mardi 29 novembre 2011

"Mues" installation chorégraphique de Nicole et Norbert Corsino: la théâtralité spectrale de l'icône chorégraphique

Ces deux chorégraphes de l'image qui ont depuis presque trente ans basculé de la scène à l'écran sont aujourd'hui auteurs des plus pertinentes fictions chorégraphiques, écrites pour de nouveaux territoires de la danse.Ils ont inventé sur la page blanche des écrans l'écriture singulière de leur imaginaire, basé sur les plus solides et innovantes techniques du monde de l'image et des signes virtuels. Leur dernière création présentée à l'occasion du Festival de Danse de Cannes 2011 en est la plus impressionnante illustration.
"Mues" est le titre de cette nouvelle œuvre, installation présentée dans l'espace dépouillé de la salle "Miramar" à Cannes.Entièrement dédiée à une réflexion sur la nudité, l'apesanteur et l'extrême virtuosité d'un ralenti du mouvement, cette installation de six écrans de format rectangulaire, posés à la verticale sur des supports, se révèle aux sensations du spectateur, immergé dans une atmosphère d'un calme et d'une sérénité radieuse.
Le corps nu y est exploré à travers la lente chute ou le paradoxal rebond d'un corps dansant. L'illusion du ralenti extrême touche et fait se mouvoir notre pensée au rythme de cet exercice inoui du corps en quasi apesanteur.
Chaque écran est un tableau mouvant qui offre en perspective une approche de jamais vu, de jamais vécu tant le fondu, le flouté est synonyme d'anti-gravité, de rêve non incarné de chute sempiternelle d'un corps léger, diaphane quasi fantomatique.
La texture en semble immatérielle, comme une cire translucide qui fait se renverser les codes, basculer les principes et critères reçus de verticalité, d'horizontalité. On échappe ainsi à la gravité, on s'affronte à l'irréel par l'analyse complexe des données du mouvement passées au crible par la scientificité des outils . La 3D entre autre qui modélise ces corps suspendus, immergés comme dans une eau scintillante de lumières.
Quelques icônes réagissent au passage du spectateur, les mots d'un texte-écran se lovent dans la danse de celui qui fait face à l'écran. Les mots inscrits dansent, se transforment, muent comme des chrysalides, des enveloppes qui se déploient.Une expérience unique de chacun donne vie au corps du texte. Lui permet de prendre forme, volume et volutes au gré de la déambulation.
Une autre image encore: celle d'un corps féminin, gracile posé dans un parterre d'herbes fines, mobiles, stabiles, mues par un mouvement incessant.
Belle rêverie poétique à la lisière de nouveaux horizons pour les Corsino.Une grande sobriété des effets en place confère à cette mise en espace du "ralenti" ,à cette fiction du mouvement qui n'existerait que sur l'écran un caractère fascinant, hypnotique Absorbant aussi, proche d'une méditation, d'une spiritualité de la démarche des eux créateurs dans son acceptation  d'intelligence du monde au delà des apparences. "Mues" c'est aussi la métamorphose du corps, sa splendeur virginale, éprouvée ici par son aspect spectral, laiteux, virtuel.
Une fois de plus, cette danse de l'impossible est rendue perceptible, visible comme une expérience des sens en alerte, en éveil. De quoi brouiller les pistes du sensible par une sensualité des médias employés. Et de surcroit revoir la danse comme "médium multiples" qui tisse et conjugue la beauté.

Festival de Danse de Cannes 2011: les "mythologies" de Frédéric Flamand

Pour Frédéric Flamand , actuel directeur du Ballet de Marseille, cette édition du festival de danse fut une "première" en tant que programmateur. Une façon de plonger dans une thématique qui lui est chère, "les mythologies" de notre temps qu'il décline en tant que chorégraphe depuis ses débuts, au Plan  K à Bruxelles, lieu mythique de tous les possibles, de toutes les rencontres artistiques dans les années 1980...
Ici, il ne faillit en rien à cette "obsession" salvatrice qui libère une partie de son imagination de programmateur qu'il assume avec rigueur et audace.Les spectacles y sont le reflet d'une création contemporaine très inspirée, la démonstration (s'il le fallait encore) d'une assurance de ses choix, pointus, en empathie avec autant sa propre mémoire de chorégraphe (voir son spectacle "Moving Target" des années 1996) que le démarrage  sur la scène de jeunes écritures de la danse actuelle.
Allons-y voir de près pour découvrir dans cette seconde catégorie, le sublime trio de la compagnie Ovaal, "To Intimate". Les chorégraphes et interprètes en sont Marc Lorimer et Cynthia Loemij, accompagnés au violoncelle live par Thomas Luks. Anciens danseurs de chez Anne Teresa De Keersmaeker, les voici immergés dans leur propre écriture, sensuelle, fluide, faite de multiples touches de désir, de plaisir qui donnent poids et gravité à un travail en dentelles de précision et de netteté du geste. Le duo est sobre, lui, ferme et gracile, elle en robe vintage, femme, attirante et simple, souriante, attractive. Leur histoire se partage sur le plateau avec la complicité singulière d'un violoncelliste qu'ils frôlent, leur échappe ou bien s'insinue dans leur espace. Un merveilleux jeu et déplacement de trois chaises en font une partition d'objets musicaux qui unifie leur démarche.En joués, mutins, émerveillés par ce qu'ils font et la danse qu'ils pensent si justement dans l'instant de l'existence qu'ils lui confèrent.Une pièce unique, rare qui se distille comme un alambic le ferait d'un bel élixir, ou une clepsydre de l'eau et de l'écoulement du temps. Une recherche qui fait mouche dans le panorama de cette "danse de chambre" à trois, formation majeure pour des instants en mode mineurs qui touchent et s'imprègnent nos sens et notre écoute. Un écrin pour la danse qui le laissera pas indifférent.... La communion des corps qui se frôlent, se touchent, se repoussent s'aiment ou s'ignorent est le plus bel acte de revendication d'un dialogue, loin de l'inhumaine communication de masse que nous imposent aujourd'hui les médias et leur flot d'images compulsives!Un face à face, un duo-duel qui a de l'allure, de l'allant et un fort gout de plus belles couleurs de parfums évaporés.

La compagnie de Michael Clark, programmée à la suite de cette ode à l'humain, fut un contraste troublant. Avec son "Come, been and gone" le trublion de la danse que nous connaissions de l'époque de Karole Ermitage s'est quelque peu assagit: il nous livre un hommage à ses propres "mythes", le rock, celui de David Bowie, de Lou Reed, de Iggy Pop.Un florilège très personnel qu'il revendique comme ses maitres à penser, à danser, à voir le monde."Rock is my rock" affirme Michael Clark et Brian Eno y est convoqué avec les fantômes de Kraftwerk et The Velvet Underground.Technique très virtuose à la Cunningham, poses, attitudes, versatilité du style où les directions opèrent un subtil jeu de volte-face vertigineux.Les danseurs se stabilisent, décrochent, renversent le bon sens et sèment une joyeuse polyphonie du geste, à l'unisson, en soliste, en autant de points dispersés dans l'espace. Les costumes, strictes, collent à la peau et arborent des couleurs flaschy, mode, sympa et aux lignes franches.Vitesse, agilité, complexité ajoutent à cette danse un zeste de distanciation salutaire qui ne fait pas oublier que le désormais "classicisme" de Clark est une "griffe" qui lui appartient , une signature lisible qui rend éclaboussante sa vitalité très domptée.

Aux lumière le fidèle Charles Atlas, l'homme plein de virtuosité dans le mouvement filmique, scénographique, qui accompagna Cunningham dans de folle parties vidéographiques et filmiques: une filiation efficace et tonique, loin d'une nostalgie ou de citations historiques.Clark est bien "moderne"!


Quant à la compagnie de Hofesh Shechter, le chorégraphe israélien coqueluche du public, c'est avec deux pièces pour hommes et pour femmes qu'il conquière la scène avec "Uprising" et "The Art of not looking back".
Sa danse quelque part héritée de Wim Vandekeybus et de La Batsheva Compagny est animale, virile et expose l'état d'oppression des corps, de guerre des forces vives qui s'affrontent et se coltinent à la violence.Puissance, rythmes appuyés des pas, des sauts des accolades et combats font de cette pièce une illustration percutante de l'art de la guerre politicienne, celle de l'humiliation, de l'étouffement des corps bafoués.Hommes puis femmes y expriment la volonté plaquée sur eux de l'autorité du chorégraphe qui en fait ses instruments de prédilection pour dénoncer doctrine et enfermement. C'est juste, rude, abrupte, en bloc, sans faille et sans possibilité de s'évader. Trop de tensions cependant nuisent à la réflexion: les idiomes sont dictés, pas de dialogue possible, on y étouffe comme sous un régime dictatorial et l'on souffre de manque d'oxygène. Mais n'est-ce pas là justement que se trouvent les enjeux que dénoncent la danse de Shechter par excellence?

MOVING TARGET
En programmant sa propre œuvre de référence, Frédéric Flamand prouve que depuis 1996, sa quête sur les mythologies se confond avec toute la construction de son univers chorégraphique et scénographique. Avec comme complices les scénographes, architectes et penseurs américains Diller + Scofido, il échafaude un monde virtuel fort et vraisemblable au point de faire fusionner vraisemblable et inouï. Utopie ou hyper réalité, on ne sait plus quel topos habiter, quelle pensée accompagner pour mener une destinée sensée. Le décor est planté dès les premières images du spectacle. Tel un chantier d'autoroute, barres, panneaux de signalisation, barrière jalonnent l'espace et les danseurs s'en emparent comme des prothèses, des obstacles, comme autant de handicap à surmonter.Vêtements fluos de chantiers, spots publicitaires à rebond et répétitions, le ton est jeté et l'on embarque au pays de l'absurde dans une hétérotopie  singulière. Celle de Defoucault que Flamand se plait à citer. Le monde des autres, des espaces autres, où se meut l'humanité fébrile.C'est beau, emblématique et la poésie puissante de cette évocation des espaces à conquérir est édifiante, convaincante. Les textes et vidéo parsemés durant  le spectacle donnent cette touche d'imprévisible et scandent le tempo.
Un immense miroir tendu au dessus des danseurs fait effet mécanique de doubler l'espace et transforme les corps vivant en autant de hiéroglyphes ou idéogrammes à déchiffrer.Comme un "codex", un livre référent ouvert à une autre lecture de l'univers. Ces petits bonshommes grouillants sur la toile expressionniste sont esthétiquement remarquables et font basculer la gravité avec humour et détachement. "Moving Target" fera date dans l'histoire de la scène et sa "résurrection" est un baume qui soigne les mots et les maux du monde pour une vision pas si absurde que cela de l'univers moderne.


Alors Frédéric Flamand, le fantaisiste, fit un petit écart de programmation avec la pièce multiforme et polyphonique "Emelyne House of Shame" de Christophe Haleb. Un flot insaturé de fantaisie scénographique dédiée au salon des Ambassadeurs du Palais des Festivals à Cannes. Un vent de folie souffla trois heures durant sur le public convié à une party échevelée, disjonctée, au ton provoquant autant que bonenfant!
Puis, avec la programmation judicieuse de pièces chorégraphiques dédiées au Junior Ballet de l'école de Rosella Hightower qui célébrait ses 50 ans, le ton était fort différent mais non moins scintillant et astucieux. Des chorégraphies de Bagouet, Maillot et d'autres chorégraphes "maison" permettaient à de tous jeunes interprètes de se frotter à des univers différents, variés. De très belles prestations, de la danse pensée, vécue de façon très mature par des danseurs non formatés, d'une belle sensibilité.

La compagnie d'Emio Greco, chorégraphe radical et radieux, italien présentait "Rocco" une libre adaptation de l'univers du film "Rocco et ses frères" de Visconti. Evocation de la boxe, certes, dans une scénographie en forme de ring, mais bien plus que cela. La vitesse, le mouvement, les touches, les esquives foisonnent dans deux duos successifs, ceux de Mickey costumés, caricature d'arbitres, masquant la réalité triviale de ce sport de combat Duo aussi de danseurs loin des canons glorieux de corps d'athlètes qui se cherchent sur le ring. Puis tout tourne autour d'un quatuor final somptueux où force et amour se conjuguent au delà de la violence ou du combat. Une pièce sobre et envoutante où la tension, maintenue sur le fil est un plus dans l'exposition d'une réflexion sur la précipitation du monde. Son anxiété, ses angoisses, sa lutte pour la survie.

Le festival par la pertinence de son fil d'Ariane, les "mythologies" est un événement réfléchi, conducteur de sens et de partage de visions multiples sur nos possibilités d'échapper à la confusion omniprésente de tout et de rienque l'on nous jette en pâture à chaque instant. De bonnes clefs pour ouvrir d'autres portes!

jeudi 24 novembre 2011

Barbie John Galliano, exclusivité!

Voici un secret de fabrication made in "Odile Galichet" en hommage à notre trublion de la mode!!!

samedi 19 novembre 2011

Cabaret - Rock

les danseuses de Julian Opie


Toujours à la FIAC 2011



Faux Degas (des eaux)

Vues à la FIAC 2011.....

Danseuse "abat-jour"

Voici une belle trouvaille "abat-jour"au restaurant de nuit "Le bon bock" à Paris!!!

dimanche 6 novembre 2011

"Pudique Acide /Extasis": Mathilde, puisque te revoilà!...Avec Jean-François...

Il ne manquait plus que cela!
Que nos deux oiseaux chorégraphes agitateurs des années fastes de la Jeune Danse Française, les années 1980, reviennent à la charge en exhumant leur répertoire de jeunes chiens fous....

La mémoire de la danse, son patrimoine, son Panthéon accueille aujourd'hui deux pièces clefs, emblématiques de l'écriture insolite, signatures personnalisées de Mathilde Monnier et Jean-François Duroure.
Aujourd'hui, sagement et respectivement pour elle,directrice du Centre Chorégraphique de Montpellier et pour lui directeur de la danse au Conservatoire de Strasbourg, nos deux "cols blancs" ont le vent en poupe et déclenchent une avalanche d'articles de presse, de manifestations autour du thème de la "passation" du répertoire contemporain.
Né de leur désir de chorégraphier en défiant à l'époque l'enseignement de leur maître, Viola Farber issue de l'Ecole Cunningham, ces deux pièces nous rappellent que si le temps passe, l'actualité de leur démarche demeure cohérente et crédible. Défier le "père", la mère en l'occurrence, savoir dire "non" sans faire table rase. C'est l'école de la nonchalance, du débridé, du politiquement incorrect: de l'insolente indolence du "pas- sage". Jamais à vide. Plutôt avide de sens, de désinvolture feinte, de faux laxisme dans une rigueur flagrante et obligée. La technique est présente, exigeante et c'est entre autre ce que le "couple", binôme bicéphale de l'époque tente de transmettre avec l'esprit du moment.
Mais la jeune génération de danseurs interprètes n'en est plus là, ou les corps sont déjà ailleurs. Ils sont bons danseurs, trop bons danseurs pour se frotter à ces ébats ludiques en froufrou de tulle, en kilt  kitsch... Le "désuet" les surprend, les interroge. Du pas sérieux à l'époque de l'explosion de la jeune chorégraphie en France?
Alors les deux danseurs-Sonia Darbois et Jonathan Pranias- des deux pièces ressuscitées y vont de leur punch, de leur inventivité en matière d'interprétation et le bonheur est alors sur le plateau! On ne reproduit pas l'énergie ou le tempérament de l'autre. Ce ne sont pas les clones, les doublures des deux protagonistes d'antan, de jadis et naguère. On capte, on digère et on refond à la manière d'aujourd'hui: ça malaxe, ça remixe, ça refaçonne et ça fait matière à une danse joyeuse et grave, frissonnante, chavirée, chaloupée comme dans la houle.
Pas besoin de bouée de sauvetage: le patrimoine tient bon la route, le cap de la fragilité est maintenu, au beau fixe!

"Pudique Acide/ Extasis" à Pôle Sud STRASBOURG les 22/23/24 Novembre à 20H30
Rencontre avec Jean-François Duroure le lundi 21 Novembre à 18H30 à la Cité de la Musique et de la Danse
workshop speed dating samedi 19 Novembre
http://www.pole-sud.fr
www.le-maillon.com

"Hellerau, l'atelier de l'art du futur": du sur "mesure" rythmique et architectonique pour Jaques-Dalcroze

Le Maillon à Strasbourg consacre une exposition concoctée par Claire Kusching et Anne Mariotte, au foyer culturel pluridisciplinaire,bouillonnant, la cité-jardin de Hellerau en Allemagne,créée il y a 100 ans. Symbiose entre l'architecte Heinrich Tessenow, le théoricien du théâtre Adolphe Apia et le pédagogue suisse Emile Jaques Dalcroze.Mais qui est ce dernier qui a su inspirer et mobiliser autant de forces autour de son projet?
Un musicien, un pédagogue et un théoricien de la danse, né en 1865, disparu en 1950.
De formation musicale et théâtrale il s'appuie sur Mathis Lussy, dont les recherches de pionnier sur le rythme, l'influenceront profondément.Compositeur, auteur de moult chansons, il est professeur d'harmonie et de solfège à Genève, voyage comme chef d'orchestre (les rythmes du folklore algérien arabe l'enchantent)...Il met au point la technique d'apprentissage Dalcroze et peu apprécié dans son pays par son audace, il part à la demande d'un mécène allemand conquis par ses méthodes novatrices mêlant médecine,musique et éducation.
Un institut se construit à Hellerau, pour lui de 1911 à 1914: il y poursuit ses recherches, puis retourne en Suisse dès 1915 où il établit son institut. Il consigne ses méthodes dans un ouvrage en 1920 ,"Le rythme, la musique, l'éducation", met en scène des spectacles pour enfants....Il combat ardemment la notion de "virtuosité" au profit de "l'audition intérieure". Constatant combien le manque d'oreille musicale et le sens du rythme d'une bonne partie de ses élèves font défaut.L'application de règles théoriques ne tiennent pas lieu de musicalité à son sens!
Doué d'un sens aigu de l'observation, il constate qu'il n'y a pas d'élève présentant un défaut de réalisation musicale, "qui ne possède corporellement ce défaut".Il se met à rêver d'une éducation où le corps jouerait lui-même le rôle d'intermédiaire entre les sons et la pensée. Il se met dès lors à faire marcher ses élèves sur les rythmes de la musique, les fait réagir à ses accents,leur en fait traduire par les gestes les phrasés, les nuances, les mesures.Ainsi nait la "Rythmique": il invente des milliers d'exercices dont témoignent plus de 90 volumes manuscrits! Ses observations l'amènent à définir l'arythmie musicale et son pendant, l'arythmie corporelle, puis à trouver les moyens d'y remédier, donnant ainsi à la Rythmique ses assises méthodologiques.
La danse du XX ème siècle en sera fortement influencée: Nijinski s'en inspire pour "Le Sacre du Printemps "en 1913. Il révolutionne ainsi avec Marie Rambert son élève la façon de faire bouger les danseurs sur la musique percussive de Stavinsky.Marcher sur un rythme en faisant des gestes sur un autre: ce sont les accents toniques!(voir ouvrage "les carnets du théâtre des champs élysées" consacrés au sacre) 1990 pages 21/ 54/55
Un exemple radical d'innovation, un homme pionnier et intègre au service des nouvelles visions du corps, de l'art!!!

Rencontre au Maillon à 18H 30 sur Hellerau et intervention de Geneviève Charras sur Jaques Dalcroze le 9 NOVEMBRE

"DANSER sa vie" :exposition phare au Centre Georges Pompidou: la danse dans les e-toiles!

Enfin, une exposition où l'on va découvrir tous les fils, les liens intimes de la danse et des arts "visuels"!
Si l'on ignorait encore que Mary Wigman fut la complice de Kandinsky ou de Kirchner, si Joséphine Baker fut le premier modèle de l'œuvre en fil de fer de Calder, si Paul Colin croqua la même artiste pour les affiches de La Revue Noire, l'offense est désormais réparée et le rêve s'incarne.Grâce au travail acharné de Christine Macel et Emma Lavigne, conservatrices au Musée National d'Art Moderne. De quoi parcourir l'aventure de Terpsichore avec les média qui s'offrent aux peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes pour laisser sa place à la danse, à ses rythmes, ses variations ses compositions, ses couleurs et multiples "combines", inspirant moult grosses pointures de l'art. De Matisse, à Rodin, Bourdelle à Degas, Rauschenberg à Warhold, les petits pas dans les grands vont nous être servis avec des œuvres enfin réunies pour laisser voir, entendre et ressentir toutes les résonances et complicités des arts "mouvants" Les connivences ne sont pas rares et l'on aura lieu dans reparler.
L'exposition démarre le 23 Novembre au Centre Georges Pompidou. A vos cimaises, prêts, partez!!!
"Regarde la peinture de Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Ils utilisent la toile comme moi j'utilise la scène" dixit Merce Cunningham...
Y verra-t-on aussi les traces laissées par le corps de Trisha Brown lors de ses performances, les décors -dessins de Merce Cunningham pour sa pièce" Polarity" issus de son fabuleux bestiaire (voir Other Animals"), les toiles d'Angelin Preljocaj, les décors de Philippe Favier pour Jean-Christophe Maillot???
Mais Sophie Taueber-Arp sera bien justement évoquée et hommage sera rendu à cette danseuse-performeuse-plasticienne encore peu reconnue en Alsace, entre-autre!
www.centrepompidou.fr

Steven Cohen: "The Cradle of Humankind": Laissez Lucy faire....

Le Festivald'Automne prend toujours les "bons risques" et le retour de Steven Cohen sur la scène de sa dernière édition est un beau challenge.
Ce plasticien, performeur, si proche de la danse, venu de Johannesburg, artiste blanc,homosexuel et juif (on songe à Robyn Orlin, également blanche juive...) nous livre ici une œuvre inédite, atypique, insolite à tout point de vue.Une rencontre d'abord: celle avec Nomsa Dhlamini, femme noire, sud-africaine, juive, 90 ans et quasi incapable de se déplacer.Complices de toujours, elle et lui vont bâtir devant nous une scène primitive, archaïque à la recherche des nos racines humaines, de l'homo-sapiens, du singe, de nos origines.
En bref, une ode au berceau de l'humanité, à partir de l'évocation d'un site classé au patrimoine de cette même "l'humanité", près de Johannesburg.Ces grottes ont inspiré à Steven Cohen, des images filmées lors d'une performance dans ce "berceau", siège de ses fantasmes quant à nos origines et à notre ultime destination: la mort,le corps, ses ossement, son archéologie, sa momification. Les "restes" de notre existence et passage sur terre.Images aussi de primates, dévorant leur propre chair dans leur  biotope d'origine. Pas de tendresse ni de mensonge dans cette évocation très crue de la vie animale et humaine!
Nomsa est impressionnante: à moitié nue, dévoilant un corps usé, patiné par le temps, vêtue d'un tutu blanc, symbole de tant de modèles, répression ou domestifications multiples du corps, la voilà qui prend la scène et une heure durant y arpente, lentement, un espace indéfini.Vanité de vanité! Steven Cohen plonge à bras le corps dans un trivial voyage au centre de la terre nourricière, de son élue, notre "Lucy" exhumée pour un soir, spectre bien vivante, errant sur le plateau à la recherche d'un autre. Elle le trouvera en la personne de Cohen, investi dans la performance comme un compagnon, un guide, un appui solide vers une destination inconnue.
Très tendre et émouvante cette pièce fait acte de modeste, d'humilité, de vérité Les deux interprètes, sobres et inspirés demeurent naturels, spontanés, honnêtes et dénués d'égo.Politique, racisme, éthique sont évoqués en filigrane, avec habileté et sans tambour ni trompette, sans didactisme ni prosélytisme. Du bel ouvrage pour conter l'histoire de l'Afrique du Sud, prise à bras le corps. "Nous sommes devenus des enfants anciens, poilus et effrayants". Les grottes évoquées sont "des antres de possibilités, elles ont quelque chose de secret, de caché, de profond et d'obscur", comme cette rencontre amoureuse entre deux êtres marqués par leur histoire, pas toujours très simple, faite de strates, comme le palimpseste de la vie du corps.

"Si Viaggiare": Marco Berrettini, cosmonaute en "combinaison", fils de l'air!

Il "décolle" pour une planète lointaine, pour un voyage intersidéral, entre rêve et fantasme, renouant avec le mouvement, clouant le bec à la parole ou à la conférence dansée, comme il nous y avait habitué entre autre lors de sa résidence, passage remarqué à Strasbourg, organisé par Pole Sud en 2006/2007.
Marco Berrettini, le trublion de la scène chorégraphique, oscillant entre cabaret nostalgique disco et scène performative très contemporaine est de retour au Festival d'Automne, au Théâtre de la Bastille.. Ici se sont neuf individus étranges, affublés de casques de cosmonautes qui vont investir la scène et prouver, s'il le fallait, que la "communication" entre les êtres vivants, n'est pas simple et affaire de manipulation, de fausse médiatisation artificielle.Combinaisons de rencontres, de conflits, de tendresse et de rejet. Tout ici dépeint une humanité qui se cherche, et s'empêtre dans des embuches tendues par le pouvoir."Rencontre": c'est le cheval de bataille de cette pièce, où le vêtement, le casque symboliserait les obstacles justement à la "rencontre" avec l'autre: autant de masques, de paravant, de boucliers pour se protéger du corps de l'autre, de son espace, de sa bulle. Alors la danse y va tout droit dans cette faille béante, ouverte à l'envi au désir de briser les barrières. Cela donne le ton à des variations très poétiques de couples en couples comme des partitions à deux, exécutées dans une petite unisson qui cherche à agrandir son fief d'exploration. C'est beau, c'est tendre et attirant, généreux et palpitant. On en sort convaincu que l'homme n'est pas un loup pour l'homme et que l'utopie n'est pas de l'onirisme mais peut être une planète où les corps ne seraient pas en lévitation, mais bien debout, à s'entendre, se fréquenter, se toucher de près!
"Communiquez", il en restera toujours quelque chose...."Dansez", alors vous vivrez vraiment ce sentiment là de se relier à l'autre sans fard ni truchement de nouvelles technologies fallacieuses. L"interactivité" est bien celle des corps!

"Laughing Hole": quand Maria, La Ribot part en "ribotte", ça" carton "!!!

Elle tire sa révérence, termine sa résidence à Pôle Sud à Strasbourg: c'était ce 5 Novembre dernier à L'ENSAD de Strasbourg, une ruche en proie à un doux désordre organisé. L'école des Arts décoratifs, sous la houlette de Otto Teichert, son directeur, accueillait cette "performance organisée", saluant ainsi le travail de tissage de liens étroits qu'il défend entre les arts plastiques et les arts du spectacle vivant.18H : tout démarre avec une joile file d'attente, venue pour assister à ce qui n'aura lieu qu'une fois, un événement, un "event" à la La Ribot, déjà fort riche d'expérience multiples en la matière. Protagoniste de la pièce chorégraphique, vendue comme œuvre d'art à des collectionneurs, la voici en passe de devenir scénographe d'un grand soir, avec sérénité, surveillant ses troupes avec sérieux et bonhomie.Trois performeuses, dont Marie Burger Chassignet en pleine ébullition s'emparent du sujet. Elles attaquent la soirée par des rires convulsifs, se jetant dans la bataille à leur corps défendant. Sur un sol jonché de cartons, elles se donnent à loisir, à l'envi et nous révèlent les contenus linguistiques de ces panneaux où sont gravés au feutre des slogans, tels des accroches publicitaires: "clean up", "Guantanamo beach" sont autant de cris couchés sur le carton, matière brute et abrupte . Pas noble, celle du SDF, du provisoire, de l'emballage. Cela fonctionne comme des cadavres exquis où les mots, les adjectifs sont autant d'injonctions à la révolte, au plaisir, à la provocation. Les alliances hasardeuses et aléatoires en font des rébus chaotiques, surprenants, déroutants. Les trois performeuses scotchent les panneaux au murs qui peut à peu se revêtent d'une seconde peau, tapisserie improbable, îlot de revendications artistiques, proche du monde du travail. On "manifeste" ici comme dans un lieu de labeur. Plaisir ou contrainte des artistes qui semblent obéir au dictat de la chorégraphe? Elle leur fait exécuter une performance physique hors norme:rire aux éclats sans cesse, entre larmes et fou rire. Vêtues comme des travailleuses, techniciennes de surface de l'art comptant pour rien (content pour rien) ou contemporain. Que prendre, que jeter dans cette confusion des lieux, des propos, des genres. Tout est bon chez La Ribot, il n'y a rien à jeter. L'art est bien ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. Alors, si la danse, c'est la vie, vous voyez le reste... Pendant ce temps les étudiants des arts déco, affublés de perruques identiques, années 1950, s'ingénient à faire bouillir la marmite: soupe à l'oignon et autres parfums inondent les locaux de l'Ecole transformée ce soir là en vaste laboratoire exploratoire. C'est leur "Sentimental Market" pour marquer leur territoire face à la force et la saine concurrence du spectacle vivant. Aux cuisines (des salles de cours transformées pour l'occasion) le tableau est éphémère et les cuisiniers d'un soir vendent aussi leur "soupe". Trafic intense dans cette grotte, caverne d'Ali Baba, "Laughing Hole"- caverne rieuse-où la démesure fait bon genre. Faut-il en rire ou en pleurer? Dans quel "état de corps" le spectateur est-il investi? La confusion, l'empathie, la sympathie du geste créatif, du processus de création ainsi partagé avec La Ribot et ses complices?
En tout cas, la "danse performative" semble avoir devant elle encore de beaux jours et susciter l'intérêt du public et des initiateurs de cette performance.Jusqu'où, jusqu'à quand?Pour ainsi dire, La Ribot, fauteuse de trouble, de "fête populaire"nous le fait vivre en temps réel: profitons-en et laissons lui faire faire "ses cartons" dans la joie et le délire. On se quitte dans la liesse et c'est bien ainsi!!!