samedi 24 février 2018

"Sons off Sissy": du trad bien hard !


Simon Mayer, dès lors qu’il se penche sur les coutumes et les chorégraphies folkloriques, est expert en la matière.
Lui-même fils de paysans de Haute-Autriche, quelque part au fin fond de l’Autriche, il fait du folklore sa préoccupation principale. Avec sérieux et ironie décapante, il en déconstruit joyeusement les codes et les tabous.
Quatre hommes musclés et barbus se retrouvent sur la scène. Munis de deux violons, d’une contrebasse et d’un harmonica ils se mettent d’abord en musique, puis en mouvement. On les verrait presque sur la place du village, un dimanche après-midi. Mais lentement, le glacis de la musique joviale se fissure, la danse alpine se dérègle : les quatre Sons of Sissy exécutent le Schuhplattler, piétinent le sol, tantôt en ronde, tantôt à deux. Peu à peu, les codes des coutumes folkloriques volent en éclats. Désormais, ils tournent jusqu’au vertige, basculant ainsi du vocabulaire chorégraphique dans le rituel du mouvement. Une fois mis complètement à nu, les quatre hommes libèrent le folklore alpin de ses conventions et de son conservatisme et en révèlent les images de virilité.

A Offenbourg encore ce soir 20H 30
En coréalisation avec le Maillon

jeudi 22 février 2018

Fabrice Hyber danse !



"Par les routes": on the road again !


"Par les routes" est un poème routier. Un parcours à deux à travers une partie de l’hexagone. Rien ne relie ces deux personnages, homme et femme, si ce n’est cette seule information : ils viennent l’un et l’autre de perdre leur mère. Ils quittent l’Ile-de-France, prennent des autoroutes, traversent des forêts, campent sur des aires de pique-nique, déjeunent à l’hôtel et croisent un certain nombre de personnes qui sont elles aussi en « mal de mère ». La perte de la mère comme une convention du hasard serait le seul point d’aimantation de ces rencontres furtives.

Texte Noëlle Renaude
Mise en voix Grégoire Strecker
Avec Julien Ziegler, Nastassja Tanner
Événement dans le cadre de l'invitation faite à Théâtre Ouvert de venir se présenter au public strasbourgeois.
Théâtre Ouvert reçoit chaque année des centaines de manuscrits. Les membres du théâtre les lisent, en discutent lors de réunions mensuelles pour en sélectionner certains, en vue d’une publication dans la collection « Tapuscrit ». À travers quatre lectures, il nous propose de découvrir quatre auteurs dont les textes ont été sélectionnés et publiés par Théâtre Ouvert.

Un beau duo de stoppeurs sur le bord de la route, assis sur leur tabouret de fortune parmi reliques de victuailles et autres vestiges, reliefs de vie nomade. Deux personnages, monocordes, monotones qui parlent de "la mère", disparue, chérie, omniprésente qui hante ce texte, délivré en flux continu par l'un et l'autre. Ils sont jeunes, attendrissants, sur la route, "On the road again" pour un périple incertain: bougent-ils où restent ils devant chips et pizzas, sushis et autres nourriture banale, froide et molle?
Une heure durant, ils nous font face, déversent leurs litanies insipides comme leur nourriture: tout va de pair dans cet univers uniforme, lisse, sans espoir: l'énumération des enseignes qui les entourent, comme seule littérature de désespoir. C'est beau et touchant, juste et très prenant. L'empathie fonctionne au plus proche de ses deux corps. Routiers de fortune, vagabonds, sdf ou marginaux, que sont-ils que les enfants de notre société, perdus, abandonnés, voués à eux mêmes, seuls. Maman comme leitmotiv de survie.
Au TNS le 21 Février

"Poètes, vos papiers" ! Désordre public et mélancolie gracieuse.

"La Compagnie Théâtre Lumière  invite à découvrir la lecture-spectacle « Poète, vos papiers ! » d’après les textes des chansons de Léo Ferré, Mercredi 21 février 2018, 20h, au Café Brant à Strasbourg.

Pour son nouveau spectacle, la compagnie Théâtre Lumière s’est immergée dans l’œuvre de Léo Ferré. « Poète, vos papiers ! » offre une soirée en toute intimité avec l’essence même de l’artiste: son écriture, sa poésie, sa vision du monde, sa tendresse, ses blessures, sa fragilité, son humanité et sa jubilatoire et profonde croyance en l’Amour.

L’univers de Léo Ferré a toujours accompagné Christophe Feltz dans son parcours de comédien et de metteur en scène. Il fait partie de ces artistes (avec Boris Vian, Jacques Prévert, Serge Gainsbourg ou encore Raymond Devos) qui ont radicalement changé sa vie en lui donnant l’envie de découvrir le théâtre, la littérature, la poésie, la musique, le cinéma, la peinture et la création artistique dans toute sa multiplicité, son foisonnement et sa richesse.

Au cours de cette lecture spectacle, on  entend les textes (et parfois même des extraits de chansons) de ses « incontournables » devenus cultes tels que La vie d’artiste, Paname, Vingt ans, T’es rock, coco !, Jolie môme, Avec le temps… Mais on découvre aussi d’autres textes plus méconnus, de véritables petites perles rares et précieuses de ce grand poète qu’est Léo Ferré."


Et bien, à son pupitre voici Christophe Feltz, qui va nous déclaMer, les textes "nus" de Léo Férré: l'occasion d'écouter , de savourer la richesse littéraire de ses textes, sa gouaille, sa ferveur, sa nostalgie, sa soif de volupté, d'érotisme caché... Un inventaire bien pesé, bien choisi de chansons qui se se succèdent à l'envi. Bien entendu le célèbre "Poètes, vos papiers" qui révèle l'engagement politique, anarchiste et poétique de ce lion, crinière blanche au vent de la provocation.Irrévérencieux en diable !
"Est-ce ainsi que les hommes vivent?" pour nous rappeler Aragon et sa poétique engagée.Jolie déclamation pour "C'est le printemps", "T'es rock coco" pour un autre registre méconnu, "Les romantiques", "Chanson vulgaire". Et c'est "Jolie Môme" qui fait frissonner, même sans la musique...Feltz psalmodie avec délicatesse et respect, donne un rythme autonome aux paroles, aux mots du poète maudit, chantonne, entonne quelques notes pour y mettre son grain de sel!
Un "sprechgesang" bien à lui. C'est "extra" tout cela: on navigue dans les univers proches d'Apollinaire, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud...Les textes se succèdent sans interruption, on glisse de l'un à l'autre dans le trouble et la surprise, jouant à saute frontières sans le savoir. La surprise est grande de se retrouver de l'autre côté de la rive.
"Pour tout bagage, on a vingt ans", on divorce, on tressaille dans ces univers si humains, si brûlants de passion où l'on se consume.On brûle, se rassasie. Et le chimpanzé fait ses ravages.On triche, on se maquille, seul avec sa gueule, "Ni Dieu, ni maître" pour se diriger.
On critique Barclay, Europe 1, bien sûr, on satanise le tout et c'est "Beau Saxo" qui vient calmer la donne!
Surprise pour "Avec le temps" un duo en complicité avec Luc Schillinger, caché parmi les auditeurs. Beau couple, qui se répons d'une strophe à l'autre, dialogue fertile et jouissif pour un thème nostalgique et trop connu!
Franglais, désopilant pour "La langue française", truffée de gags linguistiques: je cause français, bien sûr, tout en anglicisme...
Et pour clore "Je vous aime d'amour" s'il fallait le rappeler!La mer, la marée de sentiments, de douleurs, de jouissance.
Les deux compères s'enfuient par la porte, jouent avec la vitrine du café Brant et disparaissent, fantômes de l'artiste maudit.
Vos papiers, s'il vous plait pour troubler ainsi l'ordre public!

Au café Brant ce mercredi 21 Février 2018

mercredi 21 février 2018

"(La Horde) To Da Bone": ameutée par youtube, une meute en alerte, en jumpstyle!


Danse dans les e-toiles...
Quand internet, poste sur les mobiles, une danse de smartphone et passe au plateau !

"(LA)HORDE réunit un trio de jeunes artistes rebelles travaillant au croisement de la danse et des arts visuels. Leur projet singulier, To Da Bone, s’intéresse aux danses dites « post-internet » à travers la pratique du Jumpstyle, danse issue de la subculture des musiques techno.
Depuis trente ans, le monde de la techno est associé à un foisonnement de pratiques culturelles et festives. Le collectif (LA)HORDE y puise l’originalité de sa démarche. Et si le trio ne renie pas ses convictions, l’adresse frontale n’est pas leur style. Dans To Da Bone, ils explorent le monde fascinant des vidéos de hardstyle postées sur Internet, en particulier le Jumpstyle: « En convoquant des interprètes issus de plusieurs pays, en soulignant l’émancipation qu’apporte Internet, en choisissant cette danse avec son histoire, tout le spectacle est forcément politique.» Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel refusent toute forme de hiérarchie, au sein de leur groupe comme sur scène. Mais depuis leurs débuts en 2011, convaincus que le corps est aujourd’hui impliqué différemment entre espaces réels et virtuels, ils interrogent la représentation, les corps et l’image." I.F.
T'Aka danser....
Ils entrent sur scène un par un, se positionnent, immobiles, en baskets et blousons customisés, comme des graffs ou bombages...Le groupe nous regarde, fait face, quelque peu menaçant. Puis le mouvement démarre, celui que l'on attend de découvrir, ce nouveau "hip-hop", cette nouvelle façon d'exister par la danse, apprise, découverte en ligne sur le net, puis reproduite à l'envi, seul dans sa chambre: danse de solitude, de passeurs d'identité, de technique pour déjà inscrire à l'échelle du patrimoine ou de l'archive, une "nouvelle née", la danse "jumpstyle"!
Les poings serrés, ce portrait de famille de départ, soude la "meute" et "la horde" peut déferler en mouvements inédits: spirales, tricotages volubiles des jambes, maille à l'endroit, maille à l'envers.Machine de guerre en marche, ils vocifèrent, poussent des cris de ralliements: à l'armée, comme à l'armée! Puis on rompt et se disperse, s'éparpille en autant de petites constellations qui tourbillonnent. Solos virtuoses, danse très sportive, technique où la dépense, la perte et le don sont de mise. Indispensable lien entre eux pour tenir en empathie, se soutenir les uns les autres: population singulière, teintée de codes et d'une écriture formelle. Battles, solos et démonstration d'un savoir danser inouï.
Comme un match de foot, une assemblée en marche. Ils sont menaçants, parlent dans leur langue maternelle en bord de plateau dans cet univers hostile. Comme un rituel, en ronde, ils esquissent des traces de danse "trad", enlacés, solidaires, portés par le rythme endiablé. Archéologie du mouvement, du futur de gestes inventés, fouillés dans les strates des muscles profonds.Acharnée, sur la défensive, cette danse de guerriers interroge, intrigue, comme un rituel chamanique où la dépense hypnotise et maintient en transe.  Terpsichore en baskets, puis en direct, filmée et reproduite sur écran géant par une caméra témoin: reportage sur l'histoire du jumpstyle: on aura tout compris une e-toile est née dans les lumières jaunes bordées de fumigène, des silhouettes s'adonnent au bonheur et plaisir de constituer un collectif dansant, fort et étrange machinerie, prête à broyer du geste, à digérer la rage et exprimer toute une gamme de dynamiques obsessionnelles. Jusqu'à l'os !
De la "danse savante"au cœur du plateau, hors toile d'internaute qui prend corps et graphie.

A Pôle Sud les 20 et 21 Février


lundi 19 février 2018

Barbies !




dimanche 18 février 2018

samedi 17 février 2018

Madame, Monsieur !



Jouets !





"Clarinet Story": quel souffle ! Fille de l'Air, Femme des Bois!




"Grande Histoire de la Clarinette" sous l'égide de Jean Marc Foltz au Consevatoire..
"Si la clarinette a séduit les grands compositeurs – Beethoven, Mozart, Schumann, Brahms, Weber, Rossini, Stravinsky, Debussy, Gershwin, Copland, Messiaen… et inspiré autant la création contemporaine, c’est parce qu’elle a su nourrir son goût de l’aventure.
Au détour de traditions et de répertoires diversifés, aux quatre coins de la planète, les “sonneurs” de clarinette en tous genres en ont fait un instrument populaire.
Le jazz, musique de rencontre et d’invention, lui offre depuis plus d’un siècle un champ d’expression libre; Sidney Bechet, Jimmy Noone, Benny Goodman, Artie Shaw, Buddy de Franco, Eric Dolphy, Jimmy Giuffre… se sont succédé en maîtres incontestés du “blackstick”, soufflant leurs langages outre-atlantique jusqu’à nos oreilles en passant par celles de Louis Sclavis et de quelques autres… précédés de l’élégant Michel Portal, pionnier de la création et de la synthèse entre les styles.
Entre pratiques amateurs et mélomanes fondées sur le plaisir et pratiques professionnelles mûes par un désir d’explorer et d’approfondir sans cesse, nous encourageons les jeunes générations à poursuivre le périple. C’est là le sens véritable de la dynamique de projets portée depuis vingt cinq ans au Conservatoire de Strasbourg par l’équipe des professeurs de clarinette.
Après avoir déjà interprété en grande formation Ketchak de Sylvain Kassap et organisé deux Marathons dans le cadre du Téléthon, la classe de clarinette du Conservatoire et de l’Académie supérieure de musique / HEAR de Strasbourg convie Laurent Dehors à une nouvelle création d’envergure* célèbrant le plaisir des retrouvailles et le goût de toutes les musiques vivantes en scène. L’aventure continue…"

Un grand concert de clôture, vendredi 16 février à 20h, a accueilli, en première partie, le célèbre trio Angster, Kassap et Foltz en compagnie de Laurent Dehors qui ont proposé une exploration-expérimentation des différentes facettes de la clarinette, confrontant musiques savantes aux musiques populaires avec le sens du spectacle propre à ces instrumentistes hors norme. La seconde partie a rassemblé élèves et enseignants pour donner à entendre la variété des styles, instruments et compositions de l’instrument dans le cadre d’une Petite histoire de la clarinette, composition commandée à Laurent Dehors, proposée en première mondiale à cette occasion par une soixantaine de clarinettistes.

Un public dense, nombreux pour ce concert de "clôture" qui va s'ouvrir par une prestation des "grands", instrumentistes et enseignants de cette "clarinette" aux formes multiples: de la plus "petite" à la plus "basse", au squelette de colonne vertébrale argentée, truffée de samares, ces petites capsules-arrêtes volantes, graines du hêtre, qui tourbillonnent au vent à l'automne....C'est "Multiples" de Armand Angster qui ouvre la session: sirènes en canon, graves, douceur et fermeté du rythme en cascades contagieuses, étirement du souffle, vrombissement des instruments en écho, vibrations... Du bel ouvrage pour ce tapis sonore bigarré, petite démonstration s'il fallait, que l'instrument est riche et capable de tout si l'inventivité du compositeur veut bien faire vibrer et articuler son exosquelette aux épines argentées.... Dans un joyeux capharnaüm, chaos dissonant, coloré, vivant avec pour acmé, un charivari florissant! De noir, blanc, rouge vêtus nos quatre Daltons, à l'origine trio de Pieds nickelés transformés en "quatre garçons dans le vent" se rient des difficultés et font preuve de distanciation et modestie!
Suit une composition de Kassap pour quatre crinières, musiciens perruqués, carnavalesque prestation comme un chant tenu dans le vent, charmeurs de serpents, enjôleurs renvoyant à des mélodies lointaines: souffle des vents, brise légère, un solo bordé par les autres, des sons stridents, dérangeants, le tout bien contrasté pour rester en alerte, en éveil.Un "rentre dedans" salvateur!
Picasso:mandoline et clarinette

C'est au tour de J.M. Foltz de livrer sa partition spéciale "clarinette", un quatuor "For quatre jobs": caresses suaves, grondements, gestuelle des bras annonciateurs du rythme.
Claquements de doigts, cris, percussions , parlophones, tout y est passé au crible en ce qui concerne les possibilités acoustiques, extra-ordinaires des clarinettes. Comme une causerie, un chahut ou charivari acoustique, générateur d'humour des notes, burlesque jeu ludique , disputes et rabibochage pour deux couples en garde alternée!
Quelques grondements menaçants, et tout rentre dans le désordre organisé
Encore un petit "Dehors" pour rentrer dedans, c'est "Abop" ou "Bon courage ou encore merci", composition pour quatuor et huit étudiants, gaie, relevée, colorée: claquements de mains en sus pour palier à la carence de percussions: un "unsquare dance" jazzy et fort réjouissant. Notre homme orchestre, compositeur et Monsieur Loyal de la soirée, s'en donne à coeur joie et cabotine, communicatif animateur: on y fait des fausses ovations, on "pêche" par défaut pour donner la banane ou la frite à cette soirée festive et inventive.
Et Mozart de faire son apparition, lumineux, joyeux, inspiré et si bien vécu par nos musiciens, bien dans leurs baskets colorées, bigarrées pour l'occasion.Quasi "piu non si trovano" aux accents libres et réjouissants.
Steve Reich ne pouvait se soustraire à ce bel inventaire à la Prévert avec "New York Conterpoint", pour clarinettes seules.Musique sautillante, à cloche pieds, multidirectionnelle qui eut enchantée A.T. De Keersmaeker, virevoltante chorégraphe, hypnotisée par la transe de cette musique fascinante, médusante, aux entrelacs si complexes...

Clou du spectacle, tant attendu, "Petite histoire de la clarinette" de Laurent Dehors: un must , une "histoire de la danse à ma façon" de Dominique Boivin, ou "Histoire spirituelle de la danse" de David Wahl...Un genre nouveau, entre démonstration, causerie, digression sur l'art et la manière de traiter les corps, les instruments. Pédagogie active et innovante, participative et ludique, aux accents graves et profonds au delà de la surface, superficie de la peau du monde.Un petit "bis", "Disco" pour abreuver la "fièvre du samedi soir" et la boucle est bouclée!
Chapeau, les artistes pour cet exercice périlleux, pas toujours abouti, mais dense et généreux! "Instrument à vent de la famille des bois" et ramène ta fraise, fille de l'air, femme des bois, clarinette longue et esthétiquement parfaite, intrigante dame noble et belle, en habits étincelant.
Un instrument à honorer en citations, reprises, inventions multiples, sonorités inédites et inouïes pour un "ensemble" gigantesque à la démesure de ce beau projet fédérateur.Petits et grands confondus, enseignants, virtuoses ou néophytes, tous en habit de "clarinette" pour fêter l'avènement , la consécration de cette belle architecture sonore, anatomiquement parlant si digne d'une sculpture de Jan Fabre, vertébrée, disséquée ici pour l'occasion en instrument chirurgical étonnant!
Jan Fabre

Une "conférence jouée, "lect dem à la Nikolais, joyeuse accumulation, empilement et profusion de propositions à fouiller encore pour faire éclore la fine fleur de la clarinette, qui ne dévoilera pas encore tout de suite toutes ses possibilités!
Une soirée mémorable, orchestrée par Jazzdor et la HEAR, le Conservatoire et toutes ses forces vives!
"Dehors, la danse" disait Jean Luc Nancy, (à propos de Mathilde Monnier et "Allitérations") mais surtout ne lui rentrer pas dedans!
Joli hommage à la Reine des Vents !
Franck Tordjmann à la César !
Arlequin à la clarinette Lipchitz


  

jeudi 15 février 2018

"La Fusillade sur une plage d'Allemagne": la fosse, boite de Pandore, faille de l'existence.


Texte Simon Diard - Mise en scène et scénographie Marc Lainé - Avec Ulysse Bosshard, Cécile Fisera, Jonathan Genet, Mathieu Genet, Olivier Werner. 

Dans une forêt, au bord d’une fosse fraîchement creusée, un petit groupe raconte l’histoire d’une famille sur une plage d’Allemagne : un père se réveille d’un cauchemar où il tuait sa femme et ses enfants. Son fils se retrouve seul en mer dans un canot, cherchant du regard son frère. Un jeune homme mystérieux - est-il dangereux ? - apparaît dans le récit. Qui sont ces narrateurs ? Leurs récits sont-ils souvenirs ou pure fiction ? Et qu’y a-t-il dans la fosse ? Le metteur en scène Marc Lainé nous plonge dans le procédé immersif imaginé par l’auteur contemporain Simon Diard, interrogeant notre rapport intime à la violence.
"Cette pièce est un piège, un labyrinthe d'histoires à traverser": donner à voir le texte, planter une scénographie de l'urgence (dix jours de travail), minimale avec des moyens du "bord" et voici le "Théâtre ouvert" en phase avec le texte de Simon Diard mis en espace, mis en chair par Marc Lainé.
Ils sont cinq personnages qui nous attendent sur le plateau, fixes, médusés, impassibles, immobiles avant la tempête.
Feux éteints, tout s'anime sur fond de décor vidéo: une forêt de pins près de la plage, et les protagonistes autour d'une tombe, trou béant, excavation contenant on ne sait quoi encore. Concentrés, ils semblent prier, se recueillir. On peut tout extrapoler...L'atmosphère est tendue, chacun pose son micro-récit, quatre hommes, une femme, jeunes, décontractés en habit banalisé. Rien à soupçonner, pas de doute, sur cette plage fictive dont on entendra que le souffle d'un vent inquiétant et persistant. En bord de plateau, les comédiens se rapprochent, nous touchent du regard, nous interpellent par cette proximité de la parole qui se déverse: tantôt violente, tantôt infime. Alors que plus tard, des images d'une caméra filmées en  direct nous rendent encore plus prégnant le récit de chacun, à travers les expressions des visages grossis, surdimensionnés; mystère de la situation, énigme des propos, on est dans une fusillade, une narration ténue des faits, sans excès de salves, de bruits ou de fureur guerrière, vindicative ou assassine.
Et pourtant, la tombe est bien là, réceptacle des corps, fosse commune d'où sortira le tireur.Guerres, attentats, massacres au poing, le récit de la première partie interroge la violence, le terrorisme en de multiples pistes où l'on s'égare.Personne ici n'est antipathique ni repoussant et ne porte la responsabilité des crimes. Récit lisse et parfois fade, sans passion débordante. Indifférence, nonchalance...Désinvolture du metteur en espace qui ne souhaite pas trahir une certaine distanciation....Tout bascule dans la seconde partie, où les images projetées seraient butin d'une caméra de surveillance ou tout simplement l'effet loupe sur les situations. Ca bouge au creux du tombeau, ça "tombe" bien pour nous impliquer au cœur de la terre, de la chair.Un trou, une béance, une faille ou brèche d'où vont émerger corps et textes pour évoquer le pire, enfouir ou exhumer la terreur. Cimetière en réduction, cérémonie de deuil ?
Alors que tout se clôt toujours dans l'interrogation: on se représente le tueur, ou le corps du jeune homme sans savoir, on reste dans le questionnement des événements sur cette plage, lieu improbable, incongru du massacre. Trouble, menace, épée de Damoclès suspendue au dessus de nos destins, cette pièce, courte et "coup de poing", interprétée finement, avec justesse et équilibre par les cinq comédiens, sur le fil de la déraison, se révèle poignante.
Quand ce monticule de terre battue, évoque la mort, l'enfouissement, l'enterrement à ciel ouvert, tout est permis au "Théâtre Ouvert" qui nous livre ici un récit touchant: celui de ces "balles perdues" d'un attentat où les victimes sont visées et malgré elles embarquées dans un processus de mort, de destruction, de chantier ouvert.
Tombe, chute, horizontalité des vies détruites, décimées..?
Et on devance l'actualité la rendant urgente, à traiter d'une façon originale et déstabilisante. Une réalisation singulière dont la caractère dérangeant soulève moulte questions sur la mise en forme de la violence et du politique.

Au TNS jusqu'au 23 Février


mercredi 14 février 2018

"CRIIIIC": Bout' d'Homme boude la tête dans les étoiles! Très bien, très "mâle" !


"Le premier est chorégraphe. Avec le second, Emmanuel De Lattre, conteur, ils se sont penchés sur les histoires que racontent les enfants. Ils en sont revenus avec un spectacle à la dimension du jeune public : on y parle et on y danse avec toute la fantaisie de leur imagination débridée. 
CRIIIIC ! est une habile transposition sur scène des ateliers chorégraphiques et d’écriture menés auprès de classes primaires à Roubaix où est installée la compagnie de Brahim Bouchelaghem. Le chorégraphe, aujourd’hui l’une des figures les plus dynamiques du hip-hop français et le conteur Emmanuel De Lattre se sont emparés de récits inventés par les enfants dans ce cadre. Avec des personnages improbables comme Alhous le tourbillon, Jules le mystérieux, Mams le robot et Mousstik le magicien virtuose, les interprètes mènent rondement le spectacle au rythme de danses virtuoses. A voir autant qu’à écouter, CRIIIIC ! déroule une véritable farandole d’histoires. Celles de différents bouts d’hommes qui restant enfants de pères en fils, passent toute leur vie au même âge, sept ans. A l’écart du temps qui passe, ils sont toujours en quête d’identité et de devenir." I.F.

Et tous différents, ils apparaissent autour de males, quatre boites magiques renfermant leurs trésors intimes, leurs amitiés, leurs imaginaires.
De l'école du cirque où le père enseigne au fils, les fils des mouvements de magie, au hip hoper virtuose, on se ballade avec joie et enthousiasme dans le monde de ces cinq copains de toujours. Leur physique est de bon aloi, très banal, de tous les jours, de tous les gabarits!
Beaucoup de poésie dans ce spectacle labellisé "jeune public" de 7 à 7 ans comme notre héros qui ne veut pas grandir.
Grandir, la tête dans les étoiles, au firmament de la vie dans la constellation des autres, avec eux!
Grandir en se chamaillant, en faisant le clown Chocolat, en motard ou en "soi" même!Tous en couleurs, tous en joie et à l'écoute de leur prochain.Un conte d'aujourd'hui, sans mensonge ni extrapolations invraisemblables: une histoire simple de gaillard complices, langage du corps comme vecteur d'énergie et de partage: la danse, une fois de plus, rassemble, unit fédère et aime ceux qu'elle anime! Qui le rendent largement à la petite communauté sur le plateau, qui s'émerveille des contenus de ces malles magiques: cinq "mâles" , malotrus sympathiques et réjouissants.
Bel enseignement pour ces cinq proffeseurs de vie et de mouvement: ça bouge, ça frétille dans tous les genres et ça enchante les enfants réunis ce matin là à Pôle Sud, nombreux, enthousiastes et partie prenante!
A Pole Sud jusqu'au 14 Février

La danse s'affiche ! !






lundi 12 février 2018

Cristallines !



Mobiles !





dimanche 11 février 2018

En bal, et vous !





Tuche dance: Dora, Dora !