références que parfois la singularité de l'écriture scénique se perd dans des méandres de comparaisons.Le noir, le blanc, le rouge en majesté pour une ambiance épurée, ancestrale.Menaçante parfois tant les figures de l'inquisition, les gestes extatiques de rituels y sont présents.
Bartabas surprend cependant par ce côté intime: quatre chevaux, de la sciure, un dispositif très modeste pour exprimer tant de choses!
La danse y a la part belle et se frotte au monde équestre dans une belle complicité.Animalité, mystère, cérémonies et magnétisme de l'étrange, pour un spectacle inclassable!
"Ballet équestre": un nouveau genre pour des haras très cavaliers où le monde est chevauché par des monstres inouïs!
Une belle "récréation" dans le programme du festival : la musique nous viendrait-elle de ces temps profonds et mystiques, de ces voix monacales dont les tonalités ouvrent des perspectives et des paysages sans fin?

"Jeunes compositeurs" à Musica: vivent les jeunes pousses!

Depuis 2013, Philippe Manoury enseigne la composition au Conservatoire de Strasbourg. Emmené par Armand Angster, l’Ensemble de musique contemporaine du Conservatoire présente les travaux de trois des élèves de la classe de composition.
 
Il y a certainement une « dynamique strasbourgeoise » bien spécifique. Un environnement propice à l’épanouissement de jeunes talents, motivés par la présence dans la capitale alsacienne de nombreuses personnalités œuvrant à l’inscription de la création musicale au sein du Conservatoire et de l’Académie supérieure de musique.
Compositeurs et interprètes réunis, les conditions sont posées depuis de nombreuses années pour accompagner et motiver les jeunes musiciens dans leur parcours et leur relation avec la musique d’aujourd’hui.
L’arrivée à Strasbourg de Philippe Manoury vivifie plus encore cette réalité. Avec Tom Mays, Armand Angster et Olivier Achard, il est en quelque sorte le parrain des trois pièces en création, travaillées depuis de longs mois dans le cadre de la classe de composition.
Si Charles David Wajnberg et Aurélien Marion-Gallois (tous deux nés en 1980) sont venus à Strasbourg pour poursuivre un cursus déjà bien avancé, on découvrira avec curiosité les premiers pas d’Étienne Haan, jeune strasbourgeois (né en 1992), tout récemment primé au concours  de composition d’Isla Verde Bronces en Argentine.
Alors le résultat?
Ils ont bien de la chance ces étudiants, car il s'agit bien d'une pépinière de jeunes pousses prometteuses!
Pour preuve "Lithium" de Charles David Wajnberg, une création mondiale pour évoquer le monde alchimique du métal, des matières sonores et des strates de la musique.
Très inspiré par sa formation de chimiste et mathématicien , de philosophe, ce jeune homme, très clair dans ses propos en prologue du concert, avoue travailler sur les les traces de la musique spectrale, sur celles de ses maitres contemporains pour intensifier l'aspect non narratif de sa musique.
En jaillit une belle tectonique des couleurs et matériaux sonores enchevêtrés, superposés.Les états sonores, comme les états gazeux ou liquides, se fondent, s'amalgament , se cristalisent pour mieux nous immerger, nous tremper dans le bain chimique de la transformation des sons.
S' y révèlent des fragrances sonores, des états, des sensations aussi spatiales fort intéressantes et captivantes.Sur sa "paillasse" d'alchimiste, ce jeune compositeurs peut encore aller plus loin dans la création de nouvelles textures et fusions étranges Musique déstructurée ou moléculaire comme la cuisine de Thierry Marx, voici un bon remèdevsalvateur inédit contre la morosité
Les synthétiseurs en prime, histoire de ne pas renier le passé proche de l'histoire de la musique d'aujourd'hui!

 

"Quai Ouest": embarquement immédiat!

Une création mondiale, commande de l'Opéra National du Rhin et de l'Opéra de Nuremberg, coproduction avec l'Opéra de Nuremberg.(Staatstheater Nürnberg)
Une première représentation proposée dans le cadre du festival Musica, qui tient toujours à proposer des projets sur le rapport musique contemporaine et opéra: voici donc le "Quai Ouest" de Bernard Marie Koltès adapté pour la scène lyrique et mis en musique par Régis Campo.
D'emblée le sort en est jeté: sur scène, règne le doute, l'étrangeté d'un décor portuaire: un quai sombre, louche où homme et femme semblent errer dans le vague et l'angoisse. L'homme traverse le mur qui s'abat sur lui: destin fragile et imposé?
Tour au long du spectacle, suspens garanti et empathie avec ces personnages semblant surgir d'un univers corrompu, tendu et incertain. Le destin les poursuivra, aussi implacable et fort que dans la pièce théâtralisée de Koltès. En faire un opéra semblait un défi tant les références furent singulières à partir de la mise en scène de Chéreau en 1986. Théâtre chanté, métamorphosé par la musique et la mise en scène de Frédéric Kristian, sous la direction de Marcus Bosch pour l'Orchestre symphonique de Mulhouse.
Les voix des chanteurs y sont brillantes en particulier, celle de Mireille Delunsch et Paul Gay. La musique révèle à la fois l'aspect dramatique et lyrique du texte et renvoie à des sonorités lointaines, celle de la guitare électrique entre autre originalité.
Les décors, tels ceux d'un west side story, urbains et réalistes enferment les protagonistes et contribuent à forger une atmosphère lourde et oppressante. L'obscurité ambiante souligne les solitudes et renforce le suspens.
Du bel ouvrage très convaincant et émouvant!

La musique de Régis Campo – né en 1968, auteur déjà d’un opéra bouffe inspiré de Copi (Les Quatre jumelles, 2008), mais aussi de symphonies, quatuors à cordes ou concertos régulièrement primés en France et à l’étranger – vient donc saisir « à bras le corps » ce texte qui interroge de manière toujours très actuelle la question de la survie, du passage, de la décision… Elle s’empare aussi des personnages (tous ceux de la pièce sont conservés) qui tressent une psychologie de groupe et de domination avouée : Koch qui se réfugie dans ce lieu de dock improbable avec l’idée de mettre fin à ses jours, Charles, jeune homme ambitieux qui veut à tout prix s’en sortir, Claire sa sœur encore adolescente, Cécile leur mère vénale, Rodolfe leur père (ancien combattant qui doute de sa paternité), Fak, petite frappe, Monique secrétaire de Koch et Abad, âme muette et noire qui hante ce territoire aboli.
En projetant sa pièce dans les limites sombres d’une ville portuaire, Koltès pariait sur cette alchimie trouble des confins qui modifie les corps et les relations, exacerbe les pulsions, les sentiments et les ressentiments. Régis Campo fait, lui, le pari que l’opéra est un vecteur idéal pour accompagner cette transformation des êtres, jusqu’aux moments fatals et irréversibles de leurs parcours.

samedi 27 septembre 2014

"Mitsou": Balthus, Rilke et MUSICA...Un opéra-film de Fitoussi et Sinnhuber!

Quarante illustrations de Balthus en herbe et orthographié Balthusz (il a 12 ans quand il publie ce carnet, en 1920) mais avec une préface de Rilke et plein de lettres en bonus. Dans la préface, adressée au jeune peintre : «Ce chat, convenez-en, n'entre pas tout à fait dans votre vie, comme ferait, par exemple, un jouet quelconque ; tout en vous appartenant maintenant, il reste un peu en dehors, et cela fait toujours : la vie + un chat, ce qui donne, je vous assure, une somme énorme.»

Et chaque année ensuite, jusqu'en 1926, Rilke écrit à l'adolescent pour son non-anniversaire : il est en effet né un 29 février ! Dans l'avant-dernière, il le charge de lui acheter les Notes au Narcisse de Paul Valéry chez Adrienne Monnier, et pas ailleurs.
Le cinéaste Jean-Charles Fitoussi et la compositrice franco-suisse (née à Strasbourg) Claire-Mélanie Sinnhuber inventent un nouveau genre : un opéra-film tout public inspiré de Balthus et Rilke.
 
L’histoire d’abord : un enfant (Balthus) muni d’une bougie part à la recherche de son chat Mitsou. Sous le lit, dans la cave, par les rues. En vain. Rentré à la maison, il est d’autant plus triste qu’il se trouve, cette année encore, privé d’anniversaire : le soleil s’est couché le 28 février et se lèvera le 1er mars sans donner jour au 29. Mais il trouve une lettre d’un ami (Rilke) qui lui fait part d’une secrète trouvaille : une brèche dans le temps.
Le spectacle ensuite : librement inspiré des quarante dessins que Balthus publia à douze ans dans un recueil titré Mitsou (le nom d’un chat qu’il avait trouvé puis perdu) et préfacé des lettres que Rilke lui envoya alors (Lettres à un jeune peintre), l’opéra cinématographique éponyme n’y trouve pourtant pas sa source graphique. Le film original réalisé pour cet opéra-film par Jean-Charles Fitoussi, tourné en Suisse et en France cet hiver, oublie les dessins mais reprend un certain nombre d’événements et de situations confiées à des acteurs.
La musique et le chant sur scène se trouvent ainsi intimement et inextricablement liés au cinéma. Les chanteurs commencent sur le plateau, puis se dédoublent : ils « entrent » dans l’écran – cette « brèche » dans le temps dont parle Rilke à l’enfant – tout en rejoignant la fosse pour donner voix à leurs doubles filmés. Mitsou, histoire d’un chat « retrouve » donc quelque chose que le cinéma muet n’avait jamais pu faire quand il rêvait d’opéra : donner voix aux acteurs par des chanteurs qui se synchronisent sur l’image. Mais l’analogie avec le cinéma muet s’arrête là, le film ne convoquant ni nostalgie ni noir et blanc, la projection prenant toute la place d’une véritable mise en scène.
Projet ambitieux et singulièrement original, Mitsou sera donné pour la première fois à Musica et convie un large public – enfants comme adultes – séduit par le fantastique de cette histoire autant que par la double expérience lyrique et cinéphilique.
 

"Maestros", Musica! Le son spacialisé! A fond, la "forme"!

Musica en grande forme orchestrale
Géographie des sons, frissons, poly sons!

Soirée "officielle" d'ouverture du festival Musica le 26 Septembre au PMC à Strasbourg: un programme de choc.
 "Kraft" de Magnus Lindberg, une oeuvre de 1983;
Avec pour orchestre le fameux SWR Sinfonieorchester Baden Baden / Freiburg et l'Ensemble Modern sous la baguette du jeune chef Pablo Rus Broseta!
Large dispositif orchestral d'où le premier son émane du chef lui-même: un coup de sifflet!
Le ton est donné car il s'agira 28 minutes durant d' une course folle, marathon musical et très physique pour les interprètes investis "de force" dans la mise en scène: la percussionniste arrive "en retard", les instruments à vent, plus tard se faufilent dans les rangées de l'orchestre, puis s'évadent parmi le public!
Et ceci dans une atmosphère survoltée, vibrante, agitée...Folie, stress,urgence?
Peu importe, l'allégresse de la partition, la virtuosité de Nina Jansen-Deinzer, clarinettiste au dos dévoilé par un costume noir très seyant, participe de cette fébrilité, fait mouche, focalise l'attention sur ses va et vient précipités, d'un instrument à l'autre: les vents puis l'énorme gong qu'elle va embrasser de tout son corps, faire résonner comme un titan, la masse sonore sous le coup fatal du marteau!
C'est humoristique, drôle et décapant! On en attendait pas plus de ce "Kraft" du génial finlandais Magnus Lindberg, toujours jeune et friand de surprises
La pièce est pour clarinette, deux percussions, piano, violoncelle solistes et orchestre. C'est l'une des premières œuvres du compositeur, d'une violence caractéristique du style des débuts de Magnus Lindberg1.

.Spatialisation du son, réorganisation de l'orchestre: il en est de même pour la création de Philippe Manoury "In situ" de 2013, une sorte de géographie musicale, plis de sons, surfaces tremblées, échos et effondrements, déflagrations tectoniques à l'appui!
L'orchestre se plie aux extravagances de la partition, une partie sur des échafaudages, en off de l'orchestre sur le plateau.
Vertige de la musique, dissémination, éparpillement des sons, géométrie des ensembles pour une spatialisation singulière et réfléchie des groupes d'instruments
A voir, à entendre comme des masses de couleurs sur une toile, des poids et appuis de tension pour créer un univers plein, fort et en abondance de volumes sonores puissants.

Dans In situ, Philippe Manoury choisit simultanément ces deux options principales et en fait même l’argument initial de sa proposition. Sur scène, un ensemble de solistes groupés en familles homogènes (bois, cuivres et cordes) fait face à un orchestre à cordes, puis tout autour du public le grand orchestre se répartit en petits groupes individuels, figurant dans certains cas une géométrie particulière (les percussions forment un carré, les cuivres un triangle…)
In situ est en définitive une magistrale combinaison de « géographies musicales ». Manoury dit se souvenir, sans y recourir systématiquement, des « moment form » chères à Karlheinz Stockhausen, qui génèrent des centres de gravité très caractérisés (pluies de sons, surfaces tremblées, échos, effondrements ou encore déflagrations) reliés entre eux par des transitions plus hétérogènes « floutées » en degrés successifs.
Créée en 2013 à Donaueschingen, In situ s’est d’emblée imposée comme une des grandes partitions du compositeur et une réflexion sur la grande forme.
 
La musique pour orchestre en "grande forme"

Claudia Rogge: corpus dei!

Claudia Rogge installée à Düsseldorf signe depuis plusieurs années des mises en scènes opulentes où posent aussi bien ses amis que des figurants volontaires !
On dirait su Sacha Waltz!
Galerie des photos de Claudia Rogge
Ever After:Paradise IV

Récemment, la photographe allemande Claudia Rogge a puisé son inspiration dans la Divine comédie de Dante. A chaque session photo en studio, elle réalise plusieurs milliers de clichés montrant des personnages tantôt nus, tantôt vêtus d’un simple linge qui ont l’air de flotter ou qui forment encore des couples enlacés.

Claudia Rogge sait toujours parfaitement quel rôle endossera tel ou tel figurant dans ses grands tableaux légendaires. Ensuite, elle examine les clichés un par un, les recadre et les assemble. Les fruits de ses montages sont des photos de groupe qui rappellent les fresques du baroque italien. Metropolis l’accompagne à une séance photo pour sa nouvelle série « Lost in Paradise ».
lire "a retrospective" et "ever after" chez hatje cantz

vendredi 26 septembre 2014

MUSICA :ouverture!

Heiner Goebbels pour l'ouverture de la programmation du festival MUSICA de Strasbourg!

Spectacle-installation inqualifiable tant la beauté du dispositif prête au songe et à la rêverie, au fantastique.
Au Théâtre de Hautepierre la surprise fait son effet: sur scène trois réservoirs d'eau comme dans un chantier; un immense bassin de lumière en trois sections va se remplir d'eau, devenir source de reflets, de lumière, de mouvements aquatiques, voisins de geysers, tumultueux.On retrouve la griffe du plasticien scénographe visionnaire, Heiner Goebbels avec ravissement. Les sculptures lumineuses, l'univers aquatique répondent aux sonorités diffusées dans l'espace, les volumes.Pas de corps, ni de musicien, mais une machinerie infernale à la Tinguely, cependant très ordonnée, très esthétique.
Un univers des temps modernes, sans chauffeur où la mécanique règne en majesté.Théâtre musical par excellence, oeuvre plastique et visuelle comme un tableau animé des meilleures intentions sonores, voici cette oeuvre de 2007, réactivée à nos mémoires, reprise pour sa beauté plastique, sa richesse sonore. Univers fantasmé par l'absence humaine, par la mécanique futuriste de ces machines pianistiques, comme autant de sculptures mises à nu: un petit beaubourg à la Renzo Piano!
Pianos "acqueux" bien trempés et préparés à une cérémonie dantesque et diabolique!Les exo-squellettes des instruments à percussions dressés sur le plateau, parfois dissimulés par une tenture opaque dressent un panorama étrange et singulier.
Le dispositif avance et recule selon la tension de la musique égrenée et l'eau tumultueuse ou calme dans les trois bassins nous transporte dans un ailleurs insécurisant.
Comme un immense buffet d'orgue, cette installation, mécanique du diable: Klaus Grunberg signe la scénographie la lumière et la vidéo de ce magnifique être , géant manipulé par des forces telluriques énigmatiques.Légende d'aujourd'hui et pas conte de fées, voici une oeuvre resurgie pour frissonner à souhait!
Qui va sano, va piano!
Stifters Dinge (Les Choses de Stifter) est une œuvre pour piano sans pianiste mais avec cinq pianos, une pièce de théâtre sans acteur, une performance sans performer — un non one-man-show ou peu importe la dénomination que l’on choisira. Avant tout, il s’agit bien d’une invitation faite aux spectateurs à entrer dans un monde fascinant, plein de sons et d’images, une invitation à voir et à entendre. Au coeur de tout cela, une attention est portée aux choses qui, dans le théâtre, ne jouent qu’un rôle illustratif, le plus souvent comme décor ou comme accessoire, mais qui sont ici les personnages principaux : la lumière, les images, les bruits, les sons, les voix, du vent et du brouillard, de l’eau et de la glace. Il existe dans ce travail — et le titre l’indique — des points de rencontre avec les textes d’Adalbert Stifter, un romantique de la première moitié du XIXe siècle.

"Burning bright"
 Succède le concert au TNS avec les percussions de Strasbourg: un puissant "Burning bright", une création mondiale pour le groupe de Hugues Dufourt.
On retrouve avec enthousiasme et impatience la formation légendaire percussive,dans une configuration scénique en demi-cercle, le plateau occupé par une multitude d'instruments hétéroclites autant que "classiques".
Ambiance feutrée, fine et subtile pour rendre visible et perceptible  "The tiger", l'un des plus célèbres poèmes de la littérature anglaise de William Blake.Style tragique et visionnaire qui se plait à flirter avec les mille et une sonorités des percussions.
Multiples timbres et résonances, amples, diffus, dessinant un espace sonore inédit, étrange.
Secousses telluriques, sismiques et très tectoniques pour une œuvre inspirée par le profondeur universelles de la poésie, sans récit ni anecdote.Un spectacle aussi, grâce aux visions de science fiction qu'offre  ce déferlement de gestes des interprètes virtuoses de ces percussions surprenantes: un bac d'eau scintillant où parfois le musicien plonge ses plaques de cuivre résonantes....Une empathie singulière s'installe , une communion unique se forge tout au long de la prestation avec la tension, l'attention des musiciens sur le plateau, sur le fil d'une dramaturgie musicale faite de sons en couche, en strates qui gravissent les parois sensibles d'une audition collective en sympathie
Du grand art pour cette performance saluée chaleureusement par un public, ce soir là, conquis par l'atmosphère apaisée, douce et planante des oeuvres proposées.
Des univers visuels et fantastiques au coeur de la création contemporaine!


Depuis le milieu des années 70, Les Percussions de Strasbourg et Hugues Dufourt entretiennent une relation complice. Près de quarante ans après Erewhon, le compositeur leur dédie une nouvelle œuvre phare.
 
En 1977, à Royan, la création de Erewhon pour six percussionnistes et 150 instruments marque l’avènement d’un compositeur de trente-quatre ans et inaugure l’ère des grandes pièces pour percussions, ces symphonies modernes déjà expérimentées par Edgar Varèse ou encore Iannis Xenakis.
Grâce à cette partition extraordinaire, Hugues Dufourt, compositeur, philosophe, chercheur, entretient à l’évidence un rapport personnel et historique avec le groupe de Strasbourg et son prodigieux instrumentarium. Il n’avait pourtant pas remis l’expérience sur le métier, à l’exception de la brève Sombre journée (composée peu de temps après Erewhon en 1976-77) et, en 1984, La Nuit face au ciel, créée cette fois-ci par d’autres jeunes percussionnistes.
Burning bright est donc à la fois un retour aux sources et une nouvelle exploration de ce continent infini qu’est la percussion.
Hugues Dufourt donne quelques clés pour appréhender cette œuvre nouvelle sur laquelle il travaille depuis 2010 : réflexions autour du geste (tailler, assembler, déplacer et briser), sur les modes de jeu, sur les associations instrumentales et la substance sonore. À ces objectifs théoriques correspondent des objectifs artistiques qui combinent essence de la percussion, temporalité, essence de la composition et esthétique.
Avec ce dernier point, Hugues Dufourt définit en quelque sorte le contour de son projet : « L’esthétique récente a souvent pris l’entropie pour un principe libérateur, alors qu’elle ne faisait que consentir à la pulsion de mort et sombrer dans un univers anomique et dépressif. Le propre de la percussion est au contraire de tirer son pouvoir d’émergence de son exploration des profondeurs. »
 

jeudi 25 septembre 2014

mercredi 24 septembre 2014

La danse de Laurent Waechter: pantoufles de verre!!

Du flouté pour les pieds et chaussons de ballerine!
expose au thé des muses à strasbourg
www.laurentwaechter.fr