mardi 16 octobre 2012

Marc Ferrante: "jeux de mains": silence, radios....


Marc Ferrante radiographie le corps, le laisse se faire pénétrer de traces de crayons X.
Mais pour en restituer une magie de la transparence, de l'aparence.
Dans sa dernière exposition salle 27 au Palais Universitaire de Strasbourg, des boites lumineuses laissent transparaitre autant de chorégraphies de mains qui s'enchevêtrent, se caressent, s'ignorent dans une grâce, une volupté qui pourtant irait à l'encontre de cette imagerie médicale, transformée, détournée.Mains gantées de dentelles, ossature de phalanges dévoilées, de poignets qui révèlent les plus douces articulations du bras. Arabesques, figures quasi enluminées de mouvements fixés pour l'éternité par l'image, l'icone translucide, transparente de la chair devenue lumineuse.
Le procédé de fabrication restera un mystère, une interrogation suspendue au temps, à la maitrise de cet effet d'encre opaque, traces que laissent les os qui ne se laissent pas dévoiler ni pénétrer par la "radiographie". La peau et les os, comme dans la danse y deviennent les signes kinésiologiques  du mouvement, du chemin que prend l'énergie quand on observe et analyse le mouvement.
Voir le corps autrement en métaphore du tissu, de la matière vivante, comme les planches d'anatomie dans un musée , une salle d'évolution au jardin des sciences.Un pavillon de l'évolution historique de la carcasse humaine.
C'est gracieux, futile, volubile et jubilatoire, empreint de douceur, de belles manières comme de la belle danse baroque précieuse, ondulante, à demi tracée dans une fulgurance apaisée de lumière persistance.Ombres chinoises, théâtres d'objets, boites de Pandore pour cabinet de curiosité ou boudoir baudelairien, l'œuvre de Marc Ferrante titille la camarde, frôle le vertige de la disparition, de la perte et de l'absence.
Danse macabre joyeuse et sereine, danse de mains, jeux de doigts, d'os et d'osselet: qui perd gagne: jeu est un autre et l'on se plait à la contemplation magnétique d'un ossuaire de feu follet, lumineux et malin, diabolique Ravi  par la vie présente et pétillante de cet univers étrange parcouru de mystère et de vsilence.
Le langage des mains se révèle à nos yeux fascinés par la rémanence de la transparence.

"Je danse": n'en jetez peluche! Cathy Dorn, Claudine Pissenem à l'oeuvre!'

Que voilà du beau travail de techniciennes de surface, de "femmes de ménage" si vous préférez!
Faire place nette, en catimini, quand personne ne semble vous voir, sauf un public réuni pour l'occasion, dans le noir!Du balai donc, du ballet aussi car c'est bien de danse dont il s'agit, dont on s'agite.
Regarder, voir, observer le petit manège de ces deux complices qui ne cessent de rire, de pouffer de sourires, de faire des clins d'oeils aux actes convenus. Balayer par exemple, c'est bien un geste chorégraphique, ondulatoire, giratoire qui n'a de but que de rendre l'espace plus visible plus concentrique.
Vêtues de blouses les deux "dames de service" s'en donnent à coeur joie, à corps joie.
D'un univers de salle de classe ou de chambre à coucher, elles bâtissent des rêves, inventent de petites histoires croustillantes et savoureuses.
Des ours en peluche dansent, des cubes deviennent dés et jeux de hasard: un prétexte à compter ou à conter des utopies bien ressenties et pourquoi pas réalisables. Tout semble permis ici, on a l'autorisation de désobéissance, d'être pas sage, de passage dans ce petit monde truculent.
Ei si existait un mikado géant pour se lancer dans le hasard et la construction aléatoire? Du sérieux, s'il vous plait, élève Cathy et Claudine!
Un petit inventaire à la Prévert, sur des musiques qui évoquent les danses "trad", l'Afrique, le quotidien où l'on ne s'ennuierait jamais....Que du bonheur, de la malice et des coquineries, aussi
Finies les blouses, c'est de coquetteries qu'elles sont à présent détentrices: jupes colorées à volant tournoyant, bottes noires seyantes pour la cheville si gracieuse.
De la grâce, du lâcher prise, il y en a dans la danse esquissée calligraphiquement par l'une, par l'autre, par lune, par soleil!
"Un, deux, trois, soleil" et nous voilà dans le jeu, la feinte, la dérobade, l'esquive comme en escrime, fendues en tierce dans de beaux jeux de jambes, de coudes. Tout le corps se mobilise pour ce festin de mouvements, de circulations et divagations diverses!Les ours dansent aussi, manipulés vers le baiser, l'accolade, la tendresse velue et douce, caressante et voluptueuse.
Puis "fiat lux":un cube phosphorescent délivre la douceur de sa lumière, alors que quatre points lumineux aux couleurs fondamentales amusent les pas des deux danseuses et les projettent dans une géométrie variable.On se chamaille aussi, en copines, en complices, en adversaires sur une musique de Georges Aperghis, des récitations pleines de sons, de mots les uns plus hauts que les autres. Le dialogue s'établit alors pour mieux faire résonner les corps, corps-accords, corps à corps tonitruants.Quelle verve, quel enthousiasme habitent ces deux étranges personnages qui semblent se satisfaire des petits riens de la vie avec délectation et amour.
"Je danse": bien sûr et c'est contagieux le mouvement: un petit geste peut faire signe et faire danser le temps, l'espace et surtout envahir de bonheur celui qui regarde...en dansant de partout.
Tout rentrera dans l'ordre après leur passage pas sage: plus de bavardages ni de petits ronds de jambe. Des bottes de sept lieu qui dansent comme des pattes de cygnes noir dans "Le Lac" resteront gravées dans la mémoire et continueront leur danse "des petits pains" comme dans Chaplin: c'est peu dire....Et les ours de s'envoler sur leur balais magiques, comme un petit manège virevoltant, comme sur des luges dans la neige et le vent avec un petit cache-nez comme paravent!
Magie, poésie, humour de la vie: ne serait-ce pas de la danse d'aujourd'hui? Ou de toujours....

jeudi 11 octobre 2012

Annette Messager au MAMCS à Strasbourg: faire danser et s'envoler les rêves!

Annette Messager: une artiste singulière, unique, investit le MAMCS de Strasbourg pour évoquer un "Continent noir", un vaste territoire consacré à plusieurs installations inédites et quelques oeuvres à découvrir en "avant-première" dans son œuvre prolixe, plus connue pour son univers de peluches fantasmées. Mais ici, elles sont quasiment absentes, justes là pour être crucifiées à l'aide de rubans millimétrés, histoires d'être dépecées, ouvertes, épinglées à nos rêves disséqués, colorées, encore quelques part vivantes lors de nos jeux d'enfants: n'en jetez peluches!
C'est d(installations dont il faut parler.
La première salles est investie par des vêtements suspendus, évidés, d'où les corps sont absents.
Autant de crysalides qui flottent dans le vent puksé par des ventilateurs bruissants dont le son et le souffle envahissent la salle.
Comme une "salle des pendus" dans les mines, comme un vestiaire de l'Opéra de Paris où les costumes descendent des cintres...
C'est fantastique et onirique: on s'y balade éperdu, pensif et charmé par tant de gr^ce évanescente et spectrale. Fantômes à la divine présence, animaux étranges, corps flottants, tutu, tissus de couleurs s'animent et prennent vie sans chair, sans textures pour les habiter.On songe au travail du chorégraphe plasticien Christian Rizzo de l'association Fragile,avec l'installation "100°/° polyester, objet dansant (n° à définir) "L'origine de ce projet "objet dansant à définir n°" vient de l'envie de pouvoir présenter une danse où le corps-matière est absent. Le chorégraphe confiait: "Je voulais rendre visible une idée "dansante" qu'un temps de contemplation / hypnose amènerait à un cheminement imaginaire et/ou à une réflexion sur l'absence… la volonté aussi de réunir mes activités principales (mouvement, costume, son) en un seul et même projet.
L'image du vent dans les rideaux à l'heure de la sieste,l'idée des fantômes de chacun,le livre de Paul Virilio esthétique de la disparition,(peut-être certains mobiles de mon enfance), m'ont accompagnés et m'accompagnent encore aujourd'hui sur cette pièce. objet dansant à définir n°... est un projet qui tient sur la fragilité et la simplicité de la proposition.
Il me paraît donc important de recontextualiser objet à chaque représentation. ainsi, l’accrochage / le temps / le déroulement / la matière sont modifiés en fonction du lieu architectural."
« Des robes siamoises rattachées par les bras sont suspendues au-dessus d'une allée balisée de ventilateurs. Pendant que la musique électronique décolle, la paire de robes ondule au gré de l'air"...


Il y a une belle connivence entre ces deux artistes pour cette chorégraphie de l'absence!!

Puis on passe dans l'exposition aux salles consacrées à ces "Continents Noirs" univers singuliers, espaces dédiés à une architecture chaotique apocalyptique, suspendue comme autant de chauves souris au dessus de nos têtes.La tectonique de l'ensemble évoque un monde de science fiction, imaginaire à souhait où se catapultent des formes noircies, comme carbonisées et figées dans un espace temps arrêté, comme la ville de Pompéi, pétrifiée, immobilisée par une catastrophe.
Mais ici demeure une certaine sérénité, un apaisement que l'on retrouvera dans la seconde installation "Sans légende". Comme un univers lumineux où sculptures, amoncellements et alignements de cônes, de formes à la Giacometti: un chien ère dans ce monde étrangement noir, son ombre circule grâce à une sorte de lanterne magique qui tournerait pour révéler la magie d'un rêve.
"La petite série noire" vient clore le parcours de l'exposition: elle rappelle l'installation du couvent des Cordeliers à Paris, où Annette Messager mettait déjà en scène le souffle, le vent, l'apaisement. Un voile de plastique léger et transparent révèle à l'envie autant d'objets noircis comme échoués sur la plage, sur la grève. Lentement, le voile se gonfle, se tend, se détend sous la respiration de la tenture transparente. Le temps y est suspendu, la méditation peut s'y installer.
Entre autres œuvres exposées, ces balais aux masques de carnaval, ces tutus noirs comme des "cygnes noirs" en tarlatane inspirés aussi de la "Petite danseuse de quatorze ans "de Degas. Habillées de réels tissus, vivantes, ces figures au pantin, cette tombe noire entourée de tarlatane évoquent la chute, au sol, la paix, l'immobilité, le recueillement.
Annette Messager se livre ici et orchestre un parcours sombre mais jamais pessimiste ou dramatique. Une scénographie nous guide dans son univers, "miroir aux alouettes" sans jamais nous éconduire où nous égarer.Les oiseaux sont là aussi comme une menace, planant au dessus de nos t^tes.Mais le charme et la poésie du tout nous font voyager hors du temps dans des territoires à explorer comme des pionniers à la recherche de mystères à déflorer.
Messagère du vent, ancrée dans le noir d'un tracé ferme appuyé, l'artiste navigue à l'envi dans un monde extra-ordinaire.

samedi 6 octobre 2012

"Baron Munchhausen": un voyage extraordinaire à MUSICA

Un "opéra comique" dans un festival des musiques d'aujourd'hui?
Chose faite avec cette oeuvre rocambolesque de Wolfgang Mitterer, sur un livret de Ferdinand Schwartz basé sur les "Aventures du Baron de Munchhausen", d'après un scénario fumeux et diabolique de Gerhard Diensbier!
Le personnage principal interprété par Andréas Jankowitsch est truculent et mène tambour battant sa petite tribu d'hurluberlus déjantés avec verve et dynamisme.
Dans un délire musical, vocal et sonore, magnifié par des images vidéo splendides qui déferlent sur deux écrans en fond et devant de scène, l'intrigue bat son plein, fourmille d'idées de mise en scène, de coups de théâtre, de magie.
Mélies veille au grain, Jules Verne dans un petit coin, Pierrick Sorin pas loin, pour un tour de perstitigitation virtuose.
Les icônes graphiques sont des enluminures du genre: un travail signé du génial Franc Aleu, façonné dans une sophistication de moyens et d'effets très convaincants. Une chevauchée de la Walkyrie, un ras de marée d'images qui défilent sur les écrans, révèlent dans la lumière les costumes scintillants de princes et princesses déchus signés par Chu Uroz.
Parfois un peu de calme s'installe et nous voilà transportés dans un autre siècle, tableau à la Watteau, calme, enjoué, serein...Montage et rythme serrés, tonitruance et extravagance au menu, cet opéra comique est bien un nouveau genre lyrique décoiffant, inventif, effrayant à l'image de ces petits personnages de cartes à jouer, de bouffons, d'Ubu roi et autre diablotins ravigotants.
Un ravissement auquel Mitterer nous avait déjà convoqués avec "Massacre" et "Nosfératu"
Ambiance garantie pour ce "concert déconcertant" où le public, surpris et conqui fit une belle ovation!
Décidément, cette année Musica s'éconduit sur des chemins de traverse bien séduisants!
Un opéra d'Avant -garde, un opéra en BD, en "comics" oùla chorégraphie des corps surdimentionés en vidéo rappelle la technique de Mac Laren: démultiplication à l'envi des formes pour mieux les fondre, les emmêler, les dissoudre dans l'espace et le temps.Chevauchée fantastique, péripéties et rebondissements garantissent ici une tectonique endiablée chaotique, apocalyptique digne d'un chapitre de la bible, style jugement dernier tourné au comique!
"Général, nous voilà": ce voyage extraordinaire sur une planète inconnue est bien celui d'une troupe égarée, avec un chef étoilé par la grâce autant que par le ridicule.Caricature du pouvoir et de la séduction, ce baron est tout sauf un chef crédible: il est le mentor de la dérision, la vision du fantasque, l'opus du mensonge et de la supercherie dans un déferlement d'ouragans et de tsunami d'images animées par la folie


vendredi 5 octobre 2012

"Music'Arte" pour l'ensemble Modern: poly-sons et zen attitude chez Hans Zender

L"ensemble Modern fait ici l'objet d'une soirée "culte": hommage à un ensemble polymorphe, poly-sons, dédié tout entier à la musique contemporaine. De Karlsruhe, siège du "collectif" indépendant et autonome, l'ensemble sillonne le monde pour y distiller la quintesse de leur art: interpréter la musique d'aujourd'hui, avec ses créateurs, Heiner Goebbels entre autre partenaire, compositeur avec et pour l'ensemble de ses œuvres majeures. Un film  "Quand la scène brûle" de Manfred Scheyko conte les péripéties et aventures musicales à hauts risque du groupe,soudé par un esprit de défit contre la routine et le convenu musical!
Hommage aussi ce soir là à l'oeuvre de Hans Zender, compositeur et chef remarquable qui compose pour l'ensemble "33 Veranderungen uber 33 Veranderungen": 61 minutes décoiffantes d'une interprétation sur les "Trente-trois Variations Diabelli de Beethoven!
De la musique connue et référencée, transformée, triturée pour le meilleur en un vaste paysage sonore. Entre la version originale et cette interprétation iconoclaste, l'équilibre est virtuose et fonctionne comme ce vertige du funambule sur la corde tendue entre deux pôles.
Et Zender de citer Nietzsche: " la relation entre l'ancien et le nouveau est toujours telle que le nouveau finira par détruire l'ancien".
Chose faite et pertinente, convaincante, avec tous ces moments éphémères de l'attention où tout devient "évident" où se révèle tout à coup, comme dans la philosophie zen. Cage n'est pas loin: ce moi de chaque instant à vivre en fébrilité vibrante, sur le champ.
Son œuvre "Issei no kyo"en est bien l'illustration tengible:de ce principe d'attitude de vie et de composition musicale, ancrée dans le vif de l'instant.

jeudi 4 octobre 2012

Tous en "cène" pour MUSICA: regardez la musique se faire!

La scène pour la musique contemporaine est essentielle: voir se dérouler un concert, écouter et deviner d'où sourd un son, une percution, une résonance, regarder les interprètes préparer leur piano, se brancher au secteur.... C'est le cas du groupe "Divertimento Ensemble" et de l'" Athelas Sinfonietta Copenhagen" écoutés ce mercredi 3 Octobre dans le cadre du festival MUSICA à Strasbourg
Pour ce dernier ensemble cité, dirigé par Pierre -André Valade, la scène est déjà une énigme en soi: une grande table monastère est dressée comme pour un banquet: nappe noire et bols tibétains, cloches de vaches, petit réchaud de cuisine électrique.
A quelle saveurs musicales allons-nous être dévorés? Le festin, la "cène" originelle de la musique?
Réponse immédite au début du "morceau" de bravoure, le "Nubi non scoppiano per il peso" de Mauro Lanza.Des gouttes d'eau contrôlées par ordinateur et électronique tombent sur les cloches et les fond tinter. De même lorsqu'elles parviennent à des rythmes différents dans les bols, et en douce vapeur d'eau lorsque la goutte atterrit sur la plaque chauffée .
Une véritable petite cuisine de chef, un ingénieur pour maître -queux, ou au "piano", alors qu'à la "batterie" de cuisine musicale,les musiciens s'affairent et font résonner toutes sortes de sons millimétrés.A table! Le menu est alléchant et le public, convive d'un repas sonore délicieux!
Du bel ouvrage surprenant pour illustrer cette fable biblique: "un autel commence là où finit la mesure".Musique visuelle et imaginative endiable!
"Être saint, c'est perdre le contrôle, renoncer au poids, et le poids, c'est organiser sa propre dimension".
Philippe Lerous, proposait avec "Extended Apocalypsis", une oeuvre pour 4 chanteurs-récitants, 16 instruments, mettant en scène un dispositif complexe qui nécessitait une installation technique conséquente. Voir à l'œuvre ceux qui installent l'instrumentation est aussi une partie du spectacle. Ecouter, voir la musique de notre temps, est essentiel et ceci dans une communion collective, receuillie et attentive
Partage d'instants musicaux rares, le festival abonde dans une ligne éditoriale fine et choisie, conviviale et surprenante

mardi 2 octobre 2012

Exposition Cage'Satie au MAC de Lyon.

Alors que le festival MUSICA rend hommage à John Cage, le MAC de Lyon, nous rapelle que ces plus belles connivences artistiques furent avec la danse: de Cunningham, à Paul Taylor ou Trisha Brown, le musicien est aussi influencé par Erik Satie.
Le premier étage réunit 12 oeuvres sonores diffusées de manière aléatoire et spatialisée : Cheap Imitation, Chorals, Etcetera, Extended Lullaby, Four3, Furniture Music Etcetera, Socrate, Sports et Divertissements (Perpetual Tango and Swinging), Song Books (Solos for Voice 3-92), Sonnekus², Two6, et Letter(s) to Erik Satie. Accompagnée d’extraits vidéo rares, résultant de collaborations avec le chorégraphe Merce Cunningham, de partitions et de documents issus de C.F. Peters/Peters Edition et de la New York Public Library, Cage’s Satie: Composition for Museum sollicite autant l’écoute que le regard.
Au deuxième étage, deux oeuvres largement inspirées par Erik Satie sont installées : James Joyce, Marcel Duchamp, Erik Satie: An Alphabet (1982), une pièce radiophonique fantasque présentée dans une configuration sonore inédite, et la très surprenante The First Meeting of the Satie Society (1985-1992) qui unit poésie, performance, art visuel, sculpture et musique. Cette dernière oeuvre est conçue comme une collection de « cadeaux » à l’intention d’Erik Satie. John Cage invite plusieurs artistes à remplir une valise en verre fissurée, inspirée de Duchamp, de leurs mots et images, réunis manuellement dans huit livres. Autour de John Cage, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Sol LeWitt et Robert Ryman apportent leur contribution artistique à l’oeuvre. Le macLYON présente également la collection personnelle de John Cage de « souvenirs de Satie », dont le fac-similé de Vexations, rarement vu.

lundi 1 octobre 2012

Bob Wilson à MUSICA: surtout ne "rien dire, ne rien faire"

Robert Wilson se fait attendre ce dimanche, fin d'après-midi à Strasbourg: à la Cité de la Musique et de la Danse, c'est l'événement, une création avec le maestro sur scène, rien que pour le public.Le festival Musica peut s'en énorgueillir.
Voici "Lecture on Nothing": un texte de John Cage de 1949, interprété, conçu et mis en scène par Robert Wilson sur une musique de Arno Kraehahn.
L'homme est déjà sur scène alors que le public s'installe. Seul, assis à une table dans un univers tout de blanc: le sol est jonché de papier journal froissé, des cubes de cartons empilés et des slogans barbouillés en noir sur des toiles blanches, comme autant de dazibao, feront office de scénographie.Musique bruissante: tout commence dans le chaos, puis c'est la vois de l'acteur qui démarre la lecture, doucement, tendrement caressant les pages et soulignant par geste lent, les lignes d'écriture. En anglais, avec tous les sons de la langue, les phrases simples, les mots justes pour exposer l'histoire de Cge avec la musique: son passé, son écriture et tout ce qui l'agace dans la tradition musicale.
Le ton est juste, dosé, posé, tranquille. L'humour aux lèvres, grimé de blanc, Bob Wilson emplit le plateau de sa présence charismatique. Il se déplace une seule fois pour intégrer un lit-sofa, blanc et y trouver repos et sommeil alors qu'un portrait en vidéo continue le monologue.
Juste un ton plus haut où Bob Wilson -Cage bien sûr- hausse le ton de sa voix profonde et forte.
Cette "lecture" édifiante se termine sur un clin d'oeil au Texas, cette contrée où l'on ne fait pas de musique parce qu'il y a des disques!!!
Et le silence de se recomposer pour amener à la méditation, tout de blanc revêtue.
La scénographie est lumineuse, sobre, très plastique et chaque pose, chaque geste ou attitude est une composition picturale où l'on souhaite encore plus d'arrêt sur image, tant la préciosité de la gestuelle, l'économie des moyens est efficace.
Oui, ne "rien dire" ne rien faire est difficile et Bob Wilson excelle dans la mesure, la durée du temps, le statique pour mieux faire se décaler, se déplacer les choses.
Beau travail, maestro!