jeudi 26 juin 2014

"Le conte de la princesse Kaguya": très en formes chorégraphiques!

 
Un film d'animation signé Isao Takahata où trois séquences retiennent l'attention: un graphisme foudroyant, lors de la séquence de la fuite de la princesse, quand elle vole et rêve en apesanteur et quand la liberté s'éprend de sa vie enfin libérée des contraintes de l'étiquette et de la bienséance du port de son corps social!
Magique!
Grosse animation au studio Ghibli, temple du manga d'art de l'empire du Soleil-Levant. Tandis que sa figure de proue, le vétéran Hayao Miyazaki (73 ans), vient d'y faire ses adieux avec Le vent se lève, son compagnon Isao Takahata (non moins vénérable du haut de ses 78 printemps) revient inopinément sur le devant de la scène avec Le Conte de la princesse Kaguya, après quelques longues années d'éclipse (Mes voisins les Yamada date de 1999).
Ce francophile patenté, traducteur de Jacques Prévert dans la langue de Mishima, est un créateur passionnément éclectique, qui ne dessine pas lui-même, contrairement à Miyazaki, les histoires qu'il met en scène, courant ainsi de style en style et de genre en genre. Il transpose ici un classique de la littérature japonaise, Le Conte du coupeur de bambous, moult fois adapté à l'écran, sous forme de manga ou de films en prises de vue réelle.
Cette version de Takahata est néanmoins un coup de maître et doit lui être compté, avec Le Tombeau des lucioles (1998), bouleversant récit d'enfance sur fond de guerre mondiale, comme un de ses chefs-d'œuvre.
Ce qui nous mettra cette fois d'accord avec la promotion française des films produits par Ghibli, laquelle a pris la fâcheuse habitude de baptiser chaque film qui en sort « le nouveau chef-d'œuvre du studio Ghibli ». Rien de plus contre-productif que cet argument de la plus-value artistique transformé en mantra par les techniques du marketing...

mercredi 25 juin 2014

Erwin Wurm à Meisenthal: à l'étroit!!! Ma maison, ma cabane!

Après avoir fait sensation à la Biennale de Venise en 2011, c'est à Meisenthal qu'Erwin Wurm construit sa "Narrow House" ! A voir à partir du 29 juin à la Halle Verrière de Meisenthal! 
Travail in situ, architecture improbable où le corps est à peine capable de s'immiscer....
Erwin Wurm va surprendre une fois de plus et nous immerger dans son univers à expérimenter physiquement comme une aventure corporelle! Après Stephan Balkenhol et Tony Cragg, cet été, la Halle Verrière marque une nouvelle étape dans l’histoire de la sculpture contemporaine et a l’honneur d’accueillir en ses murs l’autrichien Erwin Wurm.
Ce dernier nait en 1954 dans la petite ville autrichienne de Bruck an der Mur. Après des études d’art appliqué à Vienne, il devient professeur de sculpture aux Beaux Arts de Paris. La carrière qu’il démarre à la toute fin des années 80 cherche encore aujourd’hui à « circonscrire les différents paramètres de la sculpture ». Il met ensuite au point le protocole des ONE MINUTE SCULPTURES dans lequel on retrouve les fondamentaux de son œuvre actuelle : humour et jeu appliqués à des objets ou des situations du quotidien pointent les questions du corps, de la position, de l’équilibre et de l’encombrement. A Meisenthal, Erwin Wurm choisit d’exposer sa NARROW HOUSE, entendez par-là « maison étroite », œuvre récente, qui a fait sensation à la Biennale de Venise en 2011, juste après sa découverte à l’UCCA de Pékin en 2010.
Cette maison, réplique très amincie et élancée de la demeure parentale de l’artiste, critique joyeusement un nouveau concept architectural, très en vogue depuis quelques années dans les grandes métropoles, consistant à construire des espaces de vie privée dans les interstices étroits laissés entre deux immeubles. Mais au-delà du clin d’œil, l’hypermondialisation, la course à l’urbanisme, la promiscuité et la privation d’espace et de moyens sont ici au cœur du propos.
 Le visiteur peut y entrer, et y découvrir le pittoresque autant que l’inconfort d’un « narrrow couloir », d’une « narrow baignoire » ou encore d’un « narrow lit ». A la fois drôle et inquiétante, cette pièce interroge chacun sur sa capacité à s’adapter au monde d’aujourd’hui…
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mardi 24 juin 2014

Tongs estivales :chaussures à son pied pour danser!

Pour mieux danser sur la plage cet été, et marcher sur des oeufs.....
Quoiqu’il en soit pendant que certains s’amusent, des pâtissiers très sérieux travaillent d’arrache-pied pour inventer des vrais gâteaux avec une âme et des saveurs. L’artisan Arnaud Larher appartient à cette très noble catégorie  Pour cet été, notre meilleur ouvrier de France signe quatre créations aux couleurs de l’été et en forme de… tong. Il lui a fallu plus deux années de réflexions avant de réussir à créer le moule adéquat au bon diamètre et avec la bonne épaisseur. Comme toujours, notre pâtissier n’a pas lésiné sur la qualité des matières premières utilisées et il a également particulièrement travaillé les textures de ses pâtes sablées. Parmi les quatre parfums disponibles – citron, chocolat, coquelicot et framboise-passion -, deux de ses créations ont particulièrement retenu mon attention.

"Xénia" : la danse désopilante de deux fréres!


Le film de Koutras s'avère une aventure tendre et rocambolesque de deux albano-greques à la recherche de leur père et de leur identité: ça danse et ça chante à l'envi!
C'est un joli garçon qui va de petit boulot en petit boulot à Athènes, au temps de la grande dépression du XXIe siècle. Il rêve de tenter sa chance au télé-crochet national et a honte de son petit frère, un adolescent gay et extraverti qui l'appelle Ody. Si bien qu'il faut un peu de temps pour reconnaître le prénom de ce héros, et la nature de l'histoire dans laquelle il est embarqué.
Ody a beau être d'origine albanaise par sa mère, il s'appelle Odysseas, et Xenia, le film, est une odyssée, un récit itinérant, jalonné de monstres et de séductrices, de peuplades barbares et de coups du sort. Mais Panos Koutras, le réalisateur, est aussi l'auteur de L'Attaque de la moussaka géante (1999), parodie hellène et queer des séries B américaines des années 1950.
Xenia n'est pas fait pour être tout à fait pris au sérieux, tout en faisant appel aux meilleurs sentiments des spectateurs. Il ne s'agit pas d'exercer ici son droit à l'ironie, mais de se rendre aux acrobaties du réalisateur et de ses interprètes, prêts à tout pour arracher une larme ou un sourire.



Musica 2014: le visuel de Eka Sharashidze: "Wall People"

Elle est géorgienne, habite Berlin et fait la une du visuel du prochain festival Musica!
A suivre! En feuilletant le programme, de petits personnages sur différents niveaux, vous accompagnent tout au long de la lecture comme autant de petits bonhommes de Guy Limone ou figurines de Daniel Brandely!
Très plastiques ces photographies, très musicales aussi comme des partitions, allignées, allongées , compositions étranges à déchiffrer comme une notation chorégraphique!
Ils se croisent, se rencontrent, cheminent comme autant de petites notes de musiques égrenées sur  le papier à musique: à pied, à vélo, avec landau ou poussette,courant, marchant...
En avant donc, la musique comme disait Jerome Andrew: avances!
La musique ou le public au pied du mur, ces "wall peopel" nous interpellent! Et leurs ombres portées sur le mur sont autant de bémol, de diez ou de bécards....
On pense à "Déroutes" de marche en danse, la démarche" de Mathilde Monnier!
A différents niveaux, comme une accumulation chorégraphique à la Trisha Brown...
Locomotions musicales à la Muybridge, ou gestuelles décomposée à la Marrey...
On s'y rencontre, on s'y côtoie à Musica!
On en repart en groupe, ou seul sur son vélo, petit ou grand. Mais toujours "grandi" à l'écoute des musiques d'aujourd'hui!

Bravo à l'artiste qui capte ainsi l'esprit d'un festival où la lecture de la musique contemporaine irait jusqu'à "La haine de la musique " de Pascal Quignard!!!
www.festival-musica.org

lundi 23 juin 2014

Zahra Poonawala: mouvements du son! La voix de sa maitresse!


 

Découverte lors des ateliers ouverts au Bastion, puis à la Kunsthalle de Mulhouse et à la fête de l'eau de Wattwiller, voici une artiste à suivre pour sa démarche spatio- temporelle, acoustique: sur l'espace sonore, l'objet qui émet et prolonge le son: le haut-parleur!!!

A vos pavillons pour entendre "la voix de son maître"!

Son œuvre tend à prolonger une réflexion engagée il y a plusieurs années, qui interroge les rapports sonores et visuels entre une partie et un tout, entre production et perception du son. Alors que les œuvres précédentes proposaient une présentation statique, celle-ci place pour la première fois le spectateur en position d'explorateur. Puisant dans le précédent des "acousmoniums" ou orchestres de haut-parleurs, l'œuvre vise à matérialiser un vécu plus dynamique de l'écoute en s'appuyant sur le mouvement. L'espace occupé par l'installation est donné, mais il peut être perçu selon des modalités variables. Il est d'abord marqué par un repère fixe, celui du mur de haut-parleurs qui en forme le fond, tant visuel que sonore. Ses personnages ont chacun un volume, un registre et un caractère différents. Devant cet arrière-plan se détachent des solistes, haut-parleurs isolés qui sont doués de mobilité, puisqu'ils réagissent aux mouvements du spectateur, lequel est incité à évoluer pour les faire réagir. Les différents plans sonores redoublent cette organisation spatiale. A partir d'un accord fondamental complexe qui constitue un socle, la réaction aux mouvements du spectateur détermine des changements d'intensité, lance des soli qui se détachent de la masse sonore.
S'approcher, c'est écouter, c'est aussi susciter une réponse sonore différenciée. La musique enregistrée, née des propositions de Zahra Poonawala, a été écrite par Gaëtan Gromer pour un effectif de musique de chambre. Influencée par des œuvres comme celle de Giacinto Scelsi, elle se donne à entendre comme un accord complexe dans lequel le spectateur, tel un spéléologue, va diriger la lampe de son attention vers tel pupitre, telle partie de l'orchestre, voyageant à l'intérieur du son comme à travers l'espace circonscrit par l'installation. Le mouvement ne rompra pas la continuité, qu'elle soit visuelle ou sonore, mais modifiera les équilibres et les perspectives. Pour paraphraser Wagner: ici, le son se fait espace. _

vendredi 20 juin 2014

Léopoldine: notre star dans "Maikeul"! Michael vibre encore!

Elle revient au pays Léopoldine Hummel avec sa compagnie Mala Noche et Ce que peut l'Orage avec "Maikeul": bienvenue Léopoldine!

Extrait d'une itv de "nouvelle star"


Hier, tu as chanté Beat It de Michael Jackson. Est-ce-que tu penses que le titre t'a desservi ? Aurais-tu aimé chanter une chanson qui aurait été un peu plus dans ton univers ?
C'est moi qui ai demandé de chanter du Michael Jackson mais je n'avais pas choisi Beat It, je n'ai pas eu le choix. En fait, c'est parce qu'il existait déjà un instrumental de Beat It et du coup, c'était plus facile pour les musiciens qui doivent travailler très vite. Il y a énormément de contraintes qui font que c'est ce morceau qui a été choisi.
Quel titre voulais-tu chanter au départ ?
Moi j'avais proposé Smooth Criminal car ce que raconte la chanson me parlait plus et je pense que j'aurais pu en faire quelque chose qui me correspond. Mais je comprends complètement leurs contraintes et je n'avais pas envie de les embêter. J'étais ravie de chanter du Michael Jackson même si ça n'était pas le morceau idéal et je continuerai à chanter du Michael Jackson, ça ne m'a pas dégoutée.

Et la voici dans le cadre du "festival des caves" avec une libre interprétation du célèbre danseur-chanteur mythique!

Quand Léopol dine, Michael trinque ou se régale!

C'est au fond d'une "jolie" et vaste cave du quartier des Contades (local de Coze magazine qui se fait "sponsor") que va se dérouler cet impromptu, sorte de work in progress, chantier, brouillon, embryon de spectacle...
15 spectateurs autour de Léopoldine qui ne se dévoile qu'après l'écoute d'une bande son dans le noir: extraits de musiques de films ou de jingels....) L’œuvre au noir...

Son petit bric à brac fait mouche: chaussée de lunettes de soleil à la star, la voici qui démarre l'histoire à sa façon de la star étoilée, tombée des nues dès son enfance, plutôt malheureuse....C'est de cela donc il s'agit: le pan de la vie de Michael, déchirée par les accusations des médias: pédophile et assassin!!!!
Éléphant man, élé s' enfant' man, enfant-phare, en fanfare et sans trompette!
Gadgets que ces trois petits chiens mécaniques qu'elle dompte avec malice: "i love you", sera son leitmotiv messianique: celui de bambi!!! Le déchiré, le sacrifié de la scène internationale.Ce qu'elle glisse avec malice et désinvolture à l'oreille du public, tout proche d'elle! On tombe en empathie.....
Vêtue de noir, sobre et sans strass, Léopoldine rend un hommage cruel et dérisoire à la vedette déchue.
Elle chante, sa voix porte l'anglais à merveille: elle déforme bouche, trait et visage pour "incarner" sans imiter, ni singer ce démiurge de la danse: quelques pas esquissés dans le noir pour évoquer le moon-walk célèbre et légendaire.
Lumières tamisées, c'est tout l'inverse d'un show, c'est pas du business, de l’esbroufe, c'est Michael à nu.
Grande et puissance, voici Léopoldine au cœur de son chantier, dans la vérité de la création mise à nue devant les spectateurs, même! C'est pas "Rrose Sélavy", c'est pas rose la vie d'artiste!
On termine au final par une chanson, gratouilléee sur sa petite guitare, calme et sereine après une tempête qui nous a chatouillé les oreilles, la mémoire et le cœur.
La rémission de la faute
Belle et bonne prestation, sobre, électrique et respectueuse: Bambi toujours vivant, caressé, pardonné de ses péchés, absout et ressuscité: très christique! Au purgatoire, les innocents ont la bouche pleine de bonnes notes de musique!
lire
"Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson" de Yann Moix chez le livre de poche
"Michael Jackson" de Henry-Jean Servat chez "hors collection destin de légende"
 "Michael Jackson, l'énigme" BD de Le Fab et Lobel chez Kantik


Et pour la fête de la musique 20H 30 Place Kléber!

"Jersey boys": danse avec les sixties!

Film américain de Clint Eastwood, avec John Lloyd Young, Erich Bergen, Michael Lomenda (2 h 15).

Jersey Boys suit le parcours de quatre petites frappes italo-américaines du New Jersey, suffisamment douées pour la musique et le chant pour échapper à l'existence de gangsters qui leur semblait toute tracée. Au début du film, la peinture d'un pittoresque mafieux, ainsi que la manière qu'adopte chacun des protagonistes de régulièrement s'adresser à la caméra, peuvent évoquer (mais vraiment de très loin) les arabesques d'un Martin Scorsese. Mais très vite, ce récit où le seul coup de feu tiré est un canular prend une autre allure. Car ici, la flamboyance attendue de la success story est très vite contrariée par une certaine retenue, une manière d'adopter un profil bas, un goût pour la rétention.
La formation du groupe, l'apprentissage, le succès, sont certes traités, mais sans véritable hystérie, illustrés d'une façon discrètement distanciée. Sans doute parce que le cœur du film est ailleurs, qui prend sens au cours d'une longue scène au terme de laquelle le quartet se disloque définitivement. Sous la supervision impuissante et goguenarde d'un parrain mafieux (Christopher Walken), les quatre hommes se font divers reproches (malversation financière, jalousie, cohabitation quotidienne et domestique rugueuse) avant de se séparer. On voit bien que ce qui semble intéresser Eastwood est moins la formation que la désintégration d'une communauté, comme une loi d'airain qu'impose le passage du temps.
Les quatre « héros » de Jersey Boys vivent une adolescence prolongée que les femmes, très vite reléguées à la vie au foyer, ne peuvent contrarier. Et si les événements confrontent les personnages au mûrissement, ce dernier se traduit davantage par la perte que par le gain de quoi que ce soit.
Eastwood, dès lors, affine son regard pour traiter avec une douceur singulière des moments intimistes d'une justesse et d'une émotion rares – comme avec la conversation, dans un café, du chanteur vedette du groupe, Frankie Valli, avec sa fille dont il essaie de conquérir l'affection et qu'il tente de sauver du désespoir. Jersey Boys est une fiction dont l'objet principal serait le deuil, les regrets, plutôt que l'accomplissement individuel par l'art, fût-il celui de la chanson de variétés. On reprochera peut-être à l'auteur d'Un monde parfait cette manière de ne pas jouer le jeu. On aurait tort.

mercredi 18 juin 2014