mercredi 29 juin 2011

"l'Accroche Note": sans bémol,un ensemble "accroche coeur", en chambre, en "corps"!!!

Françoise Kubler et Armand Angster, fondateurs de l'ensemble de musique contemporaine "Accroche Note"sont sans conteste des artistes hors du commun.
Tous les ans, ils "comètent"et concoctent trois soirées de musique de chambre, dédiées aux répertoires classique et contemporain: histoire de tisser des liens entre les genres, les époques, les styles et les auteurs!
La première soirée en compagnie du quatuor turque Borusan fut un régal.
Pourquoi? Parce que la musique y prend corps! Tout simplement!
Quand Françoise Kubler, soprano, y interprète "Je brule dit-elle un jour à un camarade" de Philippe Leroux, c'est du verbe incarné qui surgit au tournant d'une phrase, d'un phrasé musical tout de mot vêtu, tout de syntaxe revêtu! La grâce incarnée, la chair musicale traversant le corps gracile et robuste à la fois de la chanteuse.
Quand Armand Angster ,clarinettiste, s'empare de son instrument dans l'œuvre de Weber "Quintette opus 34" c'est la même prise qui opère: celle d'un corps de musicien aux prises avec la mélodie, le souffle incarnant la musique et créant le son, inouï d'un interprète au plus près de la musique, lui donnant sens et matière, tissu et texture! La peau et la résonance des notes crée alors des êtres musicaux de chair et de sang, présents, forts, bien trempés, campés dans la musique et nulle part ailleurs!

Petit rappel:

Accroche Note : « Nota bene » !
Pas une fausse note dans le parcours de cet ensemble dédié à la musique d’aujourd’hui, musique « en chambre », musique « de chambre » largement élargie à tout le répertoire contemporain, à tous les publics, présent dans de multiples manifestations.
« Etonnez-moi » talonnait Diaghilev à l’oreille de Cocteau….Un leitmotiv récurrent pour Accroche Note qui y adjoint volontiers « De l’audace, toujours de l’audace » pour inventer une musique inouïe, inédite. Aux côté des plus inventifs, des compositeurs voués à la recherche et à la découverte de nouvelles sonorités, de nouvelles alliances philosophales. Des pierres qui bâtissent de nouveaux concepts de rencontres, de résidences, comme autant d’îlots ou de continents selon les ambitions portées .Des « commandes »aux jeunes compositeurs, un soucis de patrimoine et de répertoire contemporain, des programmations mixtes qui allient passé et présent dans un tissage « intelligent » dans l’idée de relier ce qui peut l’être.
Les « quatre saisons » de la vocation de l’ensemble porté par la voix de Françoise Kubler et le souffle d’Armand Angster, font fleurir et grandir la perception et la médiation de la musique de notre temps….en temps réel.
« La note »s’il vous plait !!! De suite ! Sans un bémol !
Geneviève Charras

"Ni à vendre, ni à louer": une chorégraphie de l'image de Pascal Rabaté

Le film de Pascal Rabaté , auteur de BD, n'est pas sans rapeller deux petites perles du genre, cinéma muet où la bande son et le geste sont de mise!
"L'iceberg" et "Rumba" du trio infernal des réalisateurs, chorégraphes, acteurs belges Abel-Gordon-Remy faisaient déjà songer à Jacques Tati en plus chorégraphique, la mise en espace des corps et la gestuelle, plus élaborée.
Ici, pas de dialogue, peu de son émanant des corps, mais une bande son au top du genre, hors champ s'impose!Le film est drôle, humoristique, les situations banales, les saynètes jubilatoires et les acteurs plein d'une bonne volonté et d'un charme discret.
Gamblin, De Meideros et bien d'autres comédiens flirtent avec la danse, le geste précis; le décor, les paysages de Saint-Nazaire et environs, l' "hotel de l'Océan", tout est prétexte à une lecture simple et pas simpliste, à un plaisir subtil et à un déroulement dans le temps et le timing d'un film muet.
Les personnages font du camping dans un espace improbable où chacun trouve sa place: un couple de vieux amoureux habitent leur "mes Assedics", une famille touchante loge sous tente et tout va vaille que vaille, sans faille. Une famille endeuillée est prétexte à des jeux de hasard et à une mise en scène déroutante. Une tempête liquide le camping et renverse caravanes et boites au lettres, découvrant le lendemain matin après le déluge, les protagonistes à l'horizontale, comme dans certains films chorégraphiques ou chorégraphies de Trisha Brown.
Un film à "louer" sans aucun doute, qui fera peut-être peu de "bruit" par son mutisme car il est discret et modeste, sans tambour ni trompette: chut! Que le bruit se répande cependant: allez l'entendre, le voir, le regarder comme un objet cinématographique unique et singulier....Tati en serait ravi!

"La Pavlova": la mort d'un cygne!

Décidément, les "vide-greniers" sont des terres d'abondance! Trouvé "La Pavlova" de Walford Hyden, éditions Gallimard 1932 pour 1 Euro....La collection "les contemporains vus de près" éditait ce très beau témoignage d'un compagnonnage, celui du chef d'orchestre du Palace Theatre de Londres, avec une ballerine hors pair qui fut la partenaire de Nijinsky entre autre dans "le spectre de la rose" du temps des ballets russes de Serge de Diaghilev...Fokine lui fit cadeau de "La mort du cygne" et c'est de la mort de Pavlova que parle notre chroniqueur avec ferveur, émotion, dévotion."Plaudice Amici" est le titre du dernier chapitre voué à sa disparition: celle d'un oiseau, d'un ange, d'un cygne, d'une femme qui danse!"Tout à coup, elle commença à mouvoir doucement ses bras minces avec des gestes du cygne mourant" dans son agonie.Dressée pour se relever dans "la mort du cygne", ressuscitée dans "Gisèle", la mort, la vraie l'entraine. "Mais la danse d'Anna Pavlova est morte", symbole de la tragédie de la beauté, la beauté qui meurt. Heureusement l'intelligence de la chorégraphe Mathilde Monnier nous a fait ressusciter la grâce et son souvenir dans "Pavlova 3'23" en 2010, hommage non dissimulé à l'instant de la danse, à la mémoire à sa transmission ou à son ignorance. Que reste-t-il de Pavlova pour un contemporain qui ne l'aura pas vu danser? Du respect, du bonheur, des images et une mouvance révolutionnaire pour l'époque sur la musique de Saint Sens qui a marqué tous les esprits!:!!!

samedi 25 juin 2011

Madeleine Millot -Durrenberger publie un nouvel ouvrage photographique:"Invivable deux"

Sur les vanités, la collectionneuse strasbourgeoise avait déjà exposé, réfléchi à cette forme stylistique chère aux artistes: la mort, le crâne, les danses macabres, un thème récurent dans l'histoire de l'art. Et pour la photo, qu'en-est-il???
Vous en saurez un chapitre en acquérant la toute dernière parution de la collection d'ouvrages dédiés à la photographie plasticienne où Madeleine Millot a convoqué des rédacteurs de tout bord pour accompagner, souligner et prolonger le travail des artistes sélectionnés pour abreuver sa réflexion!
Et voici le texte accompagnant une photo de Salvatore Puglia "Vanitas" de 1993.qu'elle m'a confiée .
Où il est question du corps , de sa pérennité, de son effacement, de sa disparition, de sa perte: quand il ne danse plus, quand il ne danse pas!

VANITAS
Salvatore Puglia 1993

Ceci n’est pas un crâne.
Cerneau de noix, réceptacle de sot l’y laisse, creuset de clavicule, ceci n’est pas vanité de vanité….Abreuvoir aux oiseaux, en suspension, recto verso, flottant éperdu  dans son cadre de plomb comme un drapeau, une bannière se balançant à la brise. Peu conforme à la définition d’un genre curieux, venu des temps immémoriaux. Plutôt berceau, enclave. Creuset radiographique, cerné entre deux plaques de verre, gravées de graffitis étranges, énigmatiques, gribouillées, griffonnés à fleur de grés, non identifiables.
Lovées  dans les interstices d’une sculpture improbable, les volutes de cette sculpture improvisée se déroulent, s’emmêlent dans une voluptueuse  calligraphie radiographiée.
Face de crustacée, d’être archaïque, fossile des temps modernes, archéologie du futur.
Qu’adviendra-t-il de ce faciès béant, ouvert à tous les vents, figé, attentif au moindre soubresaut de la mémoire ? Os translucide, traversé par les rayons irradiants d’un processus de transparence. Qui pourtant ne dévoilera aucun de ses secrets.
Noix tranchée dans le vif, délivrant méandres, symétrie implacable et fantaisie de l’aléatoire.
Transparence qui ne révèle qu’une apparence de chair gouteuse, savoureuse.
Signes cabalistiques qui semblent conter après la bataille, les  pérégrinations d’une noix, vouée à un destin singulier, au-delà des pinces maléfiques d’un instrument dénommé « casse noix ». Et si d’aventure, les reliquats de cet épisode fatal étaient la mort ?
Danse macabre de la camarde, instrument de nos fantaisies sur la fin de nos destinées.
Face angélique d’animal marin, fossilisé à jamais dans les strates d’une glaise enrobante, manifeste de la futilité du passage trop bref de la vie hors des marées, hors des strates rassurantes de l’éternité. Comme une libellule déployée au sein d’un formol au cœur d’un bocal, consignée par des savants entichés de modernité, cet os spongieux se manifeste, volant, nageant, immergé dans un bain tiède hypnotique.
Vision déroutante de la science immergée au cœur de nos vies chancelantes.
Ceci n’est pas un crâne, ni une face béante d’animal fantastique. Ceci est lumière, ceci est frange auréolée, translucide, pénétrante d’incertain, d’inconnu.
Découpe au scalpel d’une tranche de vie, de mort, d’attente.
Scalp, découpe, profil banalisé. Intérieur dévoilé d’une tête décortiquée d’animal, d’homme voué au sort de chacun. Inéluctable, incontournable. Tel un poisson chat flottant avant d’amerrir à tout jamais, tel un poisson lune au plein de son épiphanie, voici l’icône épanouie de la camarde introvertie.
Geneviève Charras 

mercredi 22 juin 2011

"Pudique acide/ Extasis" à Strasbourg et Montpellier Danse 2011

En primeur, lors de l'avant-première du film "Pina" de Wim Wenders en Avril, Jean-François Duroure , directeur du département danse du conservatoire de Strasbourg, présentait la toute première de "Pudique Acide" avec les deux jeunes interprètes Sébastien Ledig et Francesca Ziviani.
Un régal de désinvolture et de laisser faire, laisser passer nonchalant, inhérent à l'œuvre de l'époque!!!!
Repris lors du colloque sur Laban à Strasbourg ce week-end dernier, cette pièce garde sa fraicheur, sa raison d'être et son impertinence: indisciplinaire en diable et belle comme un solstice d'été!!!!!

BNP Paribas: mécène de la danse: la banque gâte encore Emanuel GAT à Montpellier danse 2011

Une fois de plus BNP Paribas soutient la dernière création d'Emanuel GAT à Montpellier danse: "Brilliant Corners".
Rappelons que:
Danse contemporaine, nouveaux arts du cirque… Les arts de la scène s'enrichissent depuis des années de l'apport de créateurs, soucieux d'aller à la rencontre de nouveaux publics, aussi bien sur les grandes scènes que dans des lieux plus reculés ou insolites où leurs pas les conduisent en France ou à l'étranger.
Aide à la création, à la production, à la diffusion et à la promotion des spectacles sont autant de soutiens que leur apporte la Fondation BNP Paribas.
C'est ainsi qu'elle accompagne les parcours des chorégraphes Béatrice Massin (Compagnie Fêtes Galantes), Mourad Merzouki (Compagnie Käfig), Abou Lagraa (Cie La Baraka), Michel Kelemenis (Compagnie Kelemenis), Sylvain Groud (Sylvain Groud), Emanuel Gat (Emanuel Gat Dance),Georges Momboye,Pierre Rigal (Compagnie Dernière Minute), Alonzo King (Lines Ballet), Vaclav Kunes ou des artistes de cirque contemporain tels Aurélien Bory (Compagnie 111), Philippe de Coen et Benoît Louis (Compagnie Feria Musica), Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, Antoine Rigot (Les Colporteurs), James Thierrée, ainsi que la Compagnie CirkVOST.
Dans le prolongement de son appui à ces artistes, la Fondation apporte son soutien à la Maison de la danse à Lyon, au réseau Kadmos et au projet Numeridanse.

De plus dans "Couleurs épargne" le magazine de Cortal Consors BNP Paribas, de belles pointes en couleurs verte et beige illustrent les slogans "l'esprit pionnier" avec les rubriques "ça bouge", "techniques de placement", "innovation".....


Art de la scène

lundi 20 juin 2011

Joséphine Backer: la muse danse!

Cabaretiste célèbre des années 1925, militante, chanteuse et danseuse croquée par l'affichiste Paul Colin, voici Joséphine Baker avec ses "J'ai deux amours, mon pays et Paris"!!!


samedi 18 juin 2011

Damien Deroubaix: danse de mort et chaos rythmique! L'ange de la mort parmi nous!

Le plasticien lillois Damien Deroubaix (qui vit actuellement à Berlin), nominé au prix Marcel Duchamp 2010, nous arrive à Strasbourg, à la Chaufferie, galerie de l'école des arts décos.Avec une exposition singulière "Der Schlaf der Vernunft". Danses macabres, univers chaotique et apocalyptique font de cette événement, un rendez-vous de la culture underground, foisonnante et très référencée à l'iconographie classique.Culture Death metal en figure de proue, esthétique qui a le vent en poupe, tout cela contribue à voir, exposée dans tous les formats et sous diverses techniques, une œuvre forte et qui bouge!Rythmes rapides et saccadés, superposition de motifs, organisation chaotique de l'espace pour créer une atmosphère décalée et parfois morbide. La camarde veille, prend des ailes, survole son univers et scrute l'espace sous des aspects divers, dissimulés dans un graphisme sec et tonique. Univers grinçant, étincelant aussi dans la rudesse et la perfection des lignes empruntées à d'autres temps de l'histoire de l'art. Damien Deroubaix, entre tradition et contemporanéité, fait valser les critères et chemine sur des sentiers peuplés d'étranges personnages familiers, pourtant!
Du trait avant toute chose, de l'espace comme credo d'un certain flottement dans l'apesanteur, et une pointe de virulence, d'ironie et de détachement: quelle griffe acerbe pour faire danser la mort et ses élus, heureux!
"L'ange de la mort", une œuvre inspirée des danses macabres de Heidelberg en Allemagne et de ses musiciens, demeure une référence en terme de divagation et d'interprétation d'une ouvre du passé!
Prolongement, citations et élucubrations loufoques et ludiques, libre  parcours à partir d'une référence incontournable du genre, cette pièce est emblématique du travail de création de Damien Deroubaix: un esprit libre, une griffe singulière, un graveur hors pair dans l'espace de l'art contemporain actuel!




"The Prodigies": motion capture idéale!

Déjà les réalisateurs-chorégraphes et plasticiens, N+N Corsino s'étaient largement penchés sur le logiciel life form et la "motion capture" pour réaliser leurs films de fiction....("Captives"....) Aujourd'hui c'est Antoine Charreyron qui opère pour la réalisation du film français d'animation en 3D "The prodigies"!
Belle réussite technique où l'on sent les corps virtuels chuter comme au plus beau temps de Rudolf Laban ou Doris Humphrey....Avec grâce, détente, poids, appuis et autres fondamentaux de la danse contemporaine.


C'est donc un régal à ce niveau là, alors que le scénario et la violence faite à ces mêmes corps demeurent trop présents et assomment le spectateur! A quand une double intelligence de la virtuosité technique alliée à une narration décente et crédible au cinéma d'animation?

vendredi 17 juin 2011

Othoniel: danser sur les flots!

Jean Michel Othoniel est sculpteur, plasticien: un des meilleurs de l'écurie de la galerie Perrotin à Paris!
Sa barque récemment exposée à Beaubourg emportait les rêves dansants sur les flots bleus!

jeudi 16 juin 2011

"ORPHEE": Montalvo et Hervieu, au paradis et pas en enfer!


« ORPHEE »: L’enfance de l’art
José Montalvo et Dominique Hervieu, ex codirecteurs du Théâtre de Chaillot à Paris reprennent leur pièce de 2010 « Orphée ». Aux enfers ou au «paradis»? Ce « Paradis », titre d’un spectacle fétiche qu’ils avaient joyeusement exploré pour créer une œuvre ludique, très vidéographique, serait-il comme les prémices de cet « Orphée », sorte d’opéra singulier, prolongement de ce séjour au septième ciel ?
On peut s’interroger si l’on connait le talent de ces deux chorégraphes longtemps associés, aujourd’hui « séparés » par des fonctions institutionnelles importantes: elle est nommée à la direction de la Biennale de la Danse de Lyon, ainsi qu’à sa Maison de la Danse, lui est en standby et aspire à la direction d’un centre national de danse en France…
De ce « Paradis » créé en 1997 que reste-il sinon l’envie de visiter un mythe, celui d’Orphée à travers les partitions baroques de Monteverdi, Gluck et Phil Glass. Cette pièce semble clore un cycle de trente ans de création commune, après « Le rire de la lyre », entre autres, qui rendait un splendide hommage à l’instrument. La musique comme unificatrice, adoucissant les mœurs, réconciliant ce « babel » des hommes et des arts. Orphée c’est aussi un mythe, un personnage qui outrepasse ses limites et va chercher au-delà, le savoir, l’amour quitte à pécher, désobéir et transgresser les lois. On y retrouve l’alliance singulière des images virtuelles de corps dansant et d’animaux surdimensionnés qui viennent se catapulter aux danseurs et chanteurs bien vivants sur le plateau. Un délice qui brouille les pistes, déstabilise la lecture et l’appréciation de l’espace-temps. Hommage à la gloire et à la puissance du poète, autant qu’à ses limites. Loufoque et décalée, cette version enchante comme un conte de fées dans une narration entre théâtralité, roman-collage, séquences racontées et contribue à forger des petites réalités venues d’horizons donc très différents. C’est très punchy et pimenté, plein de rebondissements autant dans le geste dansé, précis et saccadé que dans le rythme et le timing de la pièce. Une petite bombe sans retardement qui explose joyeusement quand on met le feu aux poudres. La musique y contribue largement dans un « fatras » digne d’un Prévert ou d’un Queneau. Bigarrée aussi, la mise en scène agrémentée de la présence de chanteurs en live qui mettent du piquant dans la réalité tangible du spectacle. Orphée est bien un contemporain qui charme les animaux, un Orphée amoureux d’une Eurydice légendaire. La descente aux enfers, la réussite et l’échec fatal, la deuxième mort d’Eurydice : tout s’enchaîne dans un déroulement narratif accessible et bien illustré. La séquence où Orphée est littéralement déchiré par les bacchantes atteint le sommet du drame. Orphée est une interrogation, celle d’un jeune artiste à la quête du succès qui s’incarne alors et confère au mythe une puissance très contemporaine. On y retrouve la verve et l’imagination débordante du couple créateur, leur amour des différentes disciplines de la danse: baroque, hip-hop, flamenca, contemporain, capoeira…Cette « maison de tolérances » où tous se rencontrent et se côtoient pour livrer le meilleur d’eux-mêmes. Métissages en grandes pompes pour ces noces de la musique et de la danse, pour cet humour déflagrateur et cette disponibilité à tous les possibles.
Marquant une époque où la danse « danse » encore et pour toujours, sans se heurter à un discours intellectuel réducteur, l’œuvre de Montalvo-Hervieu enchante et transporte vers la jubilation, le divertissement et l’exploration d’un monde architecturé aux fondements mythiques ou légendaires. La gestuelle à quelque chose de mécanique ou de fluide selon les genres empruntés au vaste vocabulaire et glossaire de la Danse. Pas d’ostracisme ni de racolage disgracieux ou accrocheur. Leur langage est simple, dépouillé, et l’on devient friand de cette inventivité radicale. Un monde de légèreté et de plaisirs, une fresque baroque faite  d’influences dada ou surréalistes dans un dialogue exubérant entres des corps vivants électriques et des images virevoltantes qui se coursent sans fin. « L’air. L’air libre. Libre comme l’air » serait leur credo ! L’enfance de l’art en quelque sorte. Comme ces « rainures de parquet de leur chambre d’enfant où ils pouvaient voir surgir des forêts, des pampas, des hordes d’animaux, des paires de fesses euphorisantes »
Geneviève Charras
« Orphée » au Grand Théâtre à Luxembourg les 29 et 30 Juin à 20H

mercredi 15 juin 2011

Le chant de la machine: dance-floor!

David Blot et Mathias Cousin publient un ouvrage singulier sur l'histoire de la techno: une oeuvre graphique qui parcourt 50 ans de la culture musicale majeure du XXème siècle: les musiques électroniques!
Des mises en scène fantaisistes nous font entrevoir John Travolta par exemple, figure culte de la danse masculine de l'époque et la danse règne en maitresse tout le long de la BD. "Larry Levan et la Paradise Garage" fait danser des silhouettes de Keith Haring judicieusement...."Disco partout" est le plus beau chapitre du genre et ça bouge un maximum!!!! Superbe!

mardi 14 juin 2011

Kiss et Ice "Butterfly": danse de glace!

Une BD sur la danse de glace, pas mal illustrée par Marco et Claudia Forcelloni, intitulée "Butterfly" vient de sortir chez Vent d'Ouest. Entre entrainement et spectacle à la "Hollyday on Ice" le scénario revisite les clichés du genre: compétition, virtuosité, amitié partagée autour de la rigueur....C'est drôle et rondement mené!

Kung Fu Panda 2 : chorégraphies de combat

On retrouve le panda magnifique dans un film en 3D, réalisé par Jennifer Yuh: plus de combat, plus d'humour dans ce film d'animation où le héros Po, cherche l'attitude zen, le calme intérieur, face à la horde d'ennemis en tout genre!
Ces compagnons sont fidèles et son référent, le moine zen est un bijou de concentration, de gentillesse et lui enseigne les bonnes attitudes philosophiques du détachement et de l'accomplissement personnel.
Les combats à la Jackie Chan sont chorégraphiés par Rodolphe Guenoden et permettent des scènes dantesques et virtuoses d'affrontement, de "prises" corporelles virevoltantes avec quelques très beaux "ralentis" qui pèsent lourd dans le rythme général du film: une belle fiction où la 3D opère à merveille. Cascades grotesques, giboulées verbales, tempo et timing résonnent et martèlent les boites crâniennes à l'envi!
Courez-y!!!



lundi 13 juin 2011

Vache flamenca

Trouvée dans un vide grenier....
photo: robert becker

Anish Kapoor, Akram Khan et Juliette Binoche: "In- I"

Souvenez-vous du spectacle mis en lumière et en profondeur très plastique par le plasticien Anish Kapoor pour Akram Khan et la comédienne Juliette Binoche..C'était "In-I" .
Du très bel ouvrage de cet artiste indien qui met en scène actuellement au Grand Palais à Paris une œuvre in situ, grandiose et monumentale."Monumenta 2011" propose "Léviathan", une installation unique et éphémère où l'on retrouve cette poésie très profonde et colorée du sculpteur d'espace qui avait si bien su mettre en valeur la danse de Akram Khan. La scénographie y prenait toute sa dimension de perspective, en éprouvant la profondeur de champ et l'intensité de la matière lumineuse à l'impact très chaleureux, enrobant les corps et leur proposant un écrin auréolé de touches chatoyantes.

Thomas Lebrun à Tours: Illico, presto!

Notre petit biscuit "Le petit Lebrun"préféré de la danse et de l'humour, du détachement et de l'élégance dissimulée derrière un soupçon de kitsch, se place dans l'arène des CCN.... A Tours! Pas un tour de magie ni de passe-passe pour ce militant d'une autre danse sur d'autres chemins, qui nous revient cet été à Avignon à la Présence Pasteur pour solos et autres créations."Un danseur grassouillet" au régime de l'Institution, cela devrait être de l'art, du lard et plein de promesses et de générosité dans le projet de développement de ce genre de citadelle! On lui fait confiance pour jeter de l'huile bouillante des mâchicoulis!
L'itinéraire de ce danseur dans sa "constellation consternée" est bien singulier-pluriel!



dimanche 12 juin 2011

L'"Atelier du Sommelier" à Niederbronn: la ronde et la mélodie du bonheur

danseuse qui a de la bouteille

vin au verre

vodka pour danseuse à la "bar"

tire bouchon danseuse
Au piano et à la batterie, Frédéric Michel, un cuisinier très "zen" et plein d'astuces culinaires. Venu de Normandie, il en a rapporté des "couteaux" aiguisés pour mieux couper le brouillard Alsacien! En salle un as de l'accueil et un passionné de vin et de fromage, Stéphane Knecht!!! Le valet de cœur qui a plein d'atouts!
La ronde du berger (son plateau de fromages) fait de l'établissement un OVNI en Alsace tant le choix et les produits de chaque producteur en font un festival de goûts et de saveurs de terroirs. Et ce plat, l'as du "couteau", cette chair de coquillage qui nage dans une sauce à la normande, moussue et vaporeuse avec le filet de Saint Pierre, à vous couper le souffle! (et le brouillard). Les petits légumes sont présentés dans un berceau, la coquille du couteau et le caviar d'aubergine à la peau brûlée est un régal!
Un velouté de petits pois, une cannette fondante et un coulant au chocolat amer à fondre de plaisir...
Le vin, divin, au verre et passionnément choisi par notre sommelier qui semble danser de joie et jubile devant son tonneau (avec peintures imitation Waydelich) comme la voiture customisée par le vrai RE Waydelich ,achetée par le patron qui trône sur le parking.
Un coup de cœur pour cette automobile Austin mini, collector!
Que du bonheur dans ce restaurant des Vosges du Nord avec sa terrasse au dessus de Niederbronn.
A vos fourchettes! Et vous esquisserez quelques pas de danse après la légèreté d'un tel repas!
Un "vingt sur vingt" pour l'addition, allégée et digeste de surcroit!
Vin sur vin!
www.atelierdusommelier.com

de l'art et pas de cochon

"Sexe et violence" de Zezelj :graphisme dansant

Cette BD, illustration au graphisme noir et blanc très épuré, à la plume cinglante et précise, c'est de la danse!

pages 58 et 59, une réflexion sur "la pose" à partir de la statue "la petite danseuse de Degas" est édifiante: "prendre la pose, ça vous fiche en l'air la digestion, vous avez les pieds gelés" semble exprimer l'héroïne. On ne sait plus si c'est l'œuvre du musée qui murmure dans sa bulle ou la protagoniste de l'histoire qui susurre à l'image..."Être debout, là, sur la ligne d'or, ça fait mal à la nuque et dans les haches": les modèles qui posent semblent "souffrir": est-ce encore du mouvement? En tout cas, la plume de Zezelj Danijel, c'est un envol, un état de grâce dès la première de couverture qui représente une ballerine sur fond d'architecture et de lignes graphiques très tectoniques!
Lire également "Invitation à la danse" du même auteur!


mercredi 8 juin 2011

" Un baiser papillon": Nicolas Leriche à l'écran

Dans le film de Karine Silla Perez, la petite fille du couple dont il sera question dans le scénario est petit rat de l'opéra à Nanterre dans la belle architecture de Porzamparc. Son professeur de barre classique n'est autre que Nicolas Leriche. Hélas trop dans la peau du gentil professeur, dresseur de ballerines au cou tendu à l'autruche...On l'aurait préféré incarner un rôle qui ne fut pas le sien: là ou il excelle!!!!
La danse est ici facteur d'espoir puisque c'est ce que la petite offre de plus beau au regard de sa mère atteinte d'un cancer irréversible...Belle leçon de rigueur, d'amour et d'humilité!

Colloque "Rudolf Laban" à Strasbourg: la bande à Laban

Hommage au danseur chorégraphe: "Hier, aujourd'hui, demain:une éternité pour la danse"!
C'est au Conservatoire de Musique et de Danse de Strasbourg du 17 au 19 Juin prochain.
Sous la houlette de Jean-François Duroure, directeur du département danse ("Pudique acide" et "Extasis"  ça vous dit????) que vont se dérouler ces trois jours de réflexion, réhabilitation de Laban, bien connu pour ses notions fondamentales de "poids", "vitesse" et "direction" qui influencèrent tant la danse contemporaine!!!!
Programme chargé à consulter sur: www.conservatoire.strasbourg.eu
poids

direction

équilibre

vitesse

Carlson, Murobushi, Bartabas: le cheval de trois!

La rencontre de la danse et du cheval ne date pas de la nouvelle complicité de Bartabas avec les chorégraphes!
Déjà dans le vocabulaire même de la danse classique on trouve des "manèges", "galop", "assiette" et autre termes conjoints aux arts de la danse et de la cavalerie!
Pour Louis XIV, monter à cheval fait partie de l'éducation comme l'escrime, la danse et donc l'équitation
Alors voici Carolyn Carlson pour "We Were Horses" et Ko Murobushi pour "Le Centaure et l'Animal"engagés dans le corps à corps avec l'animal et la chevalerie!!!
Alors, à dada et bonne chevauchée!!!!

pony, le cheval qui danse

le galop du french cancan

jeudi 2 juin 2011

Garry Stewart : sacré sacre!


LE SACRE DU PRINTEMPS DE GARRY STEWART
L’image-mouvementée
Plutôt qu’une énième lecture, il préfère se poser la question de ce que signifie à présent ce chef-d’œuvre auquel on ne connait ni précédent ni héritage. D’emblée la révolution s’opère au gré de la partition de Stravinski : ce langage faussement rudimentaire donnant à l’auditeur l’impression qu’on veut le conduire dans une sorte de régression, retour vers un art brut, sauvage, prétendument simplifié-au prix de quelques complexités d’écriture !
Un immense écran vidéo reproduit en direct les mouvements des danseurs, tantôt épousant le flot et la fluidité des gestes, tantôt, démultipliant les postures pour en faire des tableaux à la Norman Mac Laren ou Busby Berkeley. L’image prends corps, sur dimensionnée et reflète les tonalités oranges des costumes des danseurs : vêtements sport à cagoule qui dissimule les visages. Hypnotiques, les icônes envahissent l’espace quasiment au détriment de la danse « live ».Et la magie opère durant les quarante minutes de la partition. Sans cesse le mouvement rebondit, s’enchaine, les images vidéo tournées et triturées en direct font kaléidoscope à la Nikolais ou Decouflé. Mélanges, mouvances, osmoses et déformations des corps dansants fusent et l’atmosphère tendue se propage dans l’espace scénique virtuel. Beaucoup d’audace et de risque pris en direct pour cette pièce hors du commun qui épouse à merveille la virtuosité de la musique. Garry Stewart est résolument iconoclaste en diable et conduit sa réflexion chorégraphique avec l’attention et l’adhésion totale du corps de ballet, aguerri et galvanisé par ses propositions décapantes. Les volutes, sinuosités graphiques des corps colorés à l’écran font leur cinéma plastique à merveille et inventent un langage esthétique de tout premier plan. Du « neuf » dans le domaine de la scénographie vidéo, en phase avec la danse !
Et dans cette tempête et tourmente, face à cette tornade jubilatoire, la danse excelle, rayonne en autant de jaillissements étincelants.Quel toupet !
« Trilogie russe » c’est de la déflagration, comme la révolution qui valut au pays à l’époque la venue des Ballets Russes de Serge de Diaghilev qui allait refondre la pensée et l’acte chorégraphique à partir de l’œuvre emblématique de Stravinski : le désormais éternel et fascinant « Sacre du Printemps » !
Geneviève Charras
« Trilogie Russe » à Strasbourg jusqu'au 8 JUIN